La foire ça a toujours été quelque chose que tu aimes. C'est là que tu as la majeure partie de tes bons souvenirs. Même ceux avec tes parents, tes lâcheurs de parents. C'est surtout le lieu où tu as pu profiter de moments exceptionnels avec tes sœurs et tes frères. Quelque chose que tu n'arriveras jamais à ôter de ta mémoire, un souvenir qui ne sera jamais terni par l'absence de moyens pour faire tous les manèges. En fait, ta mémoire est suffisamment sélective pour que ce ne soit pas l'argent qui reste la raison de cet empêchement mais plus le temps ou encore la peur. Ce n'est pas ce que tu gagnes qui te fera tester les manèges les plus chers, tu as bien conscience de l'épaisseur de ton porte monnaie, mais tu es plus autonome qu'avant et tu sais que tu pourras peut-être tester un ou deux manèges de plus qu'avant. Et, comme il est coutume, c'est avec ton frère et ta sœur que tu y vas. Il t'ont donné rendez-vous à un point stratégique, auquel tu ne tardes pas à les apercevoir. C'est tout sourire que tu sautilles vers eux, tel le pitre que tu as toujours été. Tu te languis déjà de pouvoir les maltraiter dans les auto tamponneuses. Tu prends cher dans ce manège toi aussi, mais tu donnes plus que ce que tu prends. Bonjour les enfants ! L'ironie ? C'est toi le plus jeune des trois Walker présents.

L'ambiance, tout ça, c'est ce qui te pousse à être toujours présent, même quand tes finances ne sont pas au beau fixe. Après avoir salué ton frère et ta soeur, tu tire la langue à cette dernière. Bien sûr que non c'est pas l'odeur des crêpes qui t'a fait arriver à temps... Ce sont les crêpes ET la barbe à papa. Et puis c'est à Dario que tu tires la langues. Même s'il faut dire que son imitation de ton estomac est plutôt correcte et impressionnante. Non, c'est pas que ça. Je viens aussi à l'heure pour les sucreries. Avant que vous les finissiez. Avec ton air boudeur d'un enfant de cinq ans, personne n'aurait deviné que tu en avais dix-neuf de plus. La fête foraine a toujours eu ce don en toi de faire ressortir ton côté enfantin et innocent. Si tant est que tu as déjà été innocent dans ta vie. Dario a le don de t'agacer et de t'amuser en même temps. Tu comprends très bien que même ta famille n'est pas trop pour le fait que tu sois en couple avec une mineur. Une source d'ennuis aux yeux de la majorité d'entre eux. Peut-être que l'année prochaine, ils te ficheront la paix, peut-être pas à vrai dire. Si je dois venir ici avec elle, ce sera sans les moqueries, juste elle et moi. Puis tu te rappelles que Dario fait partie de ceux qui s'en foutent de la personne avec qui tu sors. Ce n'est pas ta famille, les pires, dans tous les cas. Enfin, sauf peut-être tes parents. S'ils en avaient quelque chose à faire et qu'ils étaient encore sur le territoire, ils t'auraient sans aucun doute remonté les bretelles depuis belle lurette. T'as pas tort. On y va ? ou est-ce qu'on attend encore quelqu'un ? Tu espères qu'on te dise que personne de plus n'était attendu. Tu as envie d'un moment tranquille, sans prise de tête...

Tu as bien vu le regard de Dana pour Dario lorsqu'il se moque de ta copine, mais tu fais comme si de rien n'était. Ce n'est pas comme si tout le monde ne te donnait pas déjà ton avis alors que tu ne le demandais pas. Et puis tu sais que ton frère ne veut pas te faire de peine, qu'il s'amuse juste à te titiller. Et comme d'habitude, ça fonctionne. Elle aime pas trop les parisiens, tu sais... Enfin, jusqu'à ce que Dana s'annonce comme l'unique femme de vos vies pour des crêpes. Tu la regardes et... c'est comme si elle avait lu tes pensées. Les crêpes et la barbe à papa, c'est un peu ta raison d'être, ta raison de vivre. Chouette ! ajoutes-tu comme un gamin à qui on annonce que Noël aura lieu avant l'heure.
Tes yeux étaient devenus tels ceux du chat potté pendant qu'elle vous proposait des crêpes natures. Sérieux ? Si c'était pour ça, tu pouvais aussi bien te faire des crêpes natures inmangeables à la coloc hein... et puis, comme tout homme aux habitudes alimentaires révoltantes tu ajoutes... Je peux avoir des chamallows dedans, dis, dis, diiiis ? Oui, tes goûts sont à vomir, mais c'est comme ça qu'on t'aime, après tout.

Tu roules des yeux à la réflexion de Dana. Clairement, elle n'a jamais compris ton amour pour la bouffe sucrée, tout ce qu'il y a de plus moelleux et addictif. Alors, oui, bien sûr, tout se discute, tout se débat et chacun son point de vue, mais toi, tu adores ces sucreries et rien ne pourrait y faire autrement. Et quand il s'agit de toi et Dario... forcément, même si vos goûts sont discutables, ils vous plaisent, c'est l'essentiel. On met dans la bouche, les mâche et les avale. Tout simplement. Petit sourire fier collé à ton visage. Bien sûr il y avait mieux comme réflexion et bien plus mature, mais de vous trois, tu le leur fais bien sentir, que tu es le moins mature. Et pour l'illustrer, tu fais une grimace à Dario. Tu es peut-être répugnant, mais tu n'y peux rien. Et tu sais qu'ils t'aiment avec tes défauts. Heureusement pour eux d'ailleurs !
Tu te tais au regard de Dario alors que tu t'apprêtais à dire à Dana qu'elle se mettait du chocolat partout. Ses yeux veulent tout dire, alors tu ne dis plus rien. Et tes yeux s'illuminent quand ton grand frère montre le train fantôme. Une des attractions que tu aimes le plus. Surtout parce que, petit, quand tu avais peur, tu te rassurais en te disant que Dana était davantage effrayée encore. Et ça te rassurait. Aujourd'hui tu n'as plus peur, mais ça te fait bien marrer d'entendre ta soeur sur le bord de la crise de folie. Partant ! Hurles-tu subitement, juste après avoir gobé ta crêpe. D'habitude, tu la savoures, mais là, l'occasion est trop bonne.

Ces moments entre frères et sœurs, tu as beau les apprécier, parfois tu ne peux t'empêcher de penser à quel point ça peut être agaçant. Bien sûr, tu adores ta fratrie. En fait, ils sont ton seul lien restant avec ta famille. Tu ne comptes plus que sur eux quand tu es dans la panade. Ils sont ton roc. Mais qui dit roc, dit effritement, c'est inévitable. C'est pour cette raison que tu penses profiter de cette journée le plus possible, en évitant de vous disputer. Puis de toute façon, lorsque toi et Dario vous mettez d'accord pour embêter Dana, tout va toujours comme sur des roulettes. Alors, choisir le train fantôme, il n'y avait rien de plus simple, à dire vrai. Tu adresses à ton frère un sourire malicieux quand il prie, bien que faussement puisque ça vous amuse, Dana de ne pas en faire des tonnes. Toi, tu adores quand elle en fait des tonnes, parce que c'est de suite beaucoup plus drôle.
Vous rentrez et c'est le même manège que d'habitude. Elle a peur alors même que vous n'avez encore rien vu. Tu peux le comprendre, elle appréhende. Elle est comme ça, Dana. Ca t'attendrit toujours, mais tu n'es pas le genre à renoncer à vos farces en tout genre, avec Dario. Tu ne peux cependant t'empêcher de lui faire les gros yeux en le voyant disparaître, occupant l'attention de Dana sur toi en lui serrant la main pour la rassurer... tant qu'elle ne réalise pas l'absence de Dario.Ca va ? Ne peux-tu t'empêcher de lui demander, un peu inquiet de la voir faire une syncope au bout du compte.