Tu ne savais pas vraiment pourquoi mais voir le prénom de Dario apparaitre sur ton écran de téléphone t'avait sourire. Ses dernières années, tu avais perdu l'habitude de voir ce nom apparaitre régulièrement et même si tu voulais laisser ses années de côté, ton sourire en voyant son prénom en disait long. Il te proposait de le rejoindre chez lui, le temps d'un repas et évidemment, tu ne pouvais qu'accepter l'idée de le revoir. Vous aviez du temps à rattraper tout les deux, de longues années même si la dernière fois, tu avais eu le sentiment de lui avoir dit tout ce qu'il avait pu manqué. Ta vie n'avait rien de bien passionnante, tu avais presque trente ans, tu étais toujours célibataire et tu vivais dans le même studio depuis ton retour en ville. Autant dire que tu n'avais pas fait grand chose de ta vie et en même temps, tu avais déjà vécu tellement de chose c'était étrange. L'appel de Dario te remplissait de joie et il était presque évident que tu allais lui dire oui, tu ne voudrais pas rater une telle occasion. Mais tu ne pouvais pas te retenir de te demander si cette invitation était innocente ? Il y a quelques jours, ta mère t'avait envoyé un message pour te dire que Soraya était en ville, sans plus de détails, juste un simple "salut, tout va toujours bien ? Il me semble que Soraya est à Melbourne". Evidemment, tu avais demandé des détails et il était presque autant évident que tu n'avais pas reçu la moindre réponse. Mais bon, tu savais qu'au moins, ils avaient survécu à ce fameux virus qui traumatise le monde. Est-ce qu'il avait reçu le même message ? Est-ce qu'il le savait pour votre cadette ? Ou alors, c'était en lien avec sa copine ? Tu espérais que tout allait bien entre eux mais il t'avait parlé du mal du pays de la demoiselle ? C'est une bouteille dans les mains que tu arrives chez ton frère. « Dario ? » Tu suis le son de la voix et tu le retrouves assez rapidement. Il est là, tout sourire, beau, heureux et tu ne peux que sourire en le voyant. « Pourquoi pas, je serais curieuse de tester la différence avec les notres » Tu lui souriais tout en prenant la bière qu'il te tendait. « Alor, dis-moi, comment vas-tu depuis la dernière fois ? »

Tu avais du mal à savoir si ce qui était étrange c'était le fait que Dario soit en ville ou au contraire, le fait qu'une partie de toi ne trouve pas votre relation étrange. Parce qu'elle l'était, vous étiez comme si la séparation n'avait jamais eu lieu alors que huit années c'était écoulés. Quand il te demandais si tu voulais boire une bière qu'il avait ramené de France, tu avais accepté plus par curiosité que par amour pour cette boisson, en réalité, tu bois très peu. Depuis toujours l'alcool n'est pas vraiment ton ami, enfin depuis que tu as découvert que tu avais l'alcool triste et puis la gueule de bois, merci bien. Mais là, ce n'était qu'une bière, qu'un petit écart. « Très bien aussi, merci et oui, ils m'épuisent, je pense qu'il commence à avoir besoin de vacances, l'air de rien c'est difficile le rythme scolaire quand on est encore tout petit. » Même si pour le moment, les exercices ressemblaient à des jeux la plupart du temps, un enfant ne reste jamais concentré bien longtemps. Il se lasse rapidement et ils ont besoin de nouveautés même si il faut en même temps garder certaines habitudes qui les réconfortent. « Wahoo, la France t'a fait du bien, tu sais mettre la table maintenant » Tu te moquait tranquillement du garçonnet qui se cachait à l'heure de mettre la table. Il faut dire que cela n'avait rien d'amusant. Tu souriais à sa remarque, tu te sentais tellement coupable de ce temps perdue. Il n'était pas en ville, certes, mais tu aurais du le chercher au lieu d'attendre simplement le jour où il reviendrait. D'ailleurs en parlant de retour, tu ignorais si il était au courant pour votre cadette. « D'ailleurs, je ne sais pas si tu as eu des nouvelles de papa et maman mais ils sont vivants ! Et ils m'ont dit que Soraya était en ville depuis quelques jours. »

« Oh que oui, je crois que pour une fois j'en ai besoin aussi » Tu souriais à ton frère, tu n'avais pas pour habitude de te plaindre mais entre le retour de Soraya en ville et de Jayden aussi, tu avais besoin d'une pause. Besoin de te retrouver avec toi-même pour réfléchir, pour te recentrer et pour définitivement oublié ce passé et ses erreurs. Mais il était fort probable que tes parents n'est rien dit sur la présence de Soraya en ville et puis Jayden, personne ne pourrait deviner que ton fantome du passé est de retour. Personne ne pourrait deviner que tu n'es pas si indifférente que tu voudrais l'être face à lui. Ton frère te taquine, mais tu l'as bien chercher, c'est même toi qui a commencé en te moquant gentillement de lui. Mais ce n'était pas totalement faux, tu te souvenais de ses repas où tes cadets disparaissaient comme par magie au moment de mettre la table et avaient une envie pressante aux moment de tout rangé. « Enfin j'espère que tu as résolu ton soucis de vessie » Tu lui fais un clin d'oeil en te demandant si il se souvient de cette vieille technique d'enfant. Puis tu lui parlais de Soraya, de sa présence en ville parce que si il n'était pas au courant, contrairement à tes parents, tu estimais qu'il avait le droit de le savoir. « Si mais d'après maman, elle a besoin d'une pause » Tu hausses les épaules. « Elle n'a pas su m'en dire plus » Ou elle ne voulait pas, tu n'en sais rien. Tout ce que tu sais c'est que Soraya est en ville et même cette information, tu ne sais pas vraiment pourquoi elle te l'a dit. « J'espère que ce n'est rien de grave, juste une lubie de Walker » Il y avait des centaines de raisons pour arrêter ses études et tu espérais que ce soit un coup de folie qui caractèrise votre famille bien plus qu'un soucis de santé ou autre chose de grave.

Tu devais te rendre à l'évidence, tes frères n'étaient plus du tout les petits garçons que tu avais abandonnés il y a quelques années. C'était devenu des hommes, et Dario était un homme responsable en plus de cela. Même si en réalité, tu n'en doutais pas. Il avait toujours eu le coeur sur la main et cette sensibilité qu'en général les hommes n'assument pas. Mais tu restais amusé par la situation et comme toujours, tu n'allais pas manquer de lui rappeler l'enfant qu'il était. En général, c'était le rôle des parents mais tu ignorais même si les votre remarquaient ce genre de petits manèges dont tu étais la victime. « Je suis d'accord avec toi, tant qu'elle est heureuse, ça me convient et puis même si ça ne me convenait pas, je n'ai pas vraiment mon mot à dire. J'espère seulement avoir l'occaion de lui parler. » Vous n'étiez que deux filles dans la fratrie et malgré votre différence d'âge, elle avait été ta petite poupée, celle qu'on surprotège. Mais tu sais que tout comme Dario ou Lewis tu l'as abandonné. Tu devines que vos parents n'ont jamais dit la véritable raison alors tu crains que sa haine prenne le dessus. Parce qu'après tout, tu n'es qu'un vague souvenir de son enfance. Mais la suite de la phrase de Dario t'avait interpellé, il avait quelque chose à t'annoncer et tu étais vraiment curieuse de savoir ce que cela pouvait bien être. Il semblait assez stressé, ce qui te surprenait de lui. « Je t'écoute » Tu lui souriais. Il t'avait paru relativement calme depuis vos retrouvailles et bien évidemment, tu étais loin de deviner la bonne nouvelle. Non, toi, tu le voyais plus t'annoncer un nouveau voyage d'un morceau d'amour.

« J'espère que tu as raison, mais quand je suis partie elle était si petite. Regarde-nous, il a fallu huit ans pour qu'on se revoie et que je découvre qu'une fois de plus Papa et Maman n'ont pas pris la peine de te raconter vraiment pourquoi j'étais parti. Je me dis que c'est peut-être pareil avec elle, Sean et moi sommes partis puis Lewis et toi, elle a été très vite seule. J'espère qu'elle ne nous en tiendra pas rigueur. » Tu étais sincère avec Dario, tu pouvais te le permettre parce qu'il savait exactement tout ce que tu avais vécu, la manière dont vos parents l'avaient gérés, la manière qu'ils ont d'être en général. Alors si quelqu'un pouvait comprendre tes craintes c'était lui. Si quelqu'un pouvait également comprendre le sentiment d'abandon de Soraya, c'était peut-être lui aussi. Alors que la discussion semblait nostalgique, Dario avait remis une pointe de suspense dans tout cela, il avait une annonce à te faire et tu étais très curieuse de découvrir ce qu'il te cachait. Tu l'observais, une enveloppe à la main, avant qu'il ne te tende trois petites photos et que tu comprennes. Photos était le mauvais mot, c'était plutôt des échographies. La surprise pouvait se lire sur ton visage, tout comme la joie. « Oh mon dieu, mais c'est géniale » D'ailleurs, tu n'avais pas tardé à le prendre dans tes bras pour lui montra ta joie. « Il va vraiment falloir que tu me présentes sa maman, hein ? » Tu te reculais, fière, vraiment très fière de ton petit frère. « Je suis fier de toi, Dario, et je suis certaine que tu vas être un papa génial. »

« Je sais bien que ce n'était pas mon rôle mais je m'en veux. Et je me dis que cette manie de ne rien dire n'a fait qu'empirer les choses entre nous tous. » Tu avais un rôle dans la vie de tes cadets qui n'étaient pas le tien. Un role que personne ne t'avait demandé de prendre d'ailleurs, cela c'était fait naturellement, petit à petit quand Sean et toi regardiez les mines tristes de vos cadets quand les parents disaient ne pas pouvoir venir à un spectacle. Alors, oui, au fond, c'était bien plus leurs fautes que la tienne pour Soraya mais Dario te connaissais assez pour savoir que tu allais prendre sur toi cette situation, que tu allais culpabilisé de ne pas avoir été là pour elle, bien plus que vos parents pour leurs comportements enfantin. L'ambiance avait tout de suite pris un nouveau tournant avec l'annonce de ton petit frère, tu étais tellement fière de lui, tellement fière de celui qu'il était et du papa qu'il allait devenir. Tu savais que tout n'était pas rose financièrement, que tout ne saurait pas facile non plus avec les hormones de madame mais tu le sentais prêt à affronter tout cela. « Je ne t'avais dit que ce n'était pas ça, bon je n'aurais pas pu deviner la réalité mais c'est géniale, je suis très heureuse pour vous » Tes mots étaient sincère et tu avais vraiment hâte de rencontrer la future maman pour apprendre à la connaitre mais aussi pour qu'elle sache qu'ils n'étaient pas seuls. Que si il avait besoin de quoique ce soit, tu étais là. « Nos parents ? » Tu étais surprise, si il y avait bien des gens qui se moquaient de tout c'était bien eux alors l'idée que Dario devienne papa et se marie, sauf dire que les deux ne doivent pas forcément être lié, tu ne vois pas trop ce qu'il pourrait dire. Ils n'ont jamais été très difficile mais il est vrai qu'à cet instant, tu ne penses pas aux circonstances qui les ont conduit dans cette ville.

« Sean est compliqué, il s'est toujours mis beaucoup trop de pression pour tout et je dois bien avouer que mon accident ne l'a pas aidé. » Tu étais convaincu de ce que tu disais, il était celui qui avait eu le moins de soutien, celui qui c'était toujours occupé des autres même de toi. Et il en avait probablement plus souffert qu'il voudrait bien l'admettre. Au lieu d'être le grand frère qui donne des conseils, il avait dû être le grand-frère qui gronde pour que les limites soit respectés et au fond de toi, tu te disais qu'il avait du en souffrir. Mais tu avais beaucoup d'espoir sur vos enfants, il était évident que vous alliez faire mieux que vos parents. Dans ton esprit il était difficile de faire pire et puis, Dario devait bien savoir que ce bébé aurait des tontons et une tata prête à tout pour lui. « Parce que tu es un voyageur, tu aimes découvrir le monde et avec un bébé, ça devient vite plus compliqué » Tu lui souriais, évidemment ce n'était qu'une supposition, tu ne connaissais pas la demoiselle, ni les détails de leurs vies, juste ce que Dario t'avait raconté.« Je ne dirais pas stupide, je suis surprise parce qu'ils sont ce qu'ils sont mais si je devais être sincère avec toi, je pense que je réagirais pareil que toi. La plus belle chose qu'une vie puisse offrir, j'espère qu'ils s'en rendront compte » Tu avais surtout peur qu'une fois de plus, leur ignorance ne blesse. Dario était celui qui t'avait toujours semblé être le plus fragile, surement à tort mais de ce fait, tu voulais toujours le protéger un peu plus que les autres. Quoiqu'il en soit, tu étais vraiment très heureuse pour lui. « Comment se sent la future maman ? Elle est enceinte de combien ? » L'avalanche de questions étaient comme une évidence, tu voulais tout savoir maintenant et tu comptais bien être dans la vie de ce bébé.

« Probablement, en fait, on en a jamais vraiment parlé » Pourtant, vous étiez capable de parler de tout mais ce passage de ta vie, c'était compliqué. C'était une blessure moins bien cicatrisé que tu le laissais croire et une défaite pour ton grand frère qu'il n'assumait pas non plus alors au fond, ne pas en parler, ça arrangeait tout le monde. « C'est toutes les galères que je vous souhaite » Tu n'es pas une voyageuse comme les autres membres de la famille Walker alors l'idée de voyager avec un bébé te semble folle mais tu sais qu'il a probablement raison. Beaucoup de personnes le font alors pourquoi pas eux ? « Personne ne résiste à une bouille de bébén j'espère juste pour lui qu'il n'hériteras pas de cette chevelure » Tu riais légèrement, tu voulais le rassurer. Quand on y pense c'est assez étrange mais tu fais partie de ses gens qui ne savent pas quoi faire d'un bébé; Attention, tu les adores et tu trouves clairement que c'est le seul moment dans la vie où on a envie de croquer des petits pieds mais tu ne sais jamais quoi faire avec eux. Il faut dire que l'activité d'un bébé est assez limité alors tu es bien plus à l'aise avec un jeune enfant. Les échanges sont toujours intéressant, ils ont une vision du monde qui te plait. Pourtant, tu es impatiente de rencontrer le bébé de ton frère, contente de pouvoir être à ses côtés dans ce genre de moment que tu juges important. Et tu espères sincèrement qu'une fois dans leurs vies tes parents seront d'accord avec toi. Parce que tu sens que Dario à besoin d'eux dans cette étape. « Je l'espère pour vous et, si tu as besoin de quoique ce soit, n'oublie pas que tu n'es pas tout seul, hein ? » Il était en ville à présent, il n'était pas seul et tu devinais que l'arrivée d'un bébé pouvait demander beaucoup de travail mais aussi du soutien que tu étais prête à leur apporter.