J’avais mon téléphone posé à côté de moi, les yeux fixés sur le plafond alors que je réfléchissais. J’habitais encore chez mes parents, encore dans les études, études auxquels je n’arrivais pas à trouver un sens. Je validais mes années, mais ça ne me plaisait pas. Je ne voyais pas en quoi apprendre des textes de lois par cœur pouvait me faire rêver. Pas de grande âme justicière, juste l’envie de faire mon propre petit bout de chemin. Je n’avais pas la prétention de vouloir à tout prix impacter la vie des gens, je voulais juste vivre la mienne et m’en sortir, vivre ma vie et être heureuse autant que possible. Et si je voulais ça, il fallait que je change d’air, que je prenne un nouveau départ, j’avais besoin d’autre chose. Autre chose que mes deux frères qui s’amusaient de mes indecisions, autre chose que ma mère qui passait sa journée à râler et autre chose que le fantôme de mon père. Mon téléphone a alors vibré et ma main l’a automatiquement attrapé pour voir ce message. Oui, j’étais réveillée, malgré l’heure tardive et le fait que le message vienne de Liam me fit froncer les sourcils. Et sourire, en même. Ma tête repose sur l’oreiller alors que je finis par me lever, pour essayer de trouver un livre assez ennuyant pour me forcer à dormir. Mais malgré mon envie de trouver le sommeil, je commence à trouver de l’intérêt à ce stupide bouquin.

Un bruit sur ma fenêtre m’arrache aux mots écrits sur le papier et je me relève. Il est là, il entre, il veut partir. Où ? N’importe où, juste loin d’ici. J’y trouve un signe du destin, alors que j’avais envie de changement quelques minutes plus tôt. La question fait plusieurs fois le tour de ma tête avant que je n’acquiesce, d’accord, je partirais, n’importe où, pourvu que ça soit loin d’ici. Ma famille comprendra, chacun a fait son bout de chemin, ça doit être mon tour.

« Vous êtes sûr que vous avez une vis en plus ? Ça doit avoir été mis en trop, vous savez, ça arrive parfois. Bonne journée à vous. » Énième appel mais étonnamment, ça ne me dérange pas. C’est vrai, il y a mieux comme travail, plus valorisant certainement, mais qu’importe. Ça me permet de faire ce que je veux à côté, d’expérimenter. Peut être qu’un jour, je trouverais quelque chose qui m’inspirerait assez pour que je m’y lance, mais pour l’instant, je restais téléconseillère. Je projette alors de rentrée, mes heures terminées. Je sais pas si Liam sera là, c’est pas comme si ça me préoccupait vraiment de le savoir là ou pas quand je rentrerais. Ça a toujours été comme ça entre nous, des périodes oui, des périodes non, et juste parfois où ça fait du bien, d’avoir confiance en quelqu’un, de pouvoir parler librement parce qu’on sait que ça l’intéresse vraiment. Je lui dois beaucoup, sans doute plus qu’il ne pense parce qu’il n’avait pas été là, je serais restée dans ma chambre cette nuit là.