Ta formation, tu l'apprécies, mais tu apprécies beaucoup moins d'avoir l'impression d'être de retour au lycée. Les téléphones éteints voire sur silencieux, la première sonnerie qui se fait entendre équivaut à une confiscation. Tout ce que tu détestais au lycée, mais tout ce qui ne t'a jamais empêché d'être un bon élève. Et continuer à apprendre, c'est une véritable chance que tu es conscient d'avoir. Tu aurais pu tomber sur pire, une formation hors de prix que tu n'aurais pas pu payer en travaillant et en payant un loyer de surcroît. Résultat, tu n'as pas vu que ton frère a essayé de te contacter. Plusieurs fois même. Trop de fois. Heureusement que, dans ta dure journée de labeur, ou plutôt demi-journée de labeur, tu as le droit à une pause. Une pause qui t'a fait prendre peur en voyant les cinq appels en absence et un sixième pointer le bout de son nez, par chance, quand tu regardes l'écran silencieux de ton appareil. La dernière partie de ta demi-journée a été un véritable calvaire. Dario a besoin de parlé, tu l'as bien remarqué la dernière fois que tu l'as croisé, mais tu crains ne pas pouvoir l'aider. Pourtant, il t'invite sur la plage pour en discuter. Ce qui veut forcément dire qu'il a besoin de parler si c'est loin de chez lui qu'il choisit de te retrouver. Et pour toi c'est forcément signe que ça ne va pas. Alors en entendant ta formatrice te donner les clés pour gérer une situation de crise, tu as très envie de somnoler. De toute façon, chaque fois que tu n'as qu'une demi journée de formation - une fois par semaine - tu as envie de somnoler à quelques trop longues minutes de la fin. La sonnerie de fin retentit et tu te sens subitement libéré et complètement réveillé. C'est dans les transports en commun que tu trouves le chemin de la plage. Une fois sur place c'est très rapidement que tu le trouves. En même temps, avec sa crinière, c'est pas bien difficile. Tu reconnaîtrais Dario à des kilomètres à la ronde même dans un monde en noir et blanc. Tu t'approches de lui et pose ta main sur son épaule, que tu serres légèrement. Un geste pour le prévenir de ton arrivée, mais quelque part pour qu'il se détende s'il ne l'est pas déjà. « Beaucoup trop longtemps. » Ton sourire est sincère, sans aucune rancœur. Tu aurais pu en avoir, c'est vrai. Mais Dario a fait partie de ceux qui n'ont jamais vraiment cessé de donner des nouvelles, de ceux dont tu avais la certitude qu'ils étaient encore envie. On ne peut pas en dire autant de tous les Walker, même vos irresponsables parents. « Je vais prendre une bière, moi aussi. » Excepté celles-ci, l'alcool ne fait pas tout à fait partie de ton domaine de prédilection, si bien que tu ne sais jamais quoi prendre si ce n'est une boisson comprenant de la bière. Tu es un peu mal à l'aise à l'idée qu'il te la paie, surtout que tu as un peu d'argent sur toi... mais tu finiras bien par le lui rendre à un moment donné, tu en es persuadé.

Après avoir finalement remarqué les appels de ton frère, tu es bien content de le retrouver. Ca te fait une cassure entre ta prise de note et tes révisions et tu ne peux pas voir autrement que le côté positif de tout ça : tu peux respirer. Quelque chose que tu n'as pas l'habitude de faire depuis ton retour à Melbourne. Tu essaies, mais c'est compliqué. Même emménager a été une véritable épreuve. Faut dire qu'avec une Lori réfractaire à ton installation, ça n'a pas aidé. Et puis, tu n'as pas eu l'occasion de beaucoup voir tes frères et soeurs depuis ton retour et les leurs. Toi, tu n'es pas vraiment parti, six mois, c'est comme des vacances, mais pour les études. Eux, ils sont partis, majoritairement, plus longtemps. « Je n'en peux déjà plus de cette formation. Mais au moins je travaille. Et toi, comment ça va ? » Tu as à peine remarqué l'insistance sur le mot petit. Tu sais que Dario aime te taquiner sur ce point, mais tu es trop fatigué pour le relever.
Le serveur revient avec vos bières et vous trinquez. A vos retrouvailles. Tu espères simplement qu'il n'y en aura pas davantage, à savoir qu'aucun de vous ne repartira un long moment pour revenir. Cet éloignement tu ne l'as pas particulièrement bien vécu, alors forcément, tu espères silencieusement. « Ah ? » tu n'attends pas bien longtemps après qu'il t'ait dit qu'il avait une bonne nouvelle à t'annoncer... et tu manques de t'étouffer en avalant de travers ta bière. « Non ? Pour de vrai ? C'est super ! » Tu marques une petite pause avant de réaliser. « Je... je vais être tonton ? » Oui, pour la rapidité de réflexion... on repassera.

Cela te fait beaucoup de bien de sortir du centre de la ville. Depuis ton retour tu n'as pas pu prendre l'air frais de la mer. Tu te souviens de ce manque que tu avais de l'océan quand tu vivais à Paris. Aux milieux des gens, des immeubles et de la pollution ambiant. L'océan te manquait, ce silence avec pour seul bruit de fond les vagues qui tapent sur le sable. Ça te manqué. Tu trouvais ça ridicule et pourtant c'était la simple vérité. Tu niais le manque de ton pays d'origine, nier que la véritable source de ton manque était simplement ta famille. Car, pour les Walker, avoir un manque de la famille c'est quelques choses de futile voir d'impossible. À présent tu souris et tu ignores si le sourire idiot que tu portes sur tes lèvres te vient de l'endroit, de la présence de ton frère ou bien de la grande nouvelle que tu as à lui annoncer. Il te parle de son job et malgré les cernes sous ses yeux, tu aperçois un frère heureux de vivre la vie qu'il a aujourd'hui. "C'est fatiguant physiquement ou psychologiquement?" Il y a des fatigues que même le meilleur des sommeils ne peut réparer. Le genre de fatigue que tu ne sais pas contrôler. Le genre de fatigue constante qui te pèse sur le moral. C'est certainement la pire, car tu as beau tout faire, rien ne l'arrête. Elle revient constamment sans que tu puisses y faire face même avec les meilleurs vitamines du monde. "Moi?Ça va, je n'ai pas trop à me plaindre." Tout va pour le mieux, maintenant que tu sais pourquoi ta copine était aussi distante. Ça va mieux maintenant que vous pouvez y penser tous les deux. Maintenant que tu comprends ses sautes d'humeur. Maintenant que tu comprends pourquoi il lui arrive d'être souvent malade. Tu te dis que cela ne doit pas être facile de porter la vie même-si tu n'as aucun moyen de comparaison. Vous aviez trinqués à vous retrouvailles. Avant ce début de soirée, tu n'avais imaginé que tu allais être tellement heureux de retrouver ton frère. Ce seul frère dont tu es proches. Ce seul frère avec qui tu sais passer de bons moments. Tu te demandes si ton départ l'a affecté. Quand tu penses à la façon dont ton ex peut réagir, tu te demandes maintenant si ton départ, précipité à blesser d'autre personne. Tu ne voyais pas le mal, tu voulais accomplir quelques choses de ta misérable vie. Et à présent tu étais en train de réaliser autre chose. Grâce à ta femme qui allait sacrifier son coeur, ses nuits, sa jeunesse tu allais pouvoir porter le rôle de père. Et malgré la peur, l'angoisse de mal faire, tu es quand même extrêmement fier. "Oui .. je viens de l'apprendre. Tu es le premier au courant." Tu doutes que Charlotte en ait discuté avec quelqu'un puisqu'elle ne connait personne en Australie. Tu ne l'imagines pas appeler sa mère ou son père pour leurs faires ce genre d'annonce. Tu as de la peine pour elle. Quand tu as appris cette grande nouvelle tu n'as eu qu'une seule envie d'appeler ton père. Alors, peut-être qu'elle n'avait pas eu envie d'appeler sa mère. Peut-être qu'elle est différente de toi, mais en tout cas, toi c'est ainsi que tu aurais voulus agir. Mais tu ne l'as pas fait. Ton père n'aurait pas pris l'appel et il n'aurait pas jugé utile d'avoir une véritable conversation avec toi. Puisque vous en avez jamais eu. Ton frère te fait rire. "Dans la force des choses, si je deviens papa, tu deviens tonton. Tu n'as pas véritablement le choix pour ce job."

T'es bien heureux d'avoir ton frère avec toi et ce doux moment de partage te paraît être ce qu'il y a de plus merveilleux au monde alors que tout ce que tu voudrais faire, c'est abandonner ce qui te prend la tête. Toi aussi tu as de quoi lui raconter. Chiara, ton idylle avec ce bout de femme qui te touche, qui te fait ressentir ce que tu n'as jamais été capable de ressentir auparavant. Cet amour qui te brûle de l'intérieur, qui te consumme sans pour autant te détruire. Tout ce que tu aurais pu rêver de mieux sur Terre. Et pourtant, c'est d'abord ce qui te fait du mal dont vous parlez. Franchement ? Les deux ? Je n'en peux plus parce que j'enchaîne la formation et le boulot, et en même temps, c'est difficile de me dire que je ne peux pas être pleinement professeur tant que je ne l'ai pas terminée. TU soupires mais tu ne veux pas te plaindre. Et ton frère te fait comprendre qu'il en est au même point que toi. Tant mieux. Et puis... L'annonce.
Tu serais capable d'en pleurer de joie tellement tu es heureux pour lui. Il va être papa et tu ne peux pas penser à autre chose qu'à la joie de devenir un oncle une nouvelle fois. Le fait d'être le premier au courant, c'est un réel honneur et tu le salue d'un léger mouvement de tête, tout sourire, la main sur le coeur en signe de remerciement. Il te connaît, Dario, il sait ce que tu as voulu dire, et il sait que tu es sans voix devant cette annonce : autant celle de sa paternité que celle d'avoir la chance d'être le premier à savoir. Et puis, fort de ton manque de logique et de subitilité, tu te grattes le menton, en réfléchissant. Pas faux, pas faux. Tu as raison, mais je préférais m'en assurer, pour qu'on soit sur la même longueur d'ondes...

Malgré vos diférences avec ton frère, vous avez quelques points communs. Vous êtes tout deux de grand passionné en amour comme profesionnellement. T sais à quel point il est important pour ton petit frère d'exercer un travail qui lui plait. Et tu espères du fond du coeur qu'il y arrivera. Tu sais que tout comme toi, il est fou amoureux de sa douce. Douce, que tu as hâte de faire officiellement connaissance. Car, au final tu ne l'as que très peux vu. Mais tu sais déjà le plus important, elle fait le bonheur de ton frère. "Ça vient bon ... Il faut te dire que ce n'est que pour du meilleur. Après ça tu pourras faire un métier qui te plait. Tu seras épanouies profesionnellement et c'est important." Tu dis ça en connaissance de cause. Tu te lèves tous les matins pour exercer un travail qui ne te combles pas. Tu n'as jamais voulus devenir brancardier, tu rêvais plus grand, plus beau, mais la vie en a voulus autrement. Pour changer de sujet tu finis par demander. "Comment vas ta douce?" Tu sais comme ça peut faire plaisir d'entendre qu'on se préoccupe de ceux qu'on aime. Tu aimes qu'on te demande comment Charlotte va et encore plus maintenant qu'elle est enceinte. Tu rigoles devant la réaction de ton petit frère fasse à l'annonce. Cela te fait super plaisir. Tu vois dans son regard, dans le son de sa voix qu'il est réellement content pour toi. Tu pourrais verser ta petite larme, une larme de joie, mais tu te l'interdis. Tu te refuses cette petite marque de faiblesse. Lewis sait très bien comment faire son pitre, il ne changera jamais et c'est pour ça que tu l'aimes. "En tout cas, ça semble te faire plaisir, c'est rassurant. Plus qu'à l'annoncer aux autres membres de la famille." Malgré ta famille dysfonctionnelle c'est quelques choses d'important à tes yeux. Même si tu ne fais comme les autres. Même-si tu n'ouvres pas ton coeur facilement ou que tu ne dis pas toujours ce que tu penses, tu sais que cela à son importance.

Tu es tellement heureux pour ton frère, que c'est un peu comme si les mots t'en manquaient. Tu es heureux, tu le lui exprimes, mais c'est pas assez, c'est évident. Alors tu as l'impression de te répéter... mais ça a l'air de faire plaisir, au moins un minimum à Dario, et tant mieux. Mais avant ça, discussion sur ta formation. C'est vrai, mais ça n'en reste pas moins frustrant, autant le dire... Tu es quelqu'un qui vit dans l'action et l'attente te semble toujours interminable. Et pour le coup, c'est vraiment le cas. C'est pourquoi tu préfères te retrancher sur l'annonce de ton frère plutôt que les déblatérations sur ta formation pour être professeur à temps plein. Elle va bien, elle va bien. Encore une fois, tu restes évasif. Tu as conscience qu'il faut bien discuter de tout et de rien... mais il n'y a qu'un seul sujet qui te reste en tête et tu veux tout savoir. Jusqu'à la couleur des murs de sa future chambre. Oh, allez, tu sais très bien qu'ils vont être contents pour toi ! Y a que Sean qui risque d'être un poil jaloux, mais franchement, il n'y a aucune raison qu'ils ne réagissent pas comme moi... Tu inspires profondément. Et alors, vous allez l'appeler comment ?! Non, tu ne lâches jamais l'affaire.

Cela te fait tellement plaisir de voir ton frère réagir ainsi, il semble si heureux pour toi et en même temps tu n'imaginais pas Lewis réagir autrement. Il est ainsi toujours actif, toujours hyperactif, très expressif. Il ne sait pas cacher ses sentiments, c'est un jeune homme très honnête et vrai. Il est si paisible d'être en sa compagnie. Il est clair que cela ne doit pas être facile de devoir attendre, surtout pas pour ton frère. Tu te mets même à demander s'il arrivera à attendre huit mois pour connaitre son neveu ou nièces. "C'est une étape obligatoire dis toi que c'est comme à noel, tu fais le décompte avec les chocolats de l'avent pour que le jour-j ne soit que meilleur." Cela fait tellement longtemps que tu n'as pas fêté noel avec les membres de ta famille et peut-être que d'ici là ton bébé sera né. Tu es si impatient de voir ce bébé naitre et si terrifier à la fois. Heureusement qu'il te reste quelques mois pour digérer la nouvelle. Tu avais fêté une simple et petite questions à ton frère qui semblait vouloir parler d'autre chose. Tu n'es pas le genre de type à vouloir creuser quand les personnes ne veulent pas en parler. Alors, le sujet de cette conversation reste ta future paternité. Étrangement et égoïstement, cela te fit très plaisir de savoir que tu pourrais rendre le frère parfait jaloux. Il y a toujours eu malgré toi, une sorte de rivalité entre vous. Même-si pour le coup, il n'y aucune raison d'être jaloux. Il a également une belle vie d'après ce que ta mère peut bien te raconter au téléphone. Ce n'est pas toi qui va prendre ton téléphone pour lui demander des nouvelles. "Je sais que ce futur bébé va avoir des oncles et tantes extraordinaire." Au final, tu n'aurais voulu élevé ce bébé nul part d'autre. Tu es heureux que ce petit bout va pouvoir rencontrer sa tante et son oncle. Avec joie ton frère te demande si vous aviez déjà une idée de prénom. Tu exploses de rire. "On va attendre un petit peu pour penser à ça. Cela fait tout juste 24h que je sais que je vais être papa. Mais j'aimerais un prénom français pour faire un petit clin d'oeil. A, tu sais, notre rencontre."