La reprise avait été très compliqué pour toi. Tu avais repris la route de ton ancien travail, tu n’avais pas d’autres choix, mais ce n’était pas plus mal. Tu ne pouvais pas rester à ne rien faire, à tenter de te souvenir de la totalité de tes souvenirs alors que le meilleur endroit était là-bas, à la base. Tu savais que ça allait être compliqué, pour toi comme pour Kiara que tu venais à peine de retrouver, peut-être même pour Zola, tu ne savais pas trop la pensée de la jeune femme. A chaque fois qu’elle parlait de ça, elle ne parlait pas en son nom mais pensait d’abord à Kiara. Quoi qu’il en soit, pour toi, ça a été compliqué de te retrouver dans ta petite chambre du jour au lendemain. Tu te persuades que c’est provisoire, tu te dis que tu vas tenter des formations pour partir, tu remettais beaucoup de choses en question, mais en retournant travailler, tu seras déjà fixé sur ton envie de rester ou non. Les premiers jours sont compliqués mais plaisant à la fois, tu retrouves tout le monde, tu es plutôt content à vrai dire, même si ta rencontre avec Nell à Berkeley te laissait un goût amer, d’ailleurs, tu ignorais quand elle aussi serait de retour... Tu ne sais pas trop comment prendre votre discussion lors de vos retrouvailles. Encore une fois, ça te laissait un peu perdu. Mais elle va revenir, et tu arriveras à faire repartir votre amitié, ce n’était pas possible autrement, tu avais bien trop besoin d’elle dans ta vie. Ta chambre, partagé avec un autre militaire ressemblait à une garderie tant il y avait des dessins d’accroché. Entre lui et ses deux enfants et toi, avec les dessins que Kiara te faisait à chaque fois, la tapisserie était refaite à neuf. Mais c’est marrant, maintenant, tes discussions étaient tournées sur ta fille, d’ailleurs, ça en étonne plus d’un dans ton équipe, tu es parti, célibataire sans enfant, tu reviens, avec une fille et une jolie blonde que tout le monde pensait avec toi. Zola. Tu tournais en rond avec elle, et si tous les moments que tu avais passé avec elle et Kiara t’ont bien persuadé d’une chose, c’est que tu ressentais toujours quelque chose pour elle. Et pour ça, tu avais besoin de partir pour vraiment t’en rendre compte. Mais c’était bien trop compliqué, toi ici, elle là-bas, était-tu prêt à perdre ce que vous aviez réussie à reconstruire en lui avouant ce que tu ressentais ? Tu ne savais pas trop. Une bonne nouvelle te sortie de tes pensées, cette semaine, ta permission commençait jeudi midi, à la place de vendredi soir. De quoi égayer ta journée. Tu ne traînas pas une seule seconde, tu avais déjà un plan en tête. Le temps de faire la route, tu arriveras pile à l’heure où Kiara terminait l’école. Rapidement, tes affaires étaient rangées dans le coffre et tu avais déjà le pied sur l’embrayage. Tu jettes un coup d’œil au GPS, parfait. Et tu étais en route. Tu avais déjà pris l’habitude de la route, elle n’était pas désagréable et tu prenais parfois le temps de passer par des petits chemins pour être tranquille. Aujourd’hui, il n’y avait pas grand monde sur la route, c’était plus calme contrairement au vendredi soir quand tu rentrais habituellement. Tu avais dix minutes d’avances quand tu te garas sur le parking de l’école. Toi et ta précieuse organisation, tu tentes de couvrir le cadeau d’anniversaire à Kiara un peu à la vas-vite avec du papier cadeau ressemblant à... à vrai dire, tu ne vois pas trop ce que c’est, c’est ce qu’il restait à ton collègue. Au loin, tu vois Zola devant l’école, tu te décides à la rejoindre. Elle risquait d’être étonné, tu avais pris le soin de ne rien dire. Tu passes parmi les mamans qui attendaient impatiemment l'arrivée de leurs enfants et tu arrives derrière Zola. " Je suis censé faire une surprise à ma fille, tu penses que je suis assez présentable ? "

Depuis la reprise, tu ne pouvais pas te plaindre, ton chef te laissait reprendre en douceur et ne t’obligeait à rien, même si toi de ton coté, tu voulais montrer que tu étais vraiment revenu et pas pour flâner. Mais tu appréciais tout de même de rentrer pus tôt que prévu et faire la surprise à Kiara, tu savais qu’elle en serait super heureuse. Tu essayes de l’appeler le plus souvent possible, lui montrer que tu ne l’abandonnes pas, loin de là et que tu étais toujours présent. Et même si c’est compliqué, tu sais que les week-ends avec elle sont encore plus magiques. Tu étais arrivé pile à l’heure, peut-être même un peu avant, tu n’avais jamais compris les horaires de l’école, de toute évidences, Zola était beaucoup mieux entraîner que toi. D’ailleurs, tu rejoins la jeune fille qui attendait votre fille. Qui l’eut cru que tu te serais retrouvé devant une école, attendant ta fille, si on t’avait dit ça, jamais tu ne l’aurais cru. Tu es parti à l’armée, célibataire et loin d’avoir envie de rencontrer quelqu’un. C’est simple, tu ne pensais qu’à Zola et tu savais d’avance que ça n’arriverait plus. Alors te voir là, à ces côtés et ceux de ta fille, non, tu n’y croyais pas. Oh, ça pouvait être davantage parfait, tu le sais, et c’est aussi comme ça que tu ressens les choses quand tu es avec Zola, mais tu sais aussi que votre situation est enfin « stable » et qu’il ne valait mieux pas tout gâcher. Au fond, tu ne savais même pas où en était Zola dans sa vie amoureuse. Et même toi, bien que, depuis que tu étais reparti à l’armée, tu te rendais compte qu’elle était présente dans tes pensées plus que tu ne l’aurais cru. Mais, retour à la réalité. « Tu pensais bien. Et non, je n’ai pas eu besoin de m’enfuir. Mais si c’étais le cas, tu me cacherais j’espère ? » tu rigoles, mais il ne fallait pas blaguer avec ça. Tu avais connu une personne qui avait déserté, mais il s’était vite fait attraper mais tu ignores la suite. « Je crois que mon supérieur veut me faire reprendre tout en douceur et j’vais pas m’en plaindre. » Ce n’était pas un traitement de faveur non plus, tu sais que ton collègue, aussi papa, était reparti en même temps que toi.

Plus le temps passait, et plus tout devenait plus simple avec Zola. Vous avez appris à vivre « ensemble » quelque part et tu étais content de voir que rien, ou presque rien, n’avait changé. Tout était naturel entre vous et c’est ça que tu appréciais. Au fond, tu sais que la situation est loin d’être aussi simple, bien qu’elle s’était nettement améliorée depuis ton réveil du coma, et heureusement, mais cette situation actuelle te plaisait. Tu apprenais à vivre en tant que père et Kiara illuminait tes journées. Tu n’échangerais ça pour rien au monde. Tu arrives à être naturel avec la jolie blonde, comme si n’avait changé, même si entre vous, tout avait changé. Tu ignores ce que vous êtes si ce n’est que vous êtes les parents de votre fille Kiara. Pour ce qui est de vous deux, tu es certain que Zola était aussi perdu que toi. Tu avais réussi à savoir si Zola voyait quelqu’un à côté, et tu étais soulagé de voir que non, du moins, selon ta source, qui n’est autres que ta fille. Mais étant donné tous les moments que tu avais passé avec Kiara et Zola, tu l’aurais su s’il y avait un homme dans sa vie. Tu ignorais si après toi, Zola avait retrouvé quelqu’un, si elle avait tenté de vivre une histoire et ce n’était pas le genre de conversation que tu pouvais entamer avec elle. Et c’est d’ailleurs là que tu te rendais compte à quel point tu tenais encore à elle, le fruit interdit, celle qui te rendait fou même si tu savais qu’une histoire entre vous était impossible, rien n’avait changé depuis le temps où vous étiez juste deux jeunes qui se cherchaient du regard sans avoir le droit à plus. De ton côté, tu n’avais jamais tourné la page. A vrai dire, tu te souviens avoir parlé de Zola à longueur de temps la première année quand tu es arrivé à la base militaire. Aujourd’hui encore, tes collègues que tu venais de retrouver te tannent pour savoir si tu avais retrouvé cette belle blonde qui te faisait chavirer. « Je te prend au mot fait gaffe. » tu rigoles légèrement, tu repenses à un de tes anciens collègues qui pour le coup, avait vraiment déserté. D’ailleurs, tu ignorais ce qu’il était devenu.. Et tu ne voulais pas savoir. « Si tu me prends par les sentiments. » la nourriture chez les Davies, c’était sacrée. Et tu ne pouvais pas refuser une soirée pizza, encore moins avec ta fille et Zola. « Tu es sûr que ma présence ne dérangera pas ? » tu sais bien que non, Zola ne dit jamais rien au hasard et quand elle propose quelque chose, c’était par envie, mais dans cette phrase, peut-être voulait-tu savoir si quelqu’un l’attendait. Mais pour ça, tu fais confiance à ta fille, ses informations devaient être bonnes. « J’ai assez étudié la chose pour savoir qu’ils ne laissent pas les enfants à de parfaits inconnues. » Tu n’étais jamais venu à l’école, du moins, les seules fois, quand tout était encore nouveau pour toi, tu attendais Kiara et Zola près de la voiture. Les maîtresses ne t’avaient jamais vue. « Je te suis. » dis-tu en montrant la grille.

Tu savais qu’avec cette remarque, tu décèlerais l’information que tu cherchais, à savoir, si Zola avait quelqu’un dans sa vie. Même si ta petite blonde t’avait déjà fait entendre qu’il n’y avait personne dans la vie de sa mère, tu voulais mener ton enquête. Même si tu ignorais ce que vous étiez l’un pour l’autre, tu ne pouvais nier l’évidence que Zola était ancré en toi, et tu t’en étais rendu compte depuis que tu avais repris le travail. Tu ressentais à nouveau ces sentiments que tu avais eu étant plus jeune, mais les choses de la vie font que rien n’est simple et qu’il fallait que tu taises ses sentiments. Tu souris à la remarque de Zola, « Ah oui, j’ai cru comprendre. C’est d’ailleurs pour elle que je suis là, mais lui dis rien s’il te plaît. » Tu rigoles en pensant à ta petite princesse. Tu avais hâte de la revoir. Si on t’avait dit il y a quelques mois que tu serais là aujourd’hui, tu aurais certainement éclaté de rire. Toi, avoir un enfant avec Zola ? Ce n’était même pas imaginable. Le simple fait de lui avouer tes sentiments à l’époque, c’était déjà interdit, alors, avoir un enfant avec elle, même pas en rêve. Et pourtant. Mais pour en arriver là, il y a beaucoup de casse. À commencer par Marcus. Zola te demanda d’ailleurs si tu avais eu des nouvelles. Tu avais réussi à avoir une discussion avec lui quand il était revenu dans le coin. Une discussion qui avait été calme et posée, ce qui t’avait plutôt étonné, mais tu ne t’en étais pas plaint. Il t’avait dit qu’il avait besoin de temps pour digérer la nouvelle, que tu l’avais déçu et évidemment, que votre amitié ne s’en remettrait pas. Mais ça, malheureusement, au moment où tu avais passé la nuit avec sa sœur, tu savais que ton amitié avec Marcus s’arrêterait si ça venait à se savoir. Marcus ne voulait pas te voir avec elle, et même aujourd’hui, avec Kiara dans l’équation, ça ne changeait rien. Tu ne pouvais pas le forcer à rester amis avec toi, tu ne savais que trop ce que savais d’être trahi, mais au fond, tu gardes toujours un petit espoir qu’il revienne et que votre amitié redevienne celle qu’elle a été autrefois. « Après qu’on s’est expliqué il y a quelques semaines, il a vaguement répondu à mes messages et..» tu la regardes et tu vois bien qu’elle aussi en a beaucoup souffert. Tu comprenais qu’il te tourne le dos à toi, son meilleur ami, mais tu ne concevais pas le fait de tourner le dos à Zola, sa sœur. Il pouvait lui en vouloir, mais il aurait dû rester présent pour elle. Tu n’avais pas envie de lui rabâcher ce qu’elle savait probablement déjà. « Plus rien. J'ai fini par me faire une raison. » Tu changes rapidement de sujet en montrant la grille de la tête et tu suis Zola. Vos mains se frôlent et tu avais l'impression que ça ne la gênait pas plus que ça, mais ça serait bien trop fou de lui saisir sa main, pas ici. Tu regardes les enfants sortir et courir vers leurs parents respectives, c'était marrant, tu n'avais pas l'habitude de tout ça. À son tour, Kiara sortit de l'école et tu attendais avec impatience qu'elle te repère. Le sourire aux lèvres quand tu l'a vois, tu lui tends tes bras avant qu'elle n'arrive en courant, sautant dans tes bras. Elle t'avait tellement manqué. Tu espérais que cette situation change rapidement avec ton travail. « J'ai cru comprendre qu'il y avait une soirée pizza ce soir, tu m'inviterai bien à venir manger ? » Son sourire au coin, elle était heureuse et ça, ça n'avait pas de prix.

Ta nouvelle vie te rendait heureux Jay, du moins Kiara te rendait heureux. Est-ce que la reprise de l’armée était bien ? Tu avais du mal à savoir si tu voulais continuer dans cette voie. Évidement, l’armée c’était ton rêve de gamin, et tu te souviens encore des épreuves que tu avais passé pour en arriver là, tu t’étais battu et tu avais réussi. Tu en étais fier. Mais tout avait changé, d’un côté tu voulais arrêter pour changer totalement de branche et rester auprès de Kiara et de l’autre, tu étais tellement habitué au front que tu ne te voyais nulle part ailleurs. Il y avait bien une personne avec qui tu pouvais parler de tout… mais tu avais trahi cette personne et tu avais tout gâché entre vous. Avec un peu de recul, tu ne regrettais rien de ce qu’il s’était passé, peut être que tu aurais pu agir autrement, certes, mais si c’était à refaire, tu ferais tout de la même façon. D’ailleurs, Zola te demanda si tu avais eu des nouvelles de ton meilleur ami. Pouvait-tu encore considérer que Marcus était ton meilleur ami ? Toi, oui. Tu étais bien trop fier pour l’avouer, mais il te manquait énormément. Mais au delà de tout, tu es déçu de lui, déçu d’avoir coupé les ponts avec sa soeur, et sa nièce. Est-ce que tu pouvais y faire quelque chose ? Non. Tu voyais bien que ça rongeais Zola, et quelque part, tu avais envie de retrouver Marcus et de le secouer. Il avait le droit de t’en vouloir, mais il n’avait pas le droit de tourner le dos à sa soeur. Instinctivement, tu met ton bras autour d’elle, tu as juste envie de la rassurer, d’enlever cet air triste de son visage. « Il reviendra. Pour Kiara. » tu espérais qu’il ne gâche pas sa relation avec ta petite blonde à cause de sa fierté, mais malheureusement, tu n’étais pas sur. La venue de Kiara au loin changea aussitôt le visage de la jeune maman pour afficher un large sourire. À ton tour, la venue de ta fille te sortait de tes pensées pour Marcus et une fois Kiara arrivait à votre niveau, tu l’a pris dans tes bras pour lui faire un gros câlin. La soirée pizza avec toi enchantait la petite blonde qui demanda aussitôt à sa mère si elles pouvaient passer par le parc pour rentrer. Quand Zola te proposa de venir, tu jetais un coup d’œil à ton portable, tu avais juste dis à ta mère que tu passerai lui dire bonjour mais tu avais le temps. « Vas pour le parc ! » avant ça, tu fis signe à Zola de t’attendre, tu passa rapidement à ta voiture pour récupérer le cadeau pour Kiara. « Tiens princesse, ça c’est pour toi » tu attends qu’elle attrape le cadeau et tu refouilles dans ton sac avant d’en sortir un petit paquet et tu le tends à Zola accompagné d’une lettre. « C’est.. enfin j’ai retrouvé ça dans ma chambre à la caserne. Je suppose que je comptais te l’envoyer un jour ou l’autre. »


Je met pas les couleurs, c’est trop galère sur mon portable mais je voulais trop répondre et pour les cadeaux, je te laisse décider.

Quelque part, tu savais que tôt ou tard Marcus reviendrai. Et à ce moment-là, le temps aura pansé les blessures, il pouvait-être rancunier, mais à la longue, il pardonnera. Tu étais assez patient pour l’attendre, ça restait ton meilleur ami, lui laisser le temps de digérer cette histoire était la moindre des choses à faire. En attendant, tu espérais qu’il fasse un effort de revenir vers Kiara, sa petite nièce. Le connaissant, il avait dû partir en vadrouille, et d’ailleurs, ça ne t’entonnerait même pas qu’il soit parti avec tes frères qui sont partis en Australie pour un énième road trip. Tu savais qu’il adorait les jumeaux et que ça le tentait de partir avec eux. Tu n’avais pas trop de nouvelles des jumeaux, la reprise de ton boulot y’avait accaparé beaucoup de temps et même si tu suivais les péripéties de tes frères sur Instagram, ils te manquaient énormément. L’arrivée de Kiara te sortit de tes pensées et ta petite blonde réclama un petit tour au parc. Quand Zola te proposa de venir, tu acceptas avec plaisir. Tu n’avais rien de prévu si ce n’était que de passer voir ta mère avant de repartir le dimanche. Avec toi qui était reparti à l’armée, tes frères en Australie et maintenant, Maddie qui était parti en formation à quelques heures d’ici, ca lui faisait étrangement bizarre de se retrouver seule. Avant le parc, tu passa rapidement à ta voiture récupérer le cadeau de Kiara qui n’attendit pas une seule seconde pour l’ouvrir, et au vue de son visage, tu avais bien choisi le cadeau de la demoiselle. Une chance que Maddy t’ai conseillé. Tu tends à Zola un paquet avec une lettre, que tu avais retrouvé dans tes affaires. Avec le temps, tu te souvenais plus du tout de ce que tu avais écris, d’ailleurs, ça t’étonnait même, mais en relisant tes mots, tu comprenais pourquoi tu l’avais écrites. Tu avais mis des mots dur ce qu’il s’était passé entre vous, sur ce que Zola avait changé dans ta vie depuis toujours et sur ce que tu aurais pu espérer si tu étais resté près d’elle. «  Tu fais comme tu le sens. Mais.. ça aura le mérite de nous faire tourner la page. » vous n’aviez jamais eu de réel conversation concernant cette nuit, vos sentiments, toute cette histoire avait juste été mise en suspens et en relisant la lettre, tu savais que ça pourrait aider à mettre un point final à cette histoire. Tu n’en étais pas vraiment persuadé, il fallait l’avouer, mais tu pensais tout ce qu’il y avait dans cette lettre. Zola était libre de la lire ou de la déchirer. Peut-être qu’elle ferait mieux de la déchirer pour ne pas avoir à revivre dans le passé. Tu te devais juste de lui donner.

Débrouille toi avec ça    

Était-ce une bonne idée de lui donner ça maintenant après tout ce temps ? Est-ce que tes mots étaient encore valable ? À vrai dire, c’était peut être égoïste, mais tu en avais besoin, peu importe ce que ça lui ferait, tu avais besoin de lui dire, besoin qu’elle sache qu’à ton retour, tu étais près à aller parler à Marcus, que tu voulais revenir de tes permissions pour passer tous tes week end avec elle, que ce que tu ressentais pour elle était bien plus fort qu’un simple flirte. Et tu n’as jamais eu l’occasion de l’envoyer, tu as eu peur, mais tu pensais toujours ces mots. Et aujourd’hui ? Quand tu relisais ses mots, ça t’a fait replonger, oui, tu éprouvais quelque chose pour Zola, tu avais tenté de cacher ça mais tu t’étais résolu, et en donnant cette lettre, ça t’aiderai à savoir ce qu’elle ressentait de son côté. Alors oui, ça aura le mérite de vous faire tourner la page à tous les deux, quelle que soit ce que vous décidez. Zola, tu la connais bien, même très bien. Vous avez beau avoir été séparé durant quelques années, elle n’avait pas changé pour autant et tu savais à cet instant que tes mots avaient eu un impact sur elle. Tu avais agis maladroitement, mais ça, c’était tout toi, tu manque de tact et tu sais que la, tu ne peux pas rattraper la chose. Alors, Kiara est votre échappatoire, c’était si simple de changer de sujet avec elle à vos côtés. Et puis vous marchez dans le parc, Kiara passait devant, courant partout, courrait après un papillon tout en allant sentir les fleurs qu’elle pouvait trouver.

Tu te doutais bien que donner la lettre maintenant n’était pas forcément la meilleure des idées que tu as eues. Mais tu avais besoin de partager ce que tu pouvais ressentir à l’époque et même encore maintenant. C’était encore trop flou pour l’affirmer et d’ailleurs, c’est aussi pour cette raison que tu voulais qu’elle la lise. Tu avais besoin de savoir si ces mots l’affectais, si elle aussi était aussi perdu que toi, si elle aussi, pouvait ressentir encore quelque chose aujourd’hui. Au fond de toi, tu n’avais pas de doute, tu sais très bien que Zola était la femme de ta vie, tu le sais depuis la première fois où tu l’avais rencontré, tu le sais parce que toutes les autres filles avec qui tu avais pu avoir une brève histoire, ça ne te convenait jamais, elles n’étaient pas Zola. Alors oui, tu n’avais pas de doute là-dessus, tu craignais juste de perdre ce que vous avez réussi à réparer depuis ton retour. Tu n’avais pas envie de gâcher tout ça, Kiara vous voyait heureux comme ça et finalement, n’était-ce pas le plus important ? Son bonheur à elle, votre petite blonde. Et alors que Zola brisa cette petite gène qui s’installait tout doucement entre vous, tu restas d’abord silencieux à sa question. Tu aurais pu lui dire la vérité, tu aurais pu lui dire que oui, c’était super d’avoir retrouvé tes collègues, mais au fond, ton poste actuel était tout simplement trop nul pour que tu puisses t’épanouir. Mais tu ne peux pas lui dire. Parce qu’elle sait très bien pourquoi tu as fait ça, tu l’as fait pour Kiara et tu connaissais assez Zola pour savoir qu’elle culpabiliserait, parce qu’elle est comme ça Zola. « Ouais, c’est cool de retrouver tout le monde. » Et tu le pensais. Tu avais pu te rappeler d’énormément de choses grâce à ton retour et ça t’avait fait du bien. Tu te surprenais à parler comme un papa poule, Kiara était devenu la mascotte de la caserne, votre histoire à Zola et toi avait émue beaucoup de tes collègues « Le boulot est très.. différent de ce que je faisais, mais c'est cool. Et puis, ça a l'avantage de me laisser mes week-end pour revenir voir Kiara. » Et c'est tout ce qui comptait à tes yeux. Tu étais prêt à tenir ce rythme jusqu'à la fin de ton contrat, il ne restait pas bien longtemps, et après ça, tu reviendrais en ville. Tu avais déjà parler avec ton père pour tenter de rentrer dans la police, tu penses que ça pourrait te plaire, mais rien était encore fait.

A la remarque de Zola, tu te poses cette fameuse question. Etais-tu heureux Jay ? Tout te paraissait tellement simple avant ton coma. Tu avais l’impression d’avoir ta vie que tu rêvais tant, tu faisais le boulot que tu rêvais de faire, tu faisais ce que tu voulais de tes permissions, tu ne devais rien à personne. Etais-tu heureux pour autant ? Avec tout ce qui s’était passé depuis, tu te rends compte que non. Depuis Kiara, tu aimes cette vie et là oui, tu pouvais dire que tu vivais sur un petit nuage. Tu ne pensais pas qu’elle aurait changé si soudainement ta vie et pourtant, voilà. Tu comprends rapidement que Zola te connait toujours autant qu’avant, tu sais qu’elle est sincère dans ses paroles, mais pour autant, tu ne lui diras pas. Malgré tout ce qu’il s’était passé, tu aimais la voir heureuse comme ça, tu savais que ta présence lui apportait de bonnes choses, et tu n’avais pas envie de casser ce petit truc entre vous trois. Surpris par ce qu’elle venait d’avouer, tu rigoles d’abord, sachant qu’elle avait entièrement raison, déjà à l’époque, tu parlais de l’armée comme d’un rêve de gosse, et quand tu parlais de l’armée, c’était bel et bien du front qu’il s’agissait. Les bureaux n’ont jamais été ton truc. « Attends attends, qu’est ce que tu racontes là ? Tu nous espionnais ? » tu rigoles légèrement, même si tu le savais très bien, tu l’avais vu à plusieurs reprises mais tu n’avais jamais rien dis. « J’peux l’avouer aussi maintenant, mais t’était loin d’être discrète. » tu lui lance une petite grimace, mais ça te fait bien rire. « Mais tu as raison. Mais je me dis que c’est l’histoire de deux ans et après, je ne leur dois plus rien. J’peux bien faire ça pour vous. » Tu avais vaguement parler de ton projet à ton père, mais tu préférais attendre un peu avant d’en parler vraiment à Zola. D’ailleurs, tu te rends compte de ta phrase et tu te sens cons. Depuis le début, tu ne parlais que pour Kiara, tu n’avais jamais évoqué le « vous » comme si tu venais de lui avouer à demi-mots qu’elle était aussi essentielle à ta vie que Kiara l’était. Peut-être que oui, mais tu n’étais pas prêt à l’avouer. « Enfin, tu m’as compris. »

Jay souriait face à la remarque de la jeune femme, parce qu'au fond, tous les deux, savaient pertinemment que ce n'était pas son grand frère qu'elle surveillait, mais qu'elle espionnait les deux garçons pour Jay. Jay l'avait remarqué bien avant de tomber sous son charme, et quand lui commença à s'intéresser de très près à la sœur de son meilleur ami, c'est lui qui faisait en sorte de se retrouver là où elle était. Combien de fois Marcus voulait sortir, mais Jay trouvait des excuses pour rester chez eux, alors qu'il détestait être chez les Dawson à cause des parents un peu trop.. Dawson. Zola lui avait tendu une perche qu'il ne pouvait pas laisser passer. " J'ignorais que Zola Dawson mentait. " A ce moment-là, Kiara entendit brièvement la conversation et se retourna, choqué par ce qu'il venait de dire. Jay mit une main devant sa bouche, faisant mine d'avoir laissé sortir un gros secret. Jay la rassura en lui affirmant que sa mère ne mentait pas. Évidemment, elle avait des oreilles partout cette petite. C'était dangereux pour chacun des deux, se replonger dans le passé n'était pas la meilleure des idées, tout comme cette fameuse lettre, mais qui sait ? Peut-être que ça pouvait aider les deux tourtereaux à savoir où il en était. Et même si c'était la pensée d'un passé qui avait fait souffrir plus d'une personne, il y avait aussi énormément de bons côtés. " Oui, ça aussi, il me le disait. Avoir sa petite sœur dans les pattes, ce n'était pas ce qu'il préférait." Jay rigola légèrement, il comprenait ce que ressentait Marcus à l'époque parce qu'il faisait pareil avec sa grande sœur Maddy, Jay ne se gênait pas du tout pour venir dans sa chambre alors qu'elle était avec des amis. Il s'en fichait lui, il n'avait aucune gêne et ça, elle l'avait bien compris et avait même arrêté de le virer de sa chambre à force. Jay ne l'avait jamais dit à Zola, mais il l'admirait. Il était rare de voir ce genre de personnes, soucieuses des autres à ce point-là. Zola avait toujours été comme ça et c'est aussi ce trait de caractère qui avait plus au jeune militaire. Elle était la fille douce et en même temps qui savait ce qu'elle voulait et pouvait montrer les crocs quand il fallait. Elle n'avait en rien changer de la fille dont il était tombé amoureux et ça lui faisait encore peur à vrai dire. Si seulement elle avait changé et était devenue tout le contraire, ça aurait été simple. " Arrête d'avoir ce genre de pensée. Tu ne seras jamais responsable de ça, je sais ce que je veux aujourd'hui et ce n'est plus ça. "

Tu ne pouvais pas le nier le fait que parler de Marcus te faisait bizarre, ton meilleur ami avait fuit la réalité et avait refusé d’affronter ce qu’il se passait en face de lui. Il te manquait mais quelque part, tu savais que ton amitié avec lui était parti aux oubliettes, tu savais que tu ne pourrais plus jamais te confier à lui comme avant, les appels en pleines nuits pour lui confier tes peurs lorsque tu partais en mission le lendemain, ses appels en pleines nuits pour te raconter à quel point il avait encore gaffé avec cette fille, tout ça était bel et bien derrière vous. Mais quand tu regardais Kiara et Zola, tu ne pouvais pas regretter, parce que tu les avais elles, et Kiara était devenu ta petite princesse, celle pour qui tu donnerais tout ce que tu avais. Alors oui, ca te faisait bizarre de parler de Marcus mais en même temps, ça faisait parti de votre vie à tous les deux. « Bien trop sage ? » tu rigoles parce que Marcus était loin d’être sage, mais tu te rends rapidement compte qu’il s’agissait de sa soeur et qu’il y avait des choses qui devaient rester secret. Parler de tout ça te faisait du bien, tu avais l'impression que quelque part, Marcus était toujours là, même si la vérité était tout autre. La dernière phrase de Zola te fait sourire, c'était aussi grâce à ce genre de soirée, où Marcus était censé "surveiller" et qu'il n'avait pas respecté son engagement que tu t'étais retrouvé seul avec Zola. Quoi qu'il en soit, tu ne pouvais pas regretter ce moment, parce que même si tu avais perdu ton meilleur ami, tu avais gagné bien plus et ça te tuait parce qu'il te manquait Marcus, ses appels en pleines nuits pour te raconter ses dernières frasques, tes appels en pleines nuits pour lui parler de tes peurs et de tes doutes, tout ça te manquait. Tu n'avais plus cette personne à qui parler. Zola te connaissait assez pour savoir à quel point l'armée représentait beaucoup pour toi. Combien de fois tu en avais parlé à Marcus, combien de fois tu allais à des salons concernant les corps de métiers de l'armée ? L'armée, c'était ton rêve et tu l'as réalisé. Tu as vécu l'euphorie du moment, tu as vécu de bons moments et aussi d'horribles moments. Alors oui, tu ignores quoi faire désormais, mais tu sais une chose, c'est que tu veux être avec Kiara aussi souvent que possible. La vérité que Zola venait de te faire prendre conscience de la situation. Elle n'avait pas tort. Enfin, qui savait au fond ? « T'en sais rien Zola. J'veux dire, ça n'avance à rien de ressasser tout ça, de savoir où on en serait sans tout ça. Sans l'attaque, je ne serais jamais tombé dans le coma et je ne serais pas revenu à Berkeley de suite. Mon rêve, je l'ai réalisé. J'ai vécu ce que j'avais à vivre. Je n'aurai pas de regrets. Tu devrais vraiment arrêter de t'inquiéter pour moi, j'vais finir par croire que t'es folle de moi. » Taquin, tu lui lances un petit coup de coude.

Avec des « si » vous n’en seriez pas là aujourd’hui. Et si tu étais resté après cette nuit-la, et si tu avais été parlé à Marcus de tes sentiments pour sa soeur, et si tu avais tes lettres à Zola, et si, et si mais finalement, tu ne peux rien regretter de ce que tu avais fais. Tu ne peux pas parce que ça voudrait dire que Kiara ne serait pas dans ta vie et tu n’imaginais plus ta vie sans cette petite blonde. Alors il ne servait à rien de ressasser le passé, vous en êtes là maintenant et c’est ça le plus important. Une chose qui n’avait pas changé, c’était sa façon de s’inquiéter pour tout et n’importe quoi, elle était comme ça Zola et ça a toujours été le cas. Combien de fois vous avez parlé de l’armée ensemble ? Déjà avant que tu partes, elle s’inquiétait. Tu trouvais ça touchant, quelque part c’est qu’elle tenait un minimum à toi. Et c’est pour cette raison que tu ne lui disais pas tout, elle n’avait pas besoin de savoir que tes blessures étaient revenus et que les douleurs se faisaient sentir de plus en plus. Tu n’as pas le temps d’enchaîner que Kiara arrive en courant vers vous. Tu le sais que tu vas craquer, évidemment. Et elle aussi elle le sait, elle sait y faire avec toi, elle avait très vite comprit que tu ne savais pas dire non. Tu regardes Kiara qui faisait ses yeux doux en vous regardant tour à tour. Comme un enfant qui revenait en enfance, tu décides de l’accompagner au manège, c’était un grand carrousel et tu t’étais toujours dis que tu monterais dedans quand tu auras un enfant. Ce jour est arrivé et tu te fais un plaisir de monter avec ta fille.

Tu sais qu’élever un enfant n’était pas simple. Tu l’as bien vue avec ta mère qui était pratiquement toute seule avec vous quatre, ton père était bien souvent en patrouille, mais ta mère a su tout gérer toute seule, et c’est en te rappelant de ça, que tu oses à peines imaginer à quel point ça a pu être compliqué pour Zola d’être seule avec Kiara. Dans votre cas, c’était quelques peu différend puisque tu ignorais totalement l’existence de la petite fille. Quoi qu’il en soit, tu ne jugeras jamais les choix de Zola, tu n’en as aucun droit, elle a fait du mieux qu’elle pouvait et tu le sais, parce que Zola faisait tout ce qui était dans son pouvoir pour rendre heureuse la jolie petite blonde. Et forcément, aucun de vous deux ne pouvaient lui refuser quoi que ce soit et tu es certains qu’elle en joue énormément. Tu te retrouves sur le carrousel à faire des tours de manèges entourés d’enfants qui veulent tout tester. Tu vois Kiara rigoler en essayant d’attraper le pompon mis en l’air par le monsieur en charge du manège. Elle le rate au premier coup mais arrive à l’attraper juste derrière. Tu lui fais un clin d’œil et une fois le manège terminé, tu lui dis d’aller récupérer la peluche gagnée. Et alors qu’elle revenait, Zola proposait de tester la grande roue. Tu évites de montrer ta grimace, tu détestes ça, la grande roue. Maddy et toi êtes de grand froussard contrairement aux jumeaux. Prends sur toi Jay. T’a survécu a bien pire qu’une simple grande roue. " Oui, allons-y. " Tu jettes un coup d'oeil à la grande roue qui se trouvait pas très loin. Tu grinces des dents, elle est beaucoup trop grande, tu ne vas jamais réussir à ouvrir les yeux une fois là-haut, c'est certains.