C'est encore le coeur lourd que tu marches sur la baie de Berkeley. Venant chercher ton poisson comme tous les vendredi matins. Une routine que tu apprécies, une routine que tu as depuis que tu es propriétaire de ta maison d'hôte. Le soleil n'est encore levé, tu aimes le voir sourire au monde. D'ordinaire la rue est déserte et cela te permet de voir les pécheurs arriver de loin. Leurs bateaux suivis d'un nombre incalculable de mouettes. Cela te fait sourire, cela te donne un peu de péche pour la journée qui s'annonce. Tu es assis sur ce banc, assis sur cet endroit qui te permet d'avoir une vue parfaite sur le futur soleil à venir. Il se fait tout petit, ses rayons orangé commence à apparaitre, tu souris comme un enfant. Puis tu entends ton prénom, tes poils se dressent, tu sais de qui il s'agit. Tu ne retournes pas, tu restes bloqué sur l'horizon, tes larmes veulent revenir à la surface, mais comme toujours tu l'es bloques. "Karla!" Sans même lui adresser un regard. L'absence de cris, l'absence de petit pas te fait comprendre que Sofia n'est pas avec elle. Tu te demandes où elle est, en réalité tu as bien trop de questions. Elle c'est ta femme, l'amour de ta vie, mais tu as tellement souffert quand elle t'a abandonné. C'est certainement la question qui te brûle les lèvres. Tu te retournes quittant l'océan et les allées venus des vagues pour lui faire face. "C'est bien toi ?" Demandes-tu en plissant des yeux, tu as si souvent rêvé d'elle, si souvent espéré qu'elle puisse revenir dans ta vie et à présent, tu n'arrives à le réaliser. "Sofia n'est pas avec toi ?" Ta fille, ta chaire, elle t'a tellement manqué.

@Karla Florès-Sà

Entendre ton nom, l'entendre avec ce timbre de voix te ramène à tes rêves les plus foux, ceux que tu t'interdis d'avoir. Tu as bien trop souffert Sam, pourquoi tu te fais du mal. Tu ne t'attendais pas à la retrouver, encore moins ici, encore moins à cette heure si matinal. Depuis quand est-elle retourner en ville ? Pourquoi n'était-elle pas revenue te voir plus tôt, pourquoi est-elle sans Sofia. "Toujours aussi belle." Tu as toujours eu cette facilité à la complimenter et en même temps, c'est simplement mérité. Pour toi, elle a toujours été belle, toujours été forte, malgré cette haine que tu ressens, tu ne peux t'empêcher d'admirer sa beauté. Enfin une fois, que tu as bien voulu détourner ton regard de l'océan. "Depuis ton retour ... attends tu es revenue quand?" Tu ne veux pas être froid, tu ne veux pas être méchant, mais tu as tellement souffert. Tu es devenu l'ombre de toi-même, tu as enfin accepté de recommencer à vivre et la revoilà. Tu n'es pas prêt, mais tu n'as pas le choix, il va falloir que tu rentres en conflit avec la femme que tu aimes. Tu sens dans sa voix qu'elle va pleurer. Tu as toujours su savoir lire entre les yeux. "Arrête Karla! Tu ne penses pas que j'aurais eu besoin d'explication avant ton départ! Que j'aurais besoin de voir ma fille une dernière fois! Tu me l'as enlevé." Tu aurais pu porter plainte, mais une part de toi espéré qu'elle revienne, une part de toi savait qu'elle était en sécurité avec Karla. "Mais ce n'est pas ça le problème ... Tu sais ce que je ressens, je n'ai pas fuis, je suis là toujours au même endroit. Je ... je ne comprends pas ... comment as-tu pu me faire ça ?" Tu es au bord des larmes, tu es touché en plein coeur comme quand elle a prit la fuite.

Tu es mal à l'aise, elle te fait ce compliment et tu n'arrives pas à le croire. Donner des compliments cela ne te fait pas peur, mais tu n'es pas habitué à l'inverse. C'est la goûte d'eau quand elle t'explique qu'elle est en ville depuis plusieurs jours, qu'elle a même pu inscrire votre fille à l'école. Ta tête fait des non de la tête, tu n'arrives pas à le croire. Ta langue qui passe entre tes lèvres pour exprimer ton mécontentement. "Je crois rêver." Tu n'arrives pas à dire mieux, tu ne veux pas lui manque de respect, mais cela te blesse, tellement. Elle continue, se fait passer pour la victime, alors que clairement, tu sais que c'est son choix d'être partie. "Ne fais pas ça! Tu ignores ce que j'ai ressentis quand vous êtes partis ! Ça c'est un crève coeur, toi c'est ton choix! Tu as décidé de partir!" Ce n'est pas elle qui cherchait désespérément le moindre signe, la moindre chance que sa famille puisse revenir.
Tu étais prêt à t'en allez, tu ne voulais plus l'entendre, tu ne voulais pas prendre le risque de retomber dans ses filets et puis elle te dit qu'elle veut tout t'expliquer. "Je t'écoute." Mais une part de toi, ne le souhaites pas, une part de toi arrivera-t-elle à lui pardonner. Tu es sceptique, tu es un homme assez rancunier quand tu t'y mets. Tu n'étais pas prêt à attendre ce qu'elle allait te dire. Tu ne connais pas ta belle-famille, elle t'a toujours dit qu'elle avait une famille particulière, mais tu pensais simplement qu'ils faisaient du cirque ou qu'ils étaient un peu trop stricte. À aucun moment, tu n'aurais imaginé que la famille de ta femme puis être plongé dans une quelconque histoire de ce genre. "Tu te moques de moi, tu sais, il suffit de le dire si tu ne veux plus de moi!" Puis elle continue et elle t'explique ce qui lui est arrivé avec ce taxi. "Attends quoi ... Mais .. Pourquoi tu ne m'as rien dit, à moi ton mari ?" Tu as beaucoup de mal à la croire. Tu fais parti de ses hommes qui ont besoin de voir pour croire. "Qu'est-ce qu'il a ton père ?" Tu as besoin de plus d'explication pour la croire.

Elle va pleurer, tu l'entends, tu le devines, sa voix tremble. Tu n'es habitué, ta femme est forte, elle cache ses émotions. Tu comprends que c'est les sentiments de trop, tu comprends qu'il faut qu'elle extériorise, mais tu ne veux pas bien. Tu n'arrives pas à penser à autre chose. Tu n'arrives pas à passer outre, tu as mal, tu souffres, ce poids dans ta poitrine, ses heures prés du téléphone tu n'arrives pas à les oublier. "Non, tu ne sais pas. Tu ignores ce que j'ai vécu. Tu ignores les heures que j'ai passé à tourner en ville pour vous chercher. Cette douleur au fond de ma poitrine quand je suis rentré chez nous et que toutes tes affaires s'étaient envolés. Quand tu m'as pris ma fille." Tu es énervé Sam, le ton de ta voix est formel. Tu pourrais être méchant, tu pourrais plus dure, mais tu n'y arrive pas. Tu es blessé, meurtrie, mais amoureux. Qu'est-ce qu'elle est belle! "Très bien." Tu n'as rien à ajouter, elle te montrera les lettres et peut-être que tu pourras la croire, à nouveau.
Tu souffles, tu en as marre de ses excuses. Si tu pouvais tu la prendrais dans tes bras, parce que tu l'aimes, parce qu'elle t'a manqué. C'est aussi pour ces raisons que tu ne peux pas le faire. "Évidemment que j'aurais tout fait pour te protéger, c'est mon rôle d'époux, de père. Mais tu as fait le choix de m'enlever de ta vie. Tu m'as enlevé la possibilité de choisir! Ne parle pas d'amour, tu es partie!" Tu es dur, mais cela fait si longtemps que tu souffres. Si longtemps que tu as perdus espoir. Quand on aime comme tu l'aimes, il est difficile de ne pas confondre l'amour et la haine. Elle te parle de son père de ce qui fait dans la vie. "Et tu pensais que ça changerait quelques choses ?" Tu n'es pas proche de tes parents. Tu ne l'as jamais été, tu as toujours été le premier à les critiquer. Tu n'aurais jamais jugé Karla pour son père. Même-si il fait ce genre de travail qui peut vous mettre en danger. Tu la regardes chercher dans sa poche un objet, elle te sort un smartphone. "Mais qu'est-ce que tu fais ?" Tu es fatigué, tu ne veux plus te battre. Tu ne sais pas quoi lui répondre quand tu vois le nombre de chiffres sur son compte en banque. "Nous étions une famille et tu as réussi à t'en défaire, tu devrais y arriver avec lui."

Tu es pris au tripe, Sam. Voir les larmes de la jeune femme couler c'est dur pour toi. Tu n'as jamais aimé ça. C'est comme des coups de poignard en pleins coeurs, mais tu ne peux pas te laisser amadoué, tu dois rester fort. Elle doit comprendre qu'elle a mal agi, elle doit comprendre que tu as été blessé. "Ne te cache pas derrière l'excuse de l'amour, tu m'as enlevé ma fille, tu m'as enlevé le droit de choisir. Même-si cette histoire est vraie, tu n'avais pas le droit de faire tout ça. Qu'est-ce qui t'a fait croire que j'étais incapable de vous protéger." Et là, la vérité t'arrive en plein visage, elle ne te croit pas assez fort pour les protégées. Elle ne te voit pas assez courageux pour être l'homme de la maison, ta masculinité en prend un coup. "Vulnérable tu dis, qu'est-ce que tu insinues ? Que je suis passé valeureux pour prendre soin de vous." La conversation commence à t'agacer, tu ne veux pas être grossier, tu l'aimes, mais qu'est-ce que c'est dur. "Tu me vois vraiment comme ça ?" Tu étais sincère plongeant tes yeux dans les siens.
Elle s'approche de toi et tu te recule. Une façon de te protéger, une façon de mettre ton coeur à l'écart, car tu n'as qu'une seule envie c'est de l'embrasser, tu n'as qu'une envie c'est de l'avoir près de toi. "Tu aurais dû en effet." Tu n'arrives pas à la regarder, tu l'as trouve si belle. Tu as tant rêvé de ses retrouvailles et elles étaient si différentes. "Pas autant que moi." Tu avais pleins de questions, mais tu les as oubliées. Elles ont disparues remplacé par ce sentiment de rage qui te tort l'estomac. Puis elle te parle de ta fille, la revoir, tu as si hâte. Tu es surpris d'apprendre qu'elle a changé de téléphone. "Très bien, on fait comme ça. J'ai hâte de retrouver ma fille."