Ça fait deux jours que je suis de retour à Berkley, deux jours que je suis de retour sur le sol américain avec Mason. J’ai du mal à me dire que je vais faire ma vie ici, que maintenant les voyages au bout du monde c’est terminé. Mais il y a Mason et même si j’ai encore du mal avec lui, même si j’ai du mal à m’occuper de lui, même si j’ai du mal à savoir comment on devient vraiment une maman, il a besoin de moi. Ce petit être n’a que moi, même si c’est essentiellement mon amie qui s’est occupé de lui ses premiers mois. J’ai appris à m’occuper de lui et je me sens prête à me débrouillé même si je sais que je vais vite prendre une nounou pour me décharger parfois. Quoi qu’il en soit, je suis en recherche active d’appartement, j’en avais vu un déjà avant de revenir au pays, mais en attendant, je vis chez ma mère. Avant de revenir, j’avais appelé ma mère, il y a quelques mois pour lui parler de Mason, je ne voulais pas qu’elle fasse une syncope. Je suis donc arrivé chez elle hier et le décalage horaire ce ressens que ce soit pour moi ou pour Mason. Il dort en décaler et la nuit il n’a aucune envie de me laisser dormir. Il doit être huit heure trente quand il s’endort enfin et j’en profite pour descendre et aller me faire un petit déjeuner digne de ce nom.

@Noah Coppola

Je suis tellement contente que Mason dorme enfin, j’ai juste envie de me poser avec un café devant la télévision en attendant que ma mère se lève. Je m’en veux parce que si elle dort encore à cette heure-là, c’est parce que Mason n’a pas voulu la laisser se reposer mais du coup je m’en veux vraiment. Je débarque chez ma mère malade avec mon fils qui ne peut pas s’habitué au décalage horaire en seulement deux ou trois jours. Je ne peux en vouloir à mon bébé, on doit avoir dans les douze heures de décalage horaire, pour moi, c’est déjà compliqué mais pour un petit gars de dix mois c’est forcément pire. Il a faim en pleine nuit et dors en pleine journée, c’est tellement épuisant. J’étais dans la cuisine en train de faire couler du café, cette odeur je crois que je ne m’en passerais jamais surtout en ce moment, mais je ne m’attendais pas à entendre une voix masculine dans mon dos. J’avais peur de me retourner parce que cette voix je la reconnaitrais entre milles, une voix qui m’a longtemps faite craquée et qui vient de me retourner l’estomac. Je prends mon courage à deux mains, pose ma tasse sur le plan de travail et me retourne pour faire face à Noah. « Salut » Je n’ai pas su quoi dire d’autre. J’ai peur de lui faire face après un an et demi loin de lui, après avoir refusé de rentrer pour lui chez nous. Il doit avoir des tonnes de questions qui tournent dans sa tête, pourquoi je suis là, pourquoi je n’ai pas prévenu de mon retour. Il doit me détester pour le mal que notre rupture a dû lui faire. Mais moi aussi j’en ai souffert, j’ai pleuré, longtemps.

Je ne savais pas en me levant ce matin que j’allais revoir Noah comme ça dans la cuisine de chez ma mère. Il y a des années cette image aurait été tellement naturelle mais aujourd’hui je sais à quel point il me déteste, à quel point il m’en veut de ne pas être rentré avec lui. Est-ce que c’est moi qui ai été égoïste de vouloir continuer de suivre mes rêves de vie ou est ce que c’est sa demande qui était égoïste, celle de me demander de tout plaquer par amour pour lui. Berkley n’était pas faite pour moi, et je pense que c’est toujours le cas mais maintenant qu’il y a Mason ma vie a radicalement changer. Je sens que Noah ne veut pas me parler, ni même me regarder. « J’ignorais que tu étais de retour. » « Je suis arrivé y a deux jours seulement, je.. je voulais t’appeler » mais j’étais pas encore prête. Voilà la fin de la phrase que j’aurais dû dire à voix haute, mais comment lui dire que le revoir me retourne l’estomac, tout en sachant qu’en une fraction de seconde notre fils, à l’étage, pourrait se mettre à hurler et encore plus me mettre dans une merde noire. J’ai peur oui, peur de lui avouer ce qui me ramène ici, peur qu’il rejette son fils. « ta mère est là? » « Elle dort encore » dis-je tout doucement. « On peut aller discuter dehors ? » Il fait assez bon ce matin avec ce soleil et je ne voudrais ni réveiller ma mère, ni mon fils. Je prends ma tasse de café dans mes mains et l’interroge du retard, pour savoir s’il compte venir discuter avec moi ou me fuir encore une fois.

Je savais que me retrouver en face de Noah ne serait pas simple, je sais qu’égoïstement il me déteste. Je n’ai pas voulu le suivre certes mais il n’a pas voulu rester non plus quand je le lui ai demandé. La meilleure chose à faire à ce moment là c’était de suivre chacun notre route j’en suis consciente. Une seule chose m’aurait fait rentrer avec lui ce jour-là, si j’avais su que j’étais enceinte pare que je n’aurais pas eu à vivre ça toute seule mais je n’aurais pas eu à attendre ses longs mois pour que Mason puisse prendre l’avion. Quand j’annonce à Noah que je suis ici depuis seulement quelque jours et que je voulais l’appeler je me prends une véritable claque. Ce n’est pas ce que je voulais dire, je voulais juste parler de mon retour mais sur le coup j’ai eu du mal à répondre, le pieu qu’il venait d’enfoncer dans mon cœur faisait bien trop mal. C’est les yeux surement brillant que je lui ai répondu « Tout comme toi » Après tout IL est parti, IL m’a abandonné là-bas, IL a remis en cause tout ce qu’on avait fait ensemble là-bas et c’était moi la méchante ? C’est tellement facile. De peur que le ton monte, après lui avoir dit que ma mère dormait encore, j’ai proposé d’aller simplement discuter dehors, ce qui lui donnait également l’occasion de fuir encore une fois. « T’a l’air en forme. » Ca fait des mois que je ne suis plus que l’ombre de moi-même, la version de moi qui ne s’endors que parce que pleurer l’a fatiguée. « Si tu le dis » Je m’assois et viens prendre une gorgée de mon café avant de lever les yeux vers lui. « Je peux savoir pourquoi tu es venu voir ma mère ? » Pour un mec qui n’en a tout simplement plus rien à foutre de savoir comment je me porte, pourquoi est-ce qu’il vient voir ma mère. Je ne comprends pas, je ne le comprends plus depuis si longtemps. Est-ce que je devrais lâcher ma bombe maintenant et lui parler de Mason ? Au point où on en est, il me déteste déjà.

Bien sûr que revoir Noah me fait quelque chose parce que je serais toujours éperdument amoureuse de lui, surtout quand je regarde Mason, il ressemble de plus en plus à son père et je ne pouvais pas décemment continuer de vivre dans le mensonge, ou plutôt dans le silence. J’ai besoin de lui dire ce qu’il s’est passé dans ma vie quand il est parti. Ce regard qu’il pose sur moi plein de déception je le connais que bien trop. « Je t’ai supplié de m’accompagner Lo... » « Et je t’ai demandé de resté avec moi, tu savais que ma place était là-bas » J’ai toujours eu ce besoin de me sentir utile pour quelqu’un et je savais que nulle part ailleurs dans le monde on avait plus que besoin de moi que dans ce village de Thaïlande dans lequel j’ai passé mes deux dernières années. Aujourd’hui si je n’avais pas été si mal du départ de Noah et si je n’avais pas eu Mason, je serais surement encore au bout du monde. On fini par aller dehors pour ne pas réveiller ma mère mais surtout mon fils parce que je ne veux pas qu’il l’apprenne en l’entendant pleurer, je veux avoir le temps de lui dire moi-même. Je veux tout d’abord savoir pourquoi il est venu voir ma mère ce matin avec le petit déjeuner, je me doute qu’a son retour ici il a renoué avec elle parce qu’il l’a toujours beaucoup aimé, tout comme elle a toujours adoré Noah. « Ta mère est ce qui se rapproche le plus d’une mère pour moi. Depuis mon retour, je suis à ses côtés. Je lui dois bien ça. » Bien entendu que je m’attendais à sa réponse. « Merci, d’être là pour elle. » Je sais que c’est moi qui aurais dû être là mais dans chaque appel elle me disait elle-même qu’elle était fière de ce que je faisais et ce même si je lui maquais beaucoup. Oui ma mère m’a énormément manqué et elle a d’ailleurs était la première au courant de mon retour et en même temps je n’ai prévenu que ma mère, mon frère et ma sœur.

J’ai cette boule dans le ventre, celle qui me pousse à vouloir lui parler de Mason, de son fils, de notre enfant. Comment pouvait-il me croire ? Il allait surement me dire que j’avais 9 mois pour l’appeler puis les 10 mois de vie de notre fils pour encore prendre la décision de lui dire ce qu’il se passait. Mais j’ai perdu pied, à la minute où il m’a dit adieu dans ce pays qui est devenu gris et terne sans lui. Cette dépression qui m’a bouffée à petit feu m’a fait me mentir à moi-même. J’en suis arrivé à ne pas me rendre compte que j’attendais un bébé, mon cerveau a rejeté ce bébé pendant que mon corps me le cachait, comment on doit se faire à ce genre de chose quand on accouche du jour au lendemain d’un bébé dont le père est à l’autre bout du monde ? J’ai souffert et je sais que j’ai fais souffrir mon fils de cet absence. Sans mon amie infirmière, je ne sais pas comment aurait commencé la vie de ce pauvre petit garçon que j’ai rejeté si longtemps, sans elle nous n’aurions plus aucun lien.
Noah de son côté est rentré ici pour je ne sais quelle raison et il est venu tenir compagnie à ma mère, il a fait ce que j’aurais dû faire j’en suis consciente mais je ne me suis jamais senti à ma place dans cette ville, je me sens inutile, invisible. Il était normal pour moi de remercier Noah pour ce qu’il fait pour elle, pour sa présence auprès d’elle. Mais la question est tombée, la fameuse question. « Pourquoi t’es revenu... ? Pourquoi maintenant Lo... ? » « Je… » Comment dire ça sans m’effondré en larme. Je m’assois et fixe le sol. « Il y a dix mois, je suis tombé malade, enfin c’est ce que je pensais. Une nuit j’ai été prise de crampe horrible et… » Je sentais déjà mes yeux devenir humide, brillant mais j’avais commencé, il était trop tard pour me défiler. « J’ai accouché, d’un bébé dont je ne connaissais même l’existence, un bébé que j’ai rejeter » Une larme coule sur ma joue, je m’en veux tellement d’avoir repousser cet enfant, mon bébé, qui avait tellement besoin de moi. « Il s’appelle Mason, j’ai attendu qu’il ai l’âge de prendre l’avion, voilà pourquoi maintenant.»

C’était tellement compliqué, tellement dur de dire tout ça à Noah, de remonter ces quelques mois, de revivre la nuit de mon accouchement, la peur, la solitude de cette nuit d’Avril 2020 et cette souffrance. J’ai accouché sans avoir été préparée une seule seconde et surtout d’un bébé dont je ne voulais pas initialement. Si je n’avais pas eu une super amie là-bas, mon fils aurait fini par être adopté par une mère bien plus compétente que moi mais je ne regrette pas d’avoir fait des efforts, d’être devenu une maman pour lui. Je ne suis peut-être pas la meilleure, loin de là mais je l’aime et c’est tout ce qui compte pour le moment. Il fallait que j’en parle à Noah, alors je lui ai raconter ces crampes, ce moment où je pensais être malade et la nuit où j’ai accouché. Je lui ai dans la foulé apprit que j’avais un petit garçon que j’avais appeler Mason. J’ai relevé la tête quand il a repris la parole et j’ai bien entendu vite vu qu’il avait du mal a assimilé, il n’avait visiblement même pas eu l’idée qu’il pouvait être le père de mon fils, et pourtant. « On a un enfant Noah, Mason est ton fils » Je suis persuadé qu’il ne me croira pas si facilement mais s’il faisait un peu de calcule, j’ai accouché en Avril 2020 alors qu’il m’a quitté à peine sept ou huit mois avant. Je sais que dans ce genre de situation il ne peut pas être assez lucide pour calculer. Mais quand il verra Mason, ça lui sautera aux yeux, ma mère me l’a dit elle-même, c’est portrait craché de son père quand il était petit. « Je… je suis désolé de revenir avec ce genre de nouvelle, je n’y étais pas préparée non plus, j’ai été prise de court mais j’ai appris à l’aimer. » Les yeux toujours brillant, une énième larme coulant le long de ma joue. Je donnerais ma vie à mon fils et je le lui dois bien.

Tout avouer à Noah était quelque chose de très compliquée pour moi, lui dire pour cette grossesse que j’ai complètement reniée, ce déni que mon corps à fait, ce rejet que j’ai moi-même fait de mon propre fils et cette relation compliquée que j’ai avec Mason. Tout était dur à avouer que ce soit à Noah ou à moi-même. J’aime Mason du plus profond de mon cœur mais je sais que j’ai été une bien mauvaise mère à sa naissance. Prendre en pleine face le rejet de cette nouvelle par Noah est douloureux, il ne me croit pas mais qui lui en voudrait, revenir plus d’un an après avec un bébé dans les bras, qui me croirait de toute façon. Je m’étais préparé à cette éventualité, celle qu’il veuille couper les ponts, ne rien vouloir avoir à faire avec moi et notre fils. Je n’étais pas venue pour obtenir quoi que ce soit de lui, juste qu’il sache la vérité, soulager ma conscience dans un sens. « Je ne te forcerais jamais à l’accepter » La vérité était là, si Noah n’en voulait pas, c’était à lui de voir, à quoi ça servirait que je le force pour qu’il me déteste encore plus. « Ma mère est au courant depuis un mois je dirais, je me devais de la prévenir de mon retour » Surprendre ma mère de mon retour et de la naissance d’un enfant lui aurait fait un trop grand choc que je redoute avec sa maladie, je ne voudrais pas être une source de stresse pour elle et elle a merveilleusement bien accepter Mason. C’est le regard froid que Noah me demande ce que j’attends de lui avec tout ça. « J’attend rien Noah, je suis capable de m’occuper de lui toute seule, je voulais que tu le saches » Noah a le droit de savoir qu’il est le père de Mason comme il a le droit de ne pas vouloir de lui dans sa vie, ni de moi d’ailleurs. Il a eu le cœur brisé surement autant que moi quand il a quitté le pays où nous nous trouvions.

Je n’avais sincèrement pas imaginé nos retrouvailles comme ça et encore moins lui parler de Mason de cette façon. Je m’en veux que ce se soit passé comme ça mais les choses sont faites et je peux plus revenir en arrière. Je lui précise bien que je ne le forcerais jamais à accepter son fils, maintenant qu’il connait son existence libre à lui d’ignorer sa présence ou de s’intéresser à ce petit gars. Il me demande aussi si ma mère était au courant de la naissance de mon fils. Je lui explique calmement que ma mère est au courant depuis seulement un mois, que je me devais de le prévenir de mon retour pour qu’elle ne soit pas trop choquée de l’arrivée de sa fille avec un bébé. « évidemment. » Je sens qu’il en veut à ma mère d’avoir apprit tout ça sans rien lui dire. « Tu comprends bien qu’elle pouvait pas t’en parler, que c’était pas à elle de faire ça » Quand je suis rentrer ici je ne savais même pas que Noah était encore aussi présent pour ma mère et je ne savais pas trop si je le reverrais si vite. Je n’ai pas eu le temps de réfléchir, moi qui avais déjà du mal à me faire à ma vie de maman. Je prends un peu mal que Noah me demande ce que j’attends de lui, comme si j’étais devenue une fille vénale et opportuniste, je lui réponds un peu sur le nom vexée que je n’attends rien de lui, que je suis capable de m’occuper de Mason toute seule.« Je sais pas quoi te dire Lo'.. je sais pas ce que je suis censé dire et faire en apprenant que tu m'as caché ça.. j'sais pas.. les téléphones ça existe. » « J’en avais pas la force, j’ai mis des mois a accepter Mason et j’avais peur de me faire rejeter en un appel, aujourd’hui si tu pars et que tu décides de m’ignorer le reste de ta vie, j’y suis préparée. » Je viens finir mon café et posé la tasse au sol quand j’entends ma mère arriver, elle allait me parler de Mason quand elle croise le regard de Noah. Elle me dit simplement qu’elle a besoin de moi en haut, je comprends vite qu’elle parle de mon fils. Je me lève et regarde ma mère les yeux mouillé. « Il sait tout » dis-je en entrant dans la maison pour aller voir mon fils dans ma chambre. Je me doute que si je redescends avec Mason, Noah va m’en vouloir alors je vais devoir attendre que ma mère remonte et peut être que Noah sera juste partie.

« Tu penses que ça a été facile de te voir choisir cette vie ici plutôt que moi ? » voilà la dernière chose que je lui ai dit avant de m’excuser pour monter m’occuper de mon fils. Quand je redescends de l’étage je sais très bien que Noah ne sera plus là, il n’a aucune envie de me voir et encore moins de voir Mason. C’est dur pour moi mais je savais que ça se passerait comme ça. Et je ne me suis pas trompé, ma mère me voit en bas de l’escalier, me disant qu’il est parti. Je la remercie et remonte m’occuper de mon fils, histoire de ne pas plus ruminer que ça sa réaction. Je savais que revoir Noah me ferais mal au cœur mais je ne pensais pas avoir autant mal.

RP CLOS