Appuyée sur le rebord du canapé, les yeux fermés, Eva écoutait attentivement les notes de musique qui égayaient cet appartement loué depuis peu. Puis, ce fut la voix de la jeune femme qui vint emplir le cocon, alors qu'elle chanta les paroles de "With or without you" de U2. Arthur, son petit ami, avait le regard rivé sur elle alors qu'il l'accompagnait à la guitare pour un duo improvisé et qui renforçait cette complicité naissante. Mais alors qu'elle terminait le refrain, Eva s'arrêta de chanter en entendant quelques coups donnés à la porte. Elle espérait que ce n'était pas la voisine ultra aigrie, qui l'avait clairement prise en grippe. Arthur posa sa guitare à côté de lui, en murmurant doucement : "Tu veux que j'y aille ?" Eva posa ses yeux sur le grand brun et secoua la tête, sourire aux lèvres. Elle se leva donc et alla ouvrir la porte. Mais ce n'était pas la voisine aigrie qui était face à elle. Toutefois, la surprise était toute aussi grande. Hélias. Il y avait quelque chose d'étrange, ces derniers temps. Il y avait un certain éloignement qui entachait leur si belle relation, comme si les non-dits les repoussaient doucement. Et cela lui arrachait le coeur. "Tiens, tu t'es rappelé que j'existais ?" dit-elle avec un sourire aux lèvres, afin que cela ne passe pas pour une réelle attaque, mais aussi pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas apprécié son silence des derniers jours. "Je me faisais du souci, Hélias." ajouta-t-elle, en posant son regard sur lui. Un regard dans lequel on lisait toutefois le soulagement de l'avoir face à elle. Elle ouvrit davantage la porte afin de l'inviter à entrer. "Tu viens boire un coup ? Je viens de faire de la citronnade." Il y en avait un qui n'allait sûrement pas apprécié l'invitation de la brunette, mais Eva se voilait la face. Elle gardait l'espoir d'une bonne entente entre son petit ami et son meilleur ami...

AVENGEDINCHAINS

A peine avait-elle vu Hélias sur le pas de la porte que la boule, qu'elle avait incessamment au niveau de l'estomac, s'évapora. Certes, Eva passait peut-être un peu moins de temps avec Hélias - voulant donner une chance à son histoire d'amour - mais peu importe l'heure, peu importe l'endroit, son meilleur ami était toujours dans un coin de sa tête. Et dans des moments comme celui-là, où le jeune Robertson jouait au roi du silence avec elle, Eva n'arrivait pas à être totalement dédiée à Arthur. Elle s'en voulait, mais il fallait aussi qu'il accepte l'importance qu'elle donnait à ses amis. Elle s'était imaginée la colère qu'elle déverserait sur Hélias quand Monsieur daignerait pointer son nez. Mais maintenant qu'il était là, face à elle, avec son sourire au coin des lèvres et cette façon de retourner la situation à son avantage, Eva ne pouvait que ployer. Elle le regarda, sourcil arqué et répondit à sa question : "A ton avis ?" Bien sûr qu'il lui manquait ! Encore plus quand elle se faisait un tel souci. Elle l'observa avec attention quand il lui confirma aller bien. A cet instant, Eva ne dit rien mais Hélias connaissait suffisamment la jeune femme. Il connaissait ce regard qu'elle lui lançait à cet instant et qui n'était absolument pas convaincu. Un sourire vint toutefois se poser sur ses lèvres quand il accepta l'invitation, quand il déposa un baiser sur sa joue en lui lançant ce bonjour qui allégeait l'atmosphère. "Tu m'énerves, Robertson..."  murmura-t-elle, un poil amusée. Quand elle revint dans le salon, elle croisa Arthur qui s'était levé du canapé. Le visage de ce dernier était complètement fermé mais il répondit néanmoins au bonjour d'Hélias. Face à cette étrange situation, Eva regarda les deux hommes, impuissante. "Je te ressers un verre ?" demanda-t-elle à son petit ami qui refusa. "Je dois y aller, de toute façon." ajouta-t-il, sous le regard étonné d'Eva. Ils devaient passer l'après-midi ensemble, pourtant. Mais comme Eva ne voulait pas faire de vague, elle répliqua, irritée : "Ok..." Elle le regarda rassembler ses affaires, puis s'approcher d'elle pour un baiser plein de tendresse. Heureusement ! Il salua Hélias d'un signe de la tête et quitta l'appartement, non sans avoir rappelé à Eva que ce week-end, c'était chez lui qu'elle venait. Une fois qu'il fut parti, la jeune femme lâcha un long soupir, agacée de la situation. Elle savait qu'Arthur n'avait rien à faire. Il avait juste fui. Elle regarda Hélias et l'invita à la suivre dans la cuisine. Là, elle lui servit un grand verre de citronnade, avant de s'appuyer contre le plan de travail. "Bon, et si maintenant tu me disais vraiment comment tu vas ? Tu as une petite mine..."

Elle était toujours entourée, Eva. Mais quand il n'y avait pas Hélias dans le coin, il y avait toujours une pensée vers lui. Où était-il ? Que faisait-il ? Allait-il bien ? Des questions si naturelles jusqu'à présent, mais qui se faisaient désormais plus timides depuis qu'ils se parlaient moins. Elle avait l'impression qu'il lui échappait. Et qu'elle lui échappait. Toutefois, quand il fut là, face à elle, à la taquiner, à la provoquer, elle eut cette délicieuse sensation de familiarité. Comme si, au fond, ce n'était qu'une mauvaise passade et qu'ils reviendraient sans cesse l'un vers l'autre. Cependant, il y en avait qui comptait bien montrer sa présence. C'était Arthur. Arthur qui s'éloigna, certes, mais qui le fit en marquant son territoire, dans un doux baiser qu'il offrit à sa petite amie. Eva aurait voulu le retenir et faire en sorte que les deux hommes apprennent à se connaître, mais c'était une douce utopie. Et elle était presque heureuse que ce soit Arthur qui s'éloigne de son plein gré. Elle, elle aurait été incapable de faire un choix. Pourtant quand Hélias parla de dérangement, la brune le regarda avec un air réprobateur. « Comme si tu dérangeais... » Elle secoua légèrement la tête avant d'ajouter : « Laisse, ça lui passera. » Sans doute ne devrait-elle pas dire ça, mais à vrai dire, elle avait autre chose en tête : elle attendait qu'Hélias lui dise réellement ce qu'il y avait. Elle s'appuya contre le plan de travail, le regard rivé sur lui. La surprise vint marquer son visage en apprenant que Beth était de retour. « Ah bon ? » Beth avait coupé tout contact, du jour au lendemain. Alors pourquoi réapparaissait-elle ? Hélias aussi semblait se poser la question. Eva sentit son cœur se serrer en apprenant que Beth avait justifié son retour en parlant de Mia. C'était toujours un sujet sensible pour la jeune femme, pour qui le mensonge devenait de plus en plus difficile à assumer. Mais c'était pour le bien de la petite. Surtout si le père d'Hélias avait recommencé ses conneries. « Quoi ? Qu'est-ce que ton père a fait ? Il n'est pas censé être en prison ? » Même enfermé derrière des barreaux, il fallait qu'il pourrisse la vie de ses enfants. Elle en avait mal au cœur pour Hélias. Il devait être tellement bouleversé. Et Eva était prête à tout pour lui redonner du baume au cœur. Néanmoins, sa dernière phrase la fit tiquer. Il croyait vraiment qu'après de telles révélations, qu'en le voyant dans un tel état, elle avait mieux à faire ? « Qu'est-ce qu'il se passe, Hélias ? » demanda-t-elle dans un souffle. « Tout à l'heure, tu parlais de dérangement. Et maintenant, tu crois que tu me saoûles avec ce qu'il se passe dans ta vie. » La brune croisa ses bras contre sa poitrine, dans une position de repli. « Je ne sais pas ce que tu crois, mais je suis toujours là pour toi... » Il était peut-être bon de le rappeler.

Cela ne se faisait pas de se réjouir du départ de son petit ami, mais au fond Eva était soulagée que ce soit Arthur qui abdique. La situation était délicate pour la brune qui avait le cœur qui balançait entre les émois amoureux et l'amitié indéfectible qu'elle portait à Hélias – si tant est que l'on pouvait appeler ça de l'amitié. Le simple fait de privilégier Hélias à Arthur devrait lui ouvrir les yeux, mais elle mettait cela sur le compte de la bonne amie qui était présente à tout instant. Et pour Arthur, elle se disait qu'elle trouverait un moyen de rattraper les heures perdues avec lui. Eva se voilait la face, tout simplement. Et elle savait qu'un jour ou l'autre, elle récolterait le revers tant mérité. Mais chaque chose en son temps. L'heure était aux confidences. Hélias avait rencontré Beth. Beth qui l'avait lâchement abandonné. Elle savait à quel point la jeune femme comptait pour Hélias et Eva se doutait qu'un tel retour n'était pas agréable pour le beau brun. Surtout si elle comptait disparaître tout aussi rapidement. Pourquoi réapparaissait-elle maintenant, alors qu'Hélias était dans un chaos sans précédent ? Comme si sa vie n'était pas assez compliquée comme cela, il fallait croire que le géniteur d'Hélias avait décidé de s'y mêler, lui aussi. Eva fronça les sourcils quand il lui confirma qu'il était bien en prison. Mais cela ne l'empêchait pas de faire des siennes. Elle joignit son soupir à celui de son ami, reposant son regard sur lui quand il parla de rébellion. « Il veut se rebeller contre qui ? » demanda-t-elle, perdue. « Et c'est pour ça que Beth est revenue ? Pour te prévenir des conneries de ton père ? » Elle avait tellement de questions à lui poser pour comprendre au mieux la situation. Mais Hélias avait tendance à croire qu'il dérangeait, ce qui poussa Eva à lâcher ce qu'elle avait sur le cœur. Putain, elle était là ! Elle soupira en voyant son sourire bon à l'amadouer. « Pourquoi je crois qu'il y a quelque chose ? Depuis que tu t'es mis à faire silence radio, par exemple... » Mais il bascula la situation en évoquant son plan du moment. « Ce n'est pas mon plan du moment. » murmura-t-elle, de manière presque inaudible. Combien de fois avait-elle cru et combien de fois s'était-elle lassée ? Trop de fois. Hélias finirait probablement par récupérer sa meilleure amie, d'ici quelques mois, le cœur en vrac. Comme à chaque fois. Sauf que cette fois, elle lui manquait. Et elle savait que cela coûtait à Hélias de le dire, évidemment. « Je sais que ça te coûte, mais tu l'as dit. Je te manque. » dit-elle taquine, pour tenter de dédramatiser la situation. Et surtout parce qu'elle avait le cœur en joie en entendant cela. Pourtant, elle se ressaisit parce qu'au fond, Hélias avait surtout besoin de soutien à cet instant, pas de ces bêtises. Elle se retourna donc vers l'entrée et saisit son trousseau de clés, sur lequel elle décrocha une clé. Une clé qu'elle tendit à Hélias. « Tiens, c'est le double de la clé de mon appart'. Je veux que tu la prennes et je veux que tu me promettes de venir ici quand ça ne va pas, ou s'il y a le moindre problème vis-à-vis de ton père. Et s'il te plaît, arrête de ne pas répondre à mes messages... » C'était sa façon de lui dire qu'il lui manquait, d'assurer sa place envers lui... malgré son plan du moment

Hélias n'était pas du genre à tout déballer d'un coup, mais elle voyait à quel point cette rencontre l'affectait. Beth avait été un pilier pour lui, un soutien indéfectible. Eva aussi avait été là, mais à l'inverse de Beth et Hélias, la brune avait un schéma familial qui lui avait permis de grandir sereinement. Alors, elle comprenait cet attachement qu'il y avait entre la jeune Jones et le jeune Robertson. Seulement, elle était partie. Et Eva avait ramassé Hélias à la petite cuillère. Avec ces souvenirs en tête, il était évident que la jeune étudiante voyait le retour de Beth d'un mauvais œil. Surtout quand elle amenait de telles nouvelles. Eva écarquilla les yeux en l'entendant de parler de gang. « Un gang ?! » répéta-t-elle, effarée. Effarée et apeurée. Elle savait que c'était un monde qui ne connaissait que la violence et les magouilles. Eva lâcha d''ailleurs un juron en apprenant que c'était le gang de Beth. « Elle est tombée dedans, elle aussi ?! » s'exclama-t-elle, plus par dépit que questionnement. Dans ce cas, que venait-elle faire auprès d'Hélias. Elle fronça les sourcils en apprenant qu'elle l'avait mise en garde, pour protéger Mia et Hélias. Elle baissa les yeux quand il éleva la voix, mettant en avant son incapacité à protéger sa soeur. Par la faute d'Eva. « Je suis sûre qu'elle est en sécurité là où elle est, Hélias. Est-ce que tu veux que je demande à mon père de vérifier ? » Avec son père policier, il était évident qu'elle pouvait avoir des informations qu'ils n'obtiendrait pas, d'ordinaire. Elle se sentait tellement impuissante dans cette situation et c'était bien un fait qu'elle ne supportait pas. Encore plus quand Hélias l'éloignait quelque peu de tout cela, en disant qu'il l'embêtait avec toutes ces histoires. Pire encore, il sous-entendait qu'elle avait mieux à faire avec son plan du moment. Réagissant sur cette appellation, la brune fixa Hélias quand il lui demanda qui elle voulait convaincre. Il avait tapé dans le mille. Sans doute essayait-elle de se convaincre. Mais l'admettre, c'était bien autre chose. « Arrête, tu changes de sujet, là. » dit-elle dans un sourire, préférant couper là plutôt que de prendre le risque d'en dire trop. Eva savait que ce n'était pas normal de privilégier Hélias, de préférer sa présence à celle d'Arthur. Ce n'était pas normal de se sentir aussi joyeuse quand il lui avoua qu'elle lui manquait. C'était trop compliqué. Trop compliqué, et pourtant, sans un mot, elle dégaina son trousseau de clés pour lui donner le double de son appartement. Elle vit la surprise dans le regard de son ami qui, bien évidemment, refusa aussitôt. « Pourquoi ça me compliquerait la vie ? » demanda-t-elle, d'abord. « Je ne peux pas rester sans rien faire à attendre que tu te fasses tabasser par ce gang. » Et encore tabasser, c'était trop doux. Elle reprit la clé sur le plan de travail et s'approcha d'Hélias. Puis, elle attrapa sa main avec détermination, et déposa la clé dans sa paume avant de relever ses yeux marrons vers lui. « Ne m'oblige pas à la cacher dans une de tes poches. » dit-elle en gardant sa main dans la sienne. « ça me rassurera de savoir que tu peux te réfugier ici. Et puis au moins, tu ne seras pas seul... » Elle serait là pour le soutenir, pour lui changer les idées même. « On a toujours tout traversé ensemble. Je ne veux pas que ça change. » conclut-elle dans un souffle.

Eva savait que de tels aveux n'étaient pas simples pour Hélias. Parce qu'il savait qu'elle voudrait en savoir plus, qu'elle ne se contenterait pas de quelques informations lâchées à la va-vite.  Etre au courant de la situation allait, certes, apporter un peu de soutien à Hélias, mais elle savait aussi que cela allait ajouter de l'inquiétude chez le jeune homme. Les gangs, c'était un monde qui les dépassait pleinement. Qui dépassait Eva, elle, la gamine qui a eu une enfance heureuse, mais stricte, auprès d'un père policier qui baignait dans le monde de la loi et de la justice. Une fois remise du choc concernant l'appartenance de Beth à un gang, le cerveau d'Eva entra en ébullition. Elle cherchait des solutions. Et le premier réflexe qu'elle avait, c'était d'en parler à son père afin d'obtenir la certitude que Mia était bien en sécurité. Hélias réagit aussitôt, en la suppliant presque de ne pas mettre son père au courant. "Ok... promis, je ne dirai rien." Mais ce n'était pour autant qu'elle pensait que c'était la bonne solution. Elle connaissait son père, sa discrétion et son efficacité. Elle était persuadée qu'il pourrait être un allié majeur pour Hélias. "Mais il sent qu'il y a quelque chose qui cloche, en ce moment. J'ai beau lui dire que tout va bien, il s'inquiète pour toi. Il t'aime beaucoup." Il fallait dire que son père connaissait Hélias depuis tant d'années. Il avait vu les galères qu'il avait vécu. Et l'éloignement du jeune Robertson n'était pas passé inaperçu à ses yeux... Néanmoins, Hélias sembla vouloir éloigner Eva de ce sujet épineux, en contrebalançant son histoire d'amour avec Arthur. Il était fort. Evidemment, il réussit à désarçonner la brune, qui était clairement hésitante au sein de ses paroles. Elle ne devrait pas douter de sa relation. Elle ne devrait pas apprécier davantage la présence d'Hélias à ses côtés. Elle ne devrait pas lui donner le double de ses clés, sans même en parler à son petit ami. Mais c'était Eva. Elle se fichait du regard des autres, de leurs avis, tant qu'elle-même suivait ses propres envies. Et là, c'était envers Hélias qu'elle devait se battre, en lui imposant cette clé qu'il s'évertuait à refuser. Quand il lui avoua ses raisons, la brune plongea son regard dans le sien, soucieuse de le voir si dépassé. . "C'est le deal, non ? Tu es dans la merde ? Je te suis." Elle esquissa un léger sourire avant de reprendre : "Tu n'auras pas à me protéger, je t'assure. Et mon père ne sera au courant de rien. Ne te monte pas la tête avec ça, tu as déjà bien trop de choses à gérer." Elle ne voulait pas être un fardeau de plus. Pas quand le risque était si grand. Quand il lui assura qu'il ne se ferait pas tabasser, elle rétorqua aussitôt : "Tu peux me l'assurer ?". Probablement pas... D'un signe de la tête, elle lui montra la clé pour qu'il la prenne enfin définitivement. Autant accepter de suite, ou sinon elle redoublerait d'inventivité pour qu'il reparte coûte que coûte avec cette clé. Alors, quand il abdiqua en lui disant qu'elle l'énervait, la jeune femme le regarda avec un sourire victorieux. "Oui, mais c'est comme ça que tu m'aimes, non ?" dit-elle, taquine. Mais quand il parla de ménage à trois, Eva éclata de rire. "Oh non, quelle horreur !" s'exclama-t-elle, d'abord. "Tu as pensé à ma santé mentale si je devais vivre avec vous deux ?! Je ne tiendrais pas une journée..." Elle rit de nouveau, secouant la tête, avant d'ajouter, plus sérieuse. "Ceci dit, Arthur va péter un câble en apprenant que tu as la clé de mon appartement. Il faut que ça reste entre nous, pour l'instant. D'accord ?" Et cela n'avait pas l'air de la toucher plus que cela.

Evoquer son père n'était peut-être pas la meilleure solution dans une telle situation, mais elle avait le mérite d'exister. Monsieur Carlson, bien que policier, était aussi un homme et un père. Et elle savait qu'il s'était pris d'affection pour Hélias. Son instinct de policier l'avait simplement poussé à se poser quelques questions. L'éloignement du jeune Robertson n'était pas passé inaperçu. Mais en entendant les mots d'Hélias, Eva reposa son regard sur lui, son cœur se serrant en voyant tant de détresse chez son meilleur ami. « Oui. » dit-elle, d'abord déterminée. « Bien sûr que oui, il t'aimera toujours, malgré tout ça. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu n'y es pour rien, Hélias. Tu subis toutes ces merdes, mais tu es en aucun cas le fautif. » Il se lançait dans des combats illégaux, non pas pour se payer la belle vie, mais pour récupérer Mia et lui offrir une vie décente. Quant aux agissements de son père, là aussi, Hélias n'avait aucun contrôle dessus. Et pourtant, c'était lui qui prenait tout. Et c'était lui qui perdait la face.  C'était douloureux de voir cela et ne pas pouvoir agir correctement. Elle se sentait tellement impuissante, alors qu'elle serait prête à retourner toute la ville pour assurer une vie sereine à celui qui comptait tant pour elle. Mais pour l'instant, l'écouter et lui changer les idées pouvaient être un bon compromis. Elle assurait sa place, Eva. Elle lui montrait que, même si elle avait d'autres préoccupations, il restait capital à sa vie. Elle se foutait de ces histoires de gang et des risques à prendre, ce n'était pas cela qui allait l'éloigner de lui. Elle essaya de lui faire comprendre cela, de lui montrer qu'il n'avait pas à s'inquiéter pour elle, pour sa protection. Elle ne voulait pas ajouter une charge à ses soucis ou prendre le risque qu'il ne confie plus à elle. Mais elle esquissa un sourire quand il lui assura qu'il ne pouvait s'empêcher de la protéger. « Tu sais que je suis coriace. » dit-elle sur le ton de la plaisanterie, pour dédramatiser le tout. Hélias n'était pas en reste, lui non plus. Alors qu'elle parlait du risque qu'il prenait de se faire tabasser par des membres du gang, il lui sortit son grand sourire craquant. Eva lui jeta un regard réprobateur, sachant très bien qu'il détournait la question pour ne pas y répondre Il était tellement énervant ! Mais au moins, il accepta la clé, ce qui rassura déjà un peu la jeune femme. Il réussit à la faire rire en parlant de ménage à trois. « Mouais, un ange qui cache bien ses ailes, alors ! » dit-elle en réponse à ses mots, tout sourire. Non vraiment, elle n'était pas certaine de rester deux jours face à ces deux coqs de basse-cour. Elle le suivit du regard quand il partit fouiller dans le placard, le laissant chercher son paquet de gâteaux préférés. Elle en gardait toujours un paquet. Pour lui. Comme si elle savait déjà qu'il reviendrait vers elle.D'ailleurs, il valait mieux qu'ils gardent leur éventuelle cohabitation pour eux. Elle secoua la tête quand il évoqua le mot cachotterie. « Non, ce ne sont pas des cachotteries. Il faut juste que je cherche comment lui expliquer ça. » … sans qu'il n'ait envie de casser la figure d'Hélias ou d'aller lui récupérer la clé. Il  faudrait qu'elle soit maline. Alors qu'il revint près d'elle, elle montra le paquet de gâteaux. « Tu es arrivé à temps. Ça faisait deux jours que je lorgnais sur le paquet. » Histoire de lui faire comprendre, encore une fois, qu'il ne valait mieux pas que ses absences s'éternisent de trop. Alors qu'il passa son bras autour du cou et qu'il déposa un baiser sur sa joue, un sourire vint vite s'installer sur les lèvres d'Eva. « Tu es sérieux ? » dit-elle d'abord, quand il parla de se changer les idées. Mais très vite, un air taquin s'afficha sur son visage. « Tu n'en as pas marre que je te mette la raclée aux jeux vidéos ? » Evidemment qu'elle le provoquait. « Comme je suis gentille, je te laisse même choisir le jeu vidéo... » Et alors qu'elle retourna dans le salon, on crut l'entendre ajouter : « Comme on dit, honneur aux perdants. »

Si je n'étais pas fautif, on ne m'aurait jamais retiré Mia... Face à ces mots, Eva détourna le regard, la culpabilité la rongeant. Elle savait qu'elle allait devoir lui dire un jour qu'elle était celle qui avait passé le terrible appel, mais elle retardait sans cesse l'échéance. Elle savait que cela le blesserait. Elle savait qu'il se sentirait trahi, alors que ce n'était pas de la trahison de la part d'Eva. Elle avait juste cru bien faire. « Tu ne peux pas tout gérer, Hélias... pas dans une telle situation. » dit-elle avec douceur. « Le fautif, c'est ton père, avant tout. » …et sa mère, même si elle ne savait pas vraiment où cette dernière se trouvait. « Si je pouvais, je ferais tout mon possible pour que tu puisses récupérer la garde de ta sœur. » murmura-t-elle, sincère. Elle ferait tout pour réparer les pots cassés, même si à terme, elle devrait apprendre à vivre sans Hélias. Elle n'insista pas plus, ne voulant pas remuer le couteau dans la plaie. Elle savait quand son ami voulait passer à un autre sujet. Et il le faisait à merveille, même si là, c'était Eva qui était mise à mal, comme à chaque fois qu'il évoquait Arthur. Eva n'était pourtant pas pudique concernant ses sentiments, elle parlait facilement de ses histoires d'amour. Mais avec Hélias, c'était plus... compliqué. Elle avait l'impression de le laisser de côté, ou de laisser Arthur de côté. C'était comme si elle n'arrivait pas à gérer son histoire d'amour et son histoire d'amitié. Alors que la vérité était toute autre... Elle esquissa un sourire quand il conclut qu'il était quand même un ange. « Si tu le dis... » dit-elle, malicieuse. Elle le laissa chercher son paquet de gâteaux, alors qu'elle-même se fit songeuse. Il fallait vraiment qu'elle réfléchisse sur la manière de dire à Arthur que son ami avait désormais le double de ses clés. Et ce, sans que cela fasse trop de remous. Mais Hélias voyait juste. « Non, ce n'est pas normal. » admit-elle. Puis, elle ajouta, en soupirant : « Mais Arthur est plutôt fermé d'esprit sur ce sujet-là. Il a du mal à comprendre notre amitié. Il n'accepte pas que ce soit aussi... fort. » Elle haussa les épaules face à de tels aveux. C'était une forme de jalousie ou de possessivité qu'elle ne comprenait pas. Ou tout simplement Arthur comprenait que c'était justement trop fort pour n'être que de l'amitié. Voulant changer de sujet, elle le taquina avec ce paquet de gâteaux qu'elle avait failli manger. Elle éclata de rire en voyant sa mine faussement outrée. « Tu crois vraiment que je n'oserais pas ?! » Et là, d'un geste inattendu, elle tenta de lui piquer le paquet de gâteaux, qu'il garda bien contre lui. Elle s'était peut-être ratée là, mais elle comptait bien lui mettre la raclée à la playstation. Même si Hélias n'était pas d'accord sur le terme. « ça, c'est juste la honte et ton ego touché en plein cœur qui te font dire que ce ne sont pas des raclées. Mais désolée pour toi... à chaque fois, ce sont bien des raclées que je te mets. Faut juste l'accepter... » Et alors qu'elle partit dans le salon, elle murmura une dernière provocation, en référence au perdant qu'il était, et qu'il entendit très bien. Elle se retourna vers lui et avec un air angélique, dit simplement : « Oups. » Bien sûr qu'elle le cherchait à fond. Elle alluma la play et récupéra sa manette, lançant Call of Duty. Et quand elle vint s'installer sur le canapé, elle prit un air outré quand il parla de tricherie. « Tu insinues que je suis une tricheuse ? Mais je suis droite, voyons ! » Bon... ok... il était vrai que, parfois, elle jouait un peu avec lui. Lançant la partie et après choisi le mode de jeu et les équipements, le jeu commença et chacun évolua de son côté, se débrouillant plutôt bien. Trop bien pour Eva, qui jeta un coup d'oeil à Hélias qui était très concentré. Alors, avec un sourire malicieux, elle se pencha vers lui, le regard rivé sur la télé, et de sa main, elle tâtonna et tenta de récupérer le paquet de gâteaux qui se trouvait de l'autre côté d'Hélias. De quoi embêter le jeune homme qui, dans une seconde de déconcentration, perdit le contrôle du jeu. Le joueur d'Hélias se fit lamentablement tué. « Oh... mince... t'es mort... »


HJ : je n'ai jamais joué à Call of Duty, alors pardon d'avance s'il y a des incohérences

Mia. Elle savait que c'était pour Mia que le jeune homme baignait dans l'illégalité. Elle savait qu'il menait ces combats pour économiser de l'argent et montrer qu'il était suffisamment stable pour récupérer la petite fille. Il mettait corps et âme pour cela. Et cela remuait le couteau dans la plaie pour Eva. Elle avait contribué à ce qu'on lui arrache sa soeur. Même si elle ne regrettait pas vraiment l'appel, elle regrettait ce que les services sociaux avaient pu faire. Au lieu de tout faire pour aider Hélias et Mia, ils avaient arraché le seul rayon de soleil qu'il y avait dans la vie du jeune Robertson. Et cela, Eva ne l'acceptait pas. Alors elle se devait d'être présente, de tout faire pour l'aider à récupérer Mia. Même si c'était la dernière chose qu'elle devait faire pour lui... Quand il prit sa main, qu'elle serra, elle mourut d'envie de le prendre dans ses bras. Mais elle se contenta d'un sourire réconfortant et d'un regard empreint de douceur. Il savait qu'elle était son alliée, son soutien et cela lui suffisait pour le moment. Relâchant sa main et avec l'envie de se détendre, Hélias partit à la recherche du paquet de gâteaux, utilisant Arthur pour détourner la conversation. Et Eva tomba en plein dedans, sortant même les rames pour justifier des excuses qui ne valaient pas le coup. Elle se voilait totalement la face. Arthur ne comprenait pas la forte amitié qui liaient Eva et Hélias. Le beau brun rebondit d'ailleurs sur ce point-là. Oui, bon, le aussi fort pouvait très bien passer pour autre chose que de l'amitié. "Euh... oui... enfin, tu vois ce que je veux dire. On se connaît depuis tellement longtemps." Rattrape-toi, Eva. Elle s'enfonçait et Hélias s'en amusait. Quand il s'annonça comme l'homme de sa vie, la brune esquissa un sourire amusé : "Bah va lui dire ça, toi-même, alors !" Elle ne reniait pas. Il était là le problème. Enfin, passons à autre chose. De retour dans le salon, Eva le regarda faussement outrée, quand il lui lança un regard de tueur, parce qu'elle avait osé touché son paquet de gâteaux. "C'est excessif." dit-elle en souriant. Sourire qui se fit plus grand quand Hélias n'osa pas assumer qu'il était nul aux jeux vidéos, préférant faire passer Eva pour la tricheuse. "Ah les hommes ! Que de la mauvaise foi !" dit-elle en haussant les sourcils. Il n'y avait qu'une partie de jeu vidéo qui allait les mettre d'accord. Ou qui allait réellement faire d'Eva une vraie tricheuse. Quand le jeu fut lancé, elle vit à quel point Hélias était concentré. Très concentré. Trop concentré. La partie était bien trop monotone, alors évidemment, Eva rajouta son petit grain de sel. Elle le déconcentra totalement en allant chercher le paquet de gâteau, jusqu'à ce qu'il perde. La réaction d'Hélias fut à la hauteur de ses espérances. Il jeta la manette sur le canapé, énervé, et l'accusa de triche. "Mais non... j'avais juste faim." dit-elle, provocatrice, en croquant dans l'un de ces biscuits tant aimés par Hélias. Elle aimait quand il s'énervait de la sorte, quand il tombait en plein dans son piège. Mais cette fois, elle avait le droit aux représailles. Alors qu'il se jeta sur elle pour aller récupérer le paquet de gâteaux, la brune fut plus rapide que lui. Elle mit le paquet derrière un coussin sur lequel elle s'appuya, faisant barrage. "Si tu veux le récupérer, il faudra me passer sur le corps, Robertson !" lâcha-t-elle en éclatant de rire, bien décidée à ne pas lâcher le morceau. Age mental : 10 ans. Mais c'était ça qui était bon  "Tu as peut-être battu des armoires à glace, mais moi, tu ne m'auras pas !" Elle y croyait. Mais comme elle était un poids plume, elle savait très bien qu'en deux-trois mouvements, Hélias pourrait reprendre le dessus.

Il n'avait pas besoin de dire qu'il voulait parler d'autre chose, Eva le connaissait tellement qu'elle le comprenait sans qu'il ne dise quoique ce soit. Mieux encore, elle acceptait d'être la cible de ses taquineries, si cela avait au moins le mérite d'amuser le jeune homme et de lui changer les idées. Et là, évidemment, la relation entre Eva et Arthur était mise sur la table. Si Arthur l'entendait, sans doute s'énerverait-il... ou la larguerait pitoyablement. Comme à chaque fois. Elle était incapable de rester sur le long terme avec un homme. Elle se trouvait toujours des excuses, concernant sa relation avec Hélias. Elle ne s'ouvrait pas totalement à l'homme avec qui elle se lançait, à tâtons, dans une relation amoureuse. Et surtout, elle se lassait vite, bien trop vite. Sans doute n'était-elle pas faite pour aimer et être aimée. Alors, autant en plaisanter. Quand Hélias la taquina sur le fait qu'il était l'homme de sa vie, la jeune femme lui répondit, sur un ton amusé, qu'il n'avait qu'à le dire à Arthur. Les mots du jeune Robertson la firent rire. "C'est ça, il faut qu'il se rende à l'évidence." Elle lâcha un soupir faussement exagéré, avant d'ajouter : "Je vais finir vieille fille. Tu m'offriras un chat, hein ? Comme ça, je pourrais être la folle aux chats du quartier !" Il y en avait toujours une, dans chaque quartier ! Un rire vint ponctuer cette conversation, alors qu'elle le rejoignit sur le canapé pour une partie de play qui s'annonçait déjà mythique. Sachant qu'il l'avait traitée de tricheuse, sans doute Eva aurait-elle dû mettre toute son âme dans cette partie, pour montrer qu'il avait tort. Pour montrer qu'elle pouvait lui mettre une raclée sans tricher. Seulement, l'envie d'embêter Hélias était toujours bien plus forte que tout. Alors, rapidement, l'esprit pas vraiment focalisé sur sa partie, elle alla tester l'aptitude de concentration de son meilleur ami. D'abord subtilement en se rapprochant doucement, puis frontalement en se penchant directement sur lui pour aller chercher les gâteaux. Eva en avait la certitude : Hélias se faisait rapidement déconcentrer. Elle éclata de rire quand il perdit sa partie et qu'il jeta sa manette, en râlant. Et alors qu'il lui remettait la faute dessus, Eva joua la fausse innocente, sourire aux lèvres et battant presque des cils. Oui, clairement, elle minaudait. Elle jouait la petite princesse qui semblait si irréprochable. Mais son regard, lui, était clairement malicieux et ses lèvres s'étirèrent davantage quand Hélias lui dit qu'il ne rigolait pas. "Pourtant, je le vois, ton petit sourire sur les lèvres..." Qu'elle était chiante ! ça, c'était bien vrai ! Malgré tout, son air angélique ne fonctionna pas cette fois-ci puisque le jeune Robertson lança l'attaque, prêt à récupérer ce paquet qu'Eva camoufla derrière un coussin. Elle ferait barrage de son corps jusqu'au bout, clama-t-elle avec fierté. "Mais bien sûr ! Je suis une TERREUR !" ajouta-t-elle, en riant. Mais la lueur qu'elle put lire dans le regard du beau brun montra qu'il allait, lui aussi, abattre ses cartes. Sans crier gare, il grimpa sur elle et la chatouilla. Eva se tortilla sous les chatouilles de son ami, partant dans un fou rire qui lui fit baisser sa garde. Et évidemment, il récupéra ses gâteaux. "Nooooooon !" Elle tenta de retrouver son souffle, après cet éclat de rire, reposant son regard sur lui quand il s'écrasa sur elle. "Je proteste, c'est vicieux d'user de mes faiblesses de cette manière." dit-elle, en faisant une moue peu crédible. Soutenant son regard, Eva profita encore un peu de cette proximité avec lui, passant sa main dans les bouclettes brunes du jeune homme qu'elle aimait tortiller avec ses doigts. "ça me fait du bien de te retrouver comme ça." avoua-t-elle, à voix basse. Son sourire en témoignait pleinement. "Bon... revanche ? Sans tricher, cette fois, promis..."

Se moquer de la vie sentimentale d'Eva était sûrement le prix à payer pour partir sur un sujet moins dramatique. Même si, honnêtement, les amours d'Eva relevaient de la véritable catastrophe. Elle était encore toute jeune, elle avait bien le temps avant de tomber complètement amoureuse, mais c'était quelque chose qui restait ancré dans sa tête. Les échecs qu'elle accumulait la poussaient à se poser des questions : pourquoi se lassait-elle ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à s'ouvrir totalement ? En réalité, il n'y avait qu'une question qu'elle devrait se poser, la question qu'elle refoulait totalement : qui voulait-elle vraiment à ses côtés ? Elle l'avait, sa réponse. Mais se mettre des œillères était bien plus facile. Elle sortit de ses pensées en entendant les mots de son ami, esquissant un léger sourire en constatant qu'il ne la verrait pas vieille fille. "Pourtant, il y a forcément quelque chose qui cloche." Mais plutôt que de prendre le risque de se miner le moral avec des histoires qui la dépassaient, elle préféra faire ce qu'elle aimait le plus faire : affronter Hélias. Enfin, affronter était un bien grand mot puisqu'elle usa rapidement de la tricherie pour faire perdre son ami. Et évidemment, il ronchonna. "Qu'il est grognon !" le provoqua-t-elle, encore et encore, son sourire s'agrandissant au fur et à mesure que le jeune homme se mettait à sourire, lui aussi. "Il faudrait revoir ton jeu d'acteur, mon chou, tu n'es pas crédible, là." Elle savait qu'il détestait quand elle le faisait perdre de la sorte. Mais elle savait aussi qu'il ne pouvait lui résister de trop, surtout pour une histoire de la sorte, digne des grands gamins qu'ils étaient. Cette fois, Hélias se rebella, en lui faisant subir la terrible séance de chatouilles, qui la laissa complètement essoufflée après ce fou rire. "Oui, bon, ok, c'était vicieux." abdiqua-t-elle. Mais quand la taquinerie retomba et que son ami resta aussi proche d'elle, un étrange sentiment s'empara de la jeune Carlson. Ce n'était pas la première fois qu'ils étaient si proches, mais c'était toujours resté amical, platonique. Là, en soutenant son regard, en plongeant sa main dans ces bouclettes brunes qu'elle aimait tant chez lui, elle se surprit à vouloir plus. Elle se demanda ce qu'il se passerait s'ils comblaient le peu de distance qui restait entre eux. Arrête de rêver, Eva. Hélias mit fin à ces questionnements en se relevant brusquement, à cause d'une prétendue crampe. Eva se redressa elle aussi, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, comme à chaque fois qu'elle était gênée. Elle afficha un sourire de convenance quand il la taquina sur ses aptitudes sur Mario Kart, tentant surtout de dissimuler le malaise - et la déception ? - qui l'envahissait. "Un minimum douée ? Tu plaisantes, je suis la meilleure à ce jeu-là !" Surtout parce qu'elle usait des carapaces rouges et bleues à bon escient. C'était bien un jeu de vicieuse ! Elle récupéra les manettes de la play et les troqua contre celles de la Switch, lançant le jeu, dos à Hélias. "Je me disais qu'on pouvait se commander une pizza, si tu veux rester un peu." Elle revint vers lui et posa la manette près d'Hélias,  le voyant bien occupé avec son téléphone. "... enfin, si tu n'as rien de prévu pour ce soir. Tu m'as l'air bien sérieux, d'un coup..." ajouta-t-elle en faisant un léger signe de la tête vers le téléphone.