18 janvier 2015 –

Déjà onze heures et je suis assise devant mes toilettes depuis une bonne vingtaine de minutes. Une semaine de retard de règles, et troisième matin que je vomis. Le test urinaire me l’a confirmé, je suis enceinte. J’aime Alvaro plus que tout mais nous n’avons jamais parlé d’avoir un enfant, encore moins maintenant alors que nous ne vivons même pas ensemble. J’aime notre vie comme elle est, on est libres de vivre comme on veut et mes parents ne me font pour le moment pas trop suer avec notre relation puisque pour eux ce n’est pas sérieux. Pas sérieux au bout de deux ans… Forcément, pourquoi m’emmouracher du mécanicien du coin ? Et pourtant, c’est viscéral, je veux faire ma vie avec lui. Je ne veux pas vivre comme ma sœur et ne pas vivre avec l’homme que j’aime parce qu’il ne rentre pas dans les bonnes cases. Je n’épouserai pas ce Ezio dont ils me rabâchent les oreilles depuis toujours.

Je prends mon téléphone et demande à Alvaro de venir au plus vite….

2 février 2015 –

Il est parti, enfin c’est ce que ses parents m’ont dit. Après m’avoir dit qu’il ne savait pas s’il était prêt à devenir père je n’ai plus eu de nouvelles de lui, disparu, envolé. Cet homme que j’aimais tant, pour qui j’aurais tout quitter, tout sacrifier m’a abandonnée. Je suis perdue, seule avec ce bébé qui grandit en moi. Je ne l’ai dit à personne, je voulais qu’on en discute à deux mais visiblement ce n’est pas possible… C’est terminé…

Je ne veux pas en parler à Clélia, elle qui a quitté l’homme qu’elle aimait pour se marier avec l’homme qui lui était destiné. Je n’ai jamais compris son choix mais je sais aujourd’hui à quel point elle a du souffrir. J’aime mes neveux et nièces mais je n’ose imaginer la vie qu’elle aurait pu avoir sans cette décision.


15 février 2015 –

Clélia m’annonce son départ pour Melbourne alors que je sors de l’hôpital. J’ai avorté, je n’ai pas su me confier et je ne me sens pas capable d’assumer seule un bébé sans père. Je ne sais pas si j’ai fait le bon choix mais je n’aurais pas pu supporté le jugement de mes parents une fois encore. Je les aime plus que tout mais ils ne se rendent vraiment pas compte qu’ils ne font pas notre bonheur. Rien de surprenant alors au fait que je saute sur l’occasion pour un nouveau départ avec ma sœur, dans la ville où vit son véritable amour. Pour ma part je fais une croix dessus et je ne m’en porte pas plus mal mais Clé est le romantisme incarné et puis, elle mérite d’être enfin heureuse…

08 juillet 2019 –

Quatre ans que nous vivons ici, chacune dans notre chez nous. Clélia vit avec Nino et leur relation est encore officieuse, monsieur ne sachant pas tenir tête à ses parents. Pour ma part, je bosse dans un bar en tant que barmaid et la vie ici me plait plutôt bien. Je ne me suis pas engagée dans une relation amoureuse depuis et ma sœur n’a jamais rien su de mon avortement. Pour elle Alvaro est seulement parti du jour au lendemain sans que je n’en connaisse les raisons.