Cela faisait quelques minutes que je restais figé sur le message que je venais de recevoir. C’était le nom d’une personne qui m’avait brisé le cœur. Une personne que j’aimais, mais qui m’avait fait si mal que je ne voulais plus revoir. Une personne qui m’avait trahis à un point que je ne pensais pas possible atteindre. Mais étrangement, j’avais envie de lui répondre. Envie de prendre des nouvelles, savoir ce qu’elle avait fait. Des petites choses anodines, mais qui m’importait. Je voulais reprendre contact avec elle. Mais une autre partie de moi ne voulait pas. Cette partie avait trop souffert, et ne voulait pas reconnaître tout ça. Mais c’était Zola. Ma petite sœur chérie. Elle était encore Zola. Et je la connaissais, je savais qu’elle allait se blâmer elle même déjà assez, et que je n’avais presque pas besoin de le faire moi même tant la pression qu’elle se mettait probablement déjà elle même. D’un coup de folie, et en ratant un battement, je lui envoyais ma réponse. Celle que j’allais la rencontrer, date et lieu communiqué. Je ne savais pas si j’étais prêt pour ça, mais j’avais envie de voir.

C’était le moment, j’étais déjà sur place, j’étais à une bonne centaine de mètre.  J’attendais la venue de la blonde avant de moi-même bouger. J’étais anxieux, à l’idée d’être de nouveau face à elle. Des semaines, mois avait passé depuis notre dernière rencontre. De l’eau avait un peu coulé dans les ponts. Assez pour pardonner ? Non. Assez pour renouer une discussion ? Probablement. Lorsque Zola entrait dans ma vision, je savais que c’était le moment, le moment d’y aller. Je prenais mon courage à deux mains, et je fonçais vers elle, d’un pas assez assuré. J’avais un peu changé depuis, j’étais plus solitaire qu’avant, plus assuré dans ce que je faisais. J’avais moins peur du monde, j’étais plus assoiffé d’apprendre et de découvrir les choses. Même si je l’étais déjà. Mon humour et aspect enfantin sont toujours là, Marcus ne serait pas Marcus sans ses blagues douteuses et son comportement d’enfant. J’avais laissé pousser mes cheveux, ils étaient semi long à présent, tout comme ma pilosité. Pas imposante non plus, mais présente. J’aimais beaucoup ce nouveau style, qui me permettais d’avoir un nouveau moi. Un Marcus plus fort. Je m’approchais donc d’elle, dos à moi. Et une fois à proximité, je ne pouvais plus garder ma haine, un élan de nostalgie me prenait. « Salut Zola. » Doucement, tout doux. Accompagné d’un petit sourire. Nous avions beaucoup à parler.

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C’était tout de même bizarre, je me doutais que ça n’allait pas être comme avant, une accolade et une discussion tranquille. Mais c’était déjà un début, c’était déjà mieux qu’aucune discussion. C’était ma seule façon de faire, tout doucement, ainsi qu’à mon rythme. J’avais toujours ce petit sourire, pas gêné mais proche, je me passais la main dans ma chevelure quand elle me disait que c’était bizarre de me voir comme ça. J’aimais bien ce look, je trouvais que les cheveux mi-long étaient pas forcément mauvais sur moi. J’ajoutais. « C’était pas prévu, mais j’aime bien, ça change un peu. » d’un ton plutôt calme, neutre même. Je pouvais me doutais que Zola était en plein stress, ou de sentiment partagé. Je lui en voulais toujours, à elle ainsi qu’à Jay. Mais j’avais pris un peu plus de maturité. Je voulais voir si je pouvais parler un peu avec elle, voir si j’arrivais à faire abstraction de ce qui s’était passé pour parler avec ma jeune sœur. Et pour le bref instant, ça se passait plutôt bien. Je n’étais pas non plus optimiste complet, mais si la discussion durait encore un peu, je prendrais ça comme une victoire. J’acquiesçais quant à son envie de bouger. Et sans parler, je prenais la direction du parc, supposant qu’elle allait m’y suivre. D’un pas plutôt lent, je me laissais porté par le hasard, j’allais rejoindre le parc, et je laisserais mon envie me mener, alors que je me doutais que je devrais être celui qui initie la conversation. Zola se sentant probablement déjà assez mal et peu en confiance pour le faire. Je commençais par des questions toutes simples. Des choses qui n’ont pas forcément à voir avec le moment qui fait mal. « Alors, tu fais quoi en ce moment ? » Réellement intéressé, je voulais savoir comment ça se passait, ce qu’elle faisait de ses journées, prendre quelques nouvelles d’elle. Avant de lui laisser répondre puis d’aller sur un autre sujet, un sujet que nous parlions peu puisqu’il n’y avait pas grand-chose à parler. Mais je pensais que ça pourrait apporter quelque chose à la conversation. Un peu de nostalgie ? Une aide pour moi ? Comme l’impression de parler comme avant ? « Dit, comment tu sais quand tu aimes bien quelqu’un ? » disais-je en roulant des yeux. Après l’avoir dit tout haut, mon idée semblait être complètement idiote. « Parce qu’il y a une personne que j’aimais bien en tant qu’amie, mais je sais pas, elle est différente. »

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J’avais un petit sourire sincère accompagné d’un petit rire innocent quant à la remarque de Zola. C’était probable que notre mère ne soit pas fan de ma longueur de cheveux, mais je voulais m’affirmer plus, je voulais faire mes propres choix, quitte à ce qu’ils ne plaisent pas à tous. C’était ma vie et pas celle d’un autre. Je prenais certes en compte les avis des autres, mais je ne voulais plus juste me laisser guider, je voulais être celui qui guide. « Boarf, si elle fait pas de syncope c’est une victoire. » Ajoutais-je, pour apporter un peu d’humour dans la conversation. Et détendre un peu l’atmosphère. Surpris par sa réponse, je voulais en savoir plus, ce qui tracassait ma sœur. Mais je ne savais pas si j’avais le droit de lui demander, si ça ne viendrait pas rajouter du froid sur ce début de conversation qui ressemblait plus au genre de conversations que nous avions avant que tout ne vole en éclats. Mais elle était ma sœur, et sa réponse m’inquiétait un peu trop pour que je reste sans demander. « Comment ça ? » directement, sans prendre de pincette. Alors que je la regardais quelques secondes avant de porter mon regard sur l’horizon.

Je rougissais presque quand elle disait à haute voix le mot différente. Je passais ma main derrière ma tête alors que j’ajoutais. « Fin, je sais pas, pas comme les autres, tu vois le genre ? » Puis, elle ajoutait qu’elle pensait qu’elle me plaisait de la façon dont je regardais pendant mon explication. J’avais comme une boule qui montait alors que j’étais presque honteux de me rendre compte de la situation. Ce n’était pas tant le fait d’en parler à Zola qui me mettait comme ça, bien que la situation n’était pas tellement. C’était plus le fait de réaliser qu’elle était peut-être plus que mon amie. Ou du moins, que j’imaginais cela. Que je pouvais penser ça d’elle. J’étais dans un conflit interne qui voulait imaginer cette piste, alors que l’autre venait bloquer cette pensée, jugeant déplacé quant au fait que Chelsea était ma meilleure amie. Je m’arrêtais donc, et je m’exécutais. Je fermais mes paupières sous les ordres de ma sœur. Puis, avec sa phrase, j’imaginais la scène. Une scène où je ne savais pas tellement ce qui m’étais annoncé, mais c’était quelque chose qui me rendait heureux. Tout était flou, le décor, l’endroit. Mais quelques personnes étaient là, un petit groupe de personne que je savais facilement identifier comme ma famille, et une personne seule devant eux, je n’avais même pas le besoin de regarder son visage que sa couleur de cheveux me laissait l’indice pour savoir que c’était bien elle. Je souriais bêtement avant de devenir rouge comme une pivoine, me laissant presque me cacher derrière mes cheveux qui tombaient. « C’est de la sorcellerie ton tour ? » ajoutais-je, en étant rouge comme une tomate. Je ne regardais pas Zola dans les yeux, plutôt le déco derrière elle. « Mais oui, elle est là. » ajoutais-je dans un souffle, devrais-je lui dire aussi qu’elle aussi été présente ? Que même après tout, lors de ce moment, je la voyais aussi avec moi ? Peut-être plus tard, je le gardais dans un coin de ma tête avant de me prendre cette dernière avec mes mains. « Oh Zola, j’sais pas quoi faire. Qu’est-ce qu’il faut faire dans ce cas ? » ajoutais-je, un brin de panique dans ma voix.

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J’étais tellement paniqué et au même moment surpris de la situation que je n’avais même pas fait attention au fait que Zola m’avait touché. C’était habituel avant, et je n’en avais même pas remarqué tant ce petit moment était beaucoup plus proche de l’agréable plutôt qu’autre chose de plus négatif. Complètement confus, j’étais presque apeuré par songer à faire ce que Zola me proposait. Lui envoyer un message, l’inviter quelque part. Et si elle disait non ? Et si cela venait entacher la relation que nous avions déjà ? Je pourrais perdre ma meilleure amie sur ce qui pouvait être aussi un caprice. Mes méninges tournaient à une vitesse folle alors que j’essayais de trouver la meilleure option possible. Mon cerveau me disait de faire attention, de bien réfléchir, mais dans un autre côté. J’avais comme une boule au niveau de l’estomac qui me disait de tenter le coup, que je ne saurais qu’en demandant. Et non autrement. Pris d’un soudain courage, je m’adressais à ma sœur. « T’as raison » disais-je en soufflant comme si je venais de courir un cent mètres. « Je vais faire ça, je l’appellerais tout à l’heure... » Avant de sortir, deux secondes plus tard. « C’est une mauvaise idée, elle va dire non, c’est sûr. » Je regardais Zola. « C’est ma meilleure amie, et si je brisais cette amitié sur ça ? ». J’essayais de reprendre un peu de contenance alors que je réagissais seulement à ce qu’elle avait dit plus tôt.

Je passais une main dans mes cheveux alors que je commençais avec un peu d’humour. « Y’a pas à dire, t’es bien une Dawson pour avoir autant de problèmes. » Disais-je avec un petit sourire. Avant de reprendre. « Hey, dis pas ça, ils vont sûrement pas aimer tout ça, mais t’es pas une déception, surtout toi. » J’essayais d’être le plus calme possible et rassurant après avoir été moi-même pris de panique. « Chaque chose en son temps. » je marquais une petite pause avant d’ajouter. « Et puis, si jamais ça va vraiment pas, j’ai un ami qui à son appartement de libre, il est en Europe pour un bon moment, j’ai ses clefs , je te les passe et tu pourras être un peu tranquille. Donc relâche un peu de pression. » Je regardais le ciel. Avant de finir. « Ça va encore me prendre un peu de temps. Même si  ça date pas d’hier, c’est quand même quelque chose qui m’a pas mal affecté. Je suis pas encore prêt à revenir et que tout se passe comme avant. Je pense même que j’en ai pas envie. » Je regardais mes mains. « Je me préfère maintenant à vrai dire, mais tu n’es pas seule. Bon c’est sûr que c’est pas forcément à moi de dire ça, ou je sais pas trop comment. Mais la porte est pas fermée. Si tu as besoin d’aide, tu as mon numéro. Et je vois ce que je peux faire. «  Ajoutais-je, un début de sourire apparaissant sur mon visage. J’étais réellement content de la direction que prenait la discussion. J’avais peur qu’un gêne s’installe, ou qu’un truc n’aille pas. Mais pour le moment, c’était presque parfait. Puis, sur un ton un plus léger. « Comment va la petite princesse ? »

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J’étais songeur à la phrase de ma sœur. Elle avait raison sur ce point. Si je ne tente rien. Je pourrais bien la voir un jour avec quelqu’un d’autre qui avait eu plus de cran que moi. Plus de courage pour tenter sa chance et voir ce que lui réservait le futur. J’étais quelque peu poussé par ses paroles. Comme un petit élan de courage qui me faisait m’imaginer, m’approchant de Chel, et lui expliquant la situation, que je n’étais pas sûr de l’apprécier qu’en tant qu’amie, et que je voudrais bien passer un peu plus de temps avec elle. Mais la peur soudaine resurgissait, me coupant la vision nette. Je soufflais un bon coup, avant de sortir cette phrase sans bégayer. « Tu as raison, maintenant que j’y pense, ça me ferait mal de la voir avec quelqu’un... » J’essayais de faire disparaître cette pensée rapidement, avant de voir qu’elle souriait quelque peu. « Je sais pas si tu la connais, j’ai des doutes, je l’ai rencontré pendant les missions humanitaires ! Elle est magnifique ! Et rousse ! » alors que je commençais à rougir. Je dévoilais quelques informations sur la fameuse dame, avant d’entendre Zola dire une absurdité.

Je répondais presque instantanément « Tu sais comment maman est. Elle dit toujours des choses qu’elle regrette ensuite. Elle nous aime beaucoup trop, c’est à cause de ça. » J’insistais sur ce fait. « Tu peux me croire, Zola, t’es pas une déception. » Si elle l’était, alors le monde l’était aussi. Elle n’était certainement pas parfaite, mais elle était très loin de ce vilain mot. Puis, elle m’annonçait à quel point elle était désolé. J’étais peiné, de l’eau avait coulé sous les ponts. Mais j’étais toujours d’argument que tout aurait été plus simple si elle m’aurait tout dit sur le moment. Absolument tout aurait été différent. Mais ce qui a été fait, est fait. Pas de machine à remonter le temps. J’essayais de faire la paix avec ça. J’essayais de mûrir et d’apprendre à pardonner. Suivi d’un merci qui résonnait doucement. Un merci qui faisait du bien, mais qui était sincère. Peut-être le début d’un renouveau ? Mais sans attendre, Zola commençait à donner des nouvelles de la petite, et je ne manquais aucune parole pour rien au monde. J’ajoutais. « Il me tarde de revoir ce petit bout de choux. Elle grandit à une vitesse, ça nous rajeunis pas tout ça » continuais-je, bien que nous n’étions pas très vieux. Puis, voyant un petit stand plus loin, je proposais. « IL y a l’air d’avoir un petit stand de BD plus loin là-bas, tu veux qu’on y fasse un tour pour voir s’il y a des livres imagés pour Kiara ? » Avant d’attendre sa réaction. Tout en ajoutant.

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