Le vent dans mes cheveux. La fraicheur du bord de mer. L'amusement de faire l'enfant vers l'eau... Tout ça me correspondait. Et j'aimais la façon dont je me sentais actuellement : légère comme le vent, libre comme l'air, complète comme un puzzle de mille pièce. Pas de doute, cet homme n'était qu'une bouffée d'air et d'amour dans ma vie. AMOUR ? Vive l'alcool.

En entendant sa voix, je me suis tournée vers lui, un sourire large sur la tête. " Asseyons-nous. " J'ai posé mes fesses sur le bord du ponton, et je l'ai tiré vers moi pour qu'il en fasse autant. J'ai regardé le reflet de la lune sur l'eau, et je me suis amusée à provoquer des vagues avec mes pieds, une fois mes chaussures enlevées. J'ai rigolé à sa question et j'ai allongé mon corps près du sien. " Oui, je les aime toujours autant. "

" Je suis devenue palefrenier/soigneur. Je suis là pour leur bonheur, pour les soigner, pour les comprendre. J'ai fais de ma plus grande passion mon métier : et j'en suis tellement heureuse. " Si on oublie Adrian. J'ai soupiré en fixant le ciel, et j'ai tourné ma tête vers lui à sa suggestion. J'ai fermé les yeux à son contact sur mon visage, et j'ai déposé un baiser sur sa main avant qu'il ne l'enlève.

" Je suis d'accord. On pose une question chacun son tour. Celui qui ne veut pas répondre, il a un gage. " J'ai ris, et j'ai tapé dans mes mains d'excitation. " Je commence. " J'ai tiré Lynch en arrière pour qu'il s'allonge aussi, et j'ai commencé mon questionnaire. " Est-ce que tu es célibataire ? "

J'adorais ce genre de soirée : les étoiles, la lune, l'eau sur mes pieds, la légère brise dans mes cheveux, et Lynch à mes côtés. Que demander de plus ? Pendant des années, je vivais ma vie si simplement, si doucement, que je n'avais même pas remarqué que j'étais en apnée : comme si j'avais attendu toujours ce genre de moment là, juste pour pouvoir être moi, et baisser la garde, ne serait-ce qu'un instant. Comment était-il possible qu'un seul être puisse nous rendre comme ça ?

Je l'ai écouté, en tournant la tête vers lui : la lune nous éclairait, et ses traits se précisaient à travers le jeu de lumière. Je l'ai observé, tandis qu'il continuait à parler : il avait les traits tirés, quelques rides dans les coins des yeux, et des sourcils plutôt bien dessinés. Sa barbe prenait beaucoup de place sur son visage, et je me suis demandée à quoi pouvait-il bien ressembler sans ? J'ai souris à son coup dans les côtes, mes joues rougissantes : j'ai tourné la tête de façon à ce que seule la lune sache à quel point ça m'a fait plaisir d'entendre ça.

J'ai pincé mes lèvres, tout en continuant de jouer avec l'eau, du bout de mes pieds : et alors, vint sa question. J'avoue, avec le recul, peut-être que ce jeu deviendrait beaucoup trop compliqué. Qu'est-ce que je ferais s'il me demande pourquoi j'avais réagis comme ça, des années auparavant ? J'ai souris : je m'enfuirais en courant, c'est sûr. " Hasard. " Je pourrais juste lui répondre ça, mais après tout, lui aussi avait développé, un peu... " Je suis revenue ici parce que je me suis prise d'affection pour plusieurs choses. " Et je lui ai donné un petit coup de coude en lui jetant un œil. Merci l'alcool.

" Quelles sont tes relations avec ta famille ? "

Le temps .. Un ami, ou un ennemi : question de point de vue. Dans notre cas, j'étais un peu sceptique : s'il avait fait en sorte qu'on se revoit, qu'on se rassemble, il avait prit son temps. Combien de temps ? Pratiquement 10 ans ? Peut-être plus, peut-être moins : quoi qu'il en soit, avec le recul (et l'alcool sûrement), ça me paraissait une éternité aujourd'hui. Comment j'avais fais pour vivre, cloîtrer, absente de sentiments ? Ca rendait tellement libre, tellement léger.

J'ai tourné la tête vers lui, et en voyant sa mine renfrognée, j'ai pouffé de rire : n'importe quoi. On aurait dit un gros ours brun en train de bouder : mignon, mais tellement pas crédible. " Tu n'as pas de copyright sur la phrase à ce que je sache. " Je lui ai tiré la langue et j'ai finalement ris : mon rire a résonné sur l'eau, dans l'air, et ça m'a rendu encore plus libre, encore plus légère. Si je continuais comme ça, j'allais finir par m'envoler.

Je l'ai écouté, tout en regardant la lune et ses enfants, les étoiles : ça paraissait triste, et pourtant. Il en parlait avec beaucoup de détachement : comme si ça lui était égal. J'ai souris, en coin, doucement : presque délicatement, tout en tournant la tête vers lui. " L'avion, ça donne l'impression de voler. On le prendra tous les deux, tu verras : je ferais en sorte que tu n'aies pas peur. " Je lui ai fais un clin d'oeil complice, presque coquin. Il reverrait sa famille, je m'en faisais la promesse.

J'ai souris, en levant un sourcil : un regard vers lui, et j'ai finis par lâcher. " Comment t'as copié ! Bah bravo hein. " J'ai croisé les bras, comme lui, la mine boudeuse, avant d'exploser de rire et de secouer la tête. " Je suis plutôt de la team : vaut mieux être seule que mal accompagnée. " J'ai pincé mes lèvres avant de grimacer, en tournant la tête vers la lune. " Allergie aux sentiments, je crois. " J'ai secoué la tête et j'ai fini par lâcher une question.

" Tu as toujours travaillé dans un bar, ou quelque chose comme ça ? "

Voler. Volatile. Ma mère me nommait moineau quand j'étais petite : j'étais frêle, mais tellement dans la lune, qu'elle disait que j'allais finir par m'envoler. Ce souvenir m'a serré le cœur, tandis que je regardais le ciel : il m'avait énoncé quelques moyens de voler, mais il était loin de s'imaginer que moi, j'étais tellement perchée, que j'étais bien loin du sol. J'ai pincé mes lèvres, silencieuse, avant de fermer les yeux un instant : 6 mois sans elle, ça paraissait une éternité.

A son argumentation, suite à ma phrase allergique aux sentiments, j'ai ris : je savais qu'il était dubitatif face à ça ; je le serais aussi, à sa place. Faut dire qu'entretenir une relation comme la nôtre, ça paraissait ... " Paradoxal. " J'ai réfléchis à voix haute, ou plutôt dans un murmure : mais je savais qu'il m'avait entendu. Il avait changé de position : il avait les bras derrière la tête maintenant ; je l'avais vu au coin de mon œil. J'ai souris en apercevant le bas de son ventre ; et puis j'ai rougis d'avoir regardé à cet endroit.

Je l'ai écouté me raconter son passé, et j'ai froncé les sourcils : plus par réflexion que par contrariété. Il avait arrêté de jouer au football : mais ce n'était pas une drogue, comme moi avec l'équitation ? C'est souvent comme ça que ça se passe, quand on pratique un sport. Je la tenais ma prochaine question ! Et rien que cette idée suffit à lisser ma ride entre les deux yeux, et à rapatrier mon sourire sur mon visage.

A lui de jouer. Et sa question me coupa le souffle : un vent de panique dans ma tête se leva. Qu'est-ce que j'étais censée répondre à ça ? Je suis comme toi, j'ai attendu pendant des années de te revoir parce que ... Ben parce que ... " Joker. Donne moi un gage. " Les yeux écarquillés, je me suis redressée d'un coup, sortant mes pieds de l'eau. " N'importe quoi, fais toi plaisir : je suis prête à tout faire ce soir. " J'ai évité son regard, déglutissant.

T'as plus qu'un traitement de faveur : t'es le maître de mes sentiments. Mais tu ne le sauras pas maintenant.

Gros silence. Je savais que ma phrase ferait l'effet d'une bombe pour Lynch : le contraire aurait été similaire alors ... Je n'ai rien dis. J'ai attendu qu'il avale la pilule, et qu'il finisse par me donner mon gage. Il était silencieux quand il s'est levé en me tendant la main : que j'ai prise, délicatement, pour me relever. Je l'ai suivi, plus loin : loin du rebord où j'aurais facilement pu me laisser tomber. J'ai attendu qu'il me parle. Ça me paraissait une éternité.

Quand il a fini par me dire mon gage, j'ai haussé un sourcil : il n'avait aucune idée de ma maladresse. Et encore moins de ma non tolérance à l'alcool. Mais soit : je lui ai souris, en haussant les épaules. " Et bien .. Vu que tu es un ancien footballeur, je compte sur toi pour me rattraper si je tombe ! " J'ai levé les yeux vers lui, en souriant, et je lui ai tourné le dos. J'ai inspiré, doucement. J'ai fermé les yeux.

Et j'ai levé les mains en l'air. Je me suis préparée à faire ce poirier. Je vous assure, j'étais sur le point de le faire, quand quelque chose m'explosa à la figure : j'étais réellement en train de faire ce qu'il me demandait ? J'étais ... J'étais en train de juste suivre ce qu'il voulait ? Moi ? Mais qu'est-ce qu'il m'arrivait. J'ai lâché mes bras, j'ai ouvert les yeux et j'ai baissé la tête. P*tain. J'étais donc si amoureuse que ça ? J'en ai frissonné, et j'ai fini par me retourner.

" Je vais jamais pouvoir faire ça. "

Mes yeux se sont posés dans les siens, un peu comme un automatisme : je cherchais des réponses dans ses pupilles, du secours. Je voulais qu'on me rassure, qu'on me dise que ça allait aller, et que tout n'allait pas voler en éclats. Mais je ne voyais rien : rien d'autre que son regard, que sa propre peur, que mon propre reflet. J'ai fais un pas en arrière. J'ai murmuré. " Je suis désolée. " Et je savais. Je savais que c'était reparti.

J'ai baissé la tête pour rompre notre jeu de regard, et j'ai regardé vers l'horizon : ma tête hurlait de partir, de m'en aller loin de lui avant que je ne lui fasse mal. Mon cœur restait désespérément attacher à lui : comme si le fait d'avoir fait ce pas m'avait arraché une partie de moi. Et pourtant, il fallait que je le fasse : il fallait que je m'en aille, que je me protège de ce trop plein de sentiment, de cet amour naissant qui ne mènerait à rien.

J'ai secoué la tête en le regardant. J'ai ouvert la bouche pour parler et au final, rien n'est sortis de ma bouche, rien : j'ai croisé les bras sur ma poitrine pour me protéger, j'ai courbé le dos. " Je saurais pas faire. Je saurais pas t'aimer. " Et j'ai juste tourné les talons, je suis partie. P*tain de merde, j'étais encore partie. Je me suis encore enfuie. J'ai continué à courir à travers les rue. J'ai couru, couru, couru : comme si quelque chose me poursuivait.

Et j'ai lâché une larme. Deux. Je suis partie, encore.