- DAVIES ! » Je crie son nom dans le silence qu'a imposé l'attaque qui a frappé le campement. J'ai mal à la main droite, la douleur irradie et me trouble la vue. « DAVIES ! » Je sens une main m'agripper, je m'apprête à riposter, lançant un coup de poing, il se fait rapidement déjouer. « Raven ! C'est moi, Epps. » Il passe mon bras autour de ses épaules. « Où est Davies ? » Il ne me répond pas et je finis par sombrer.

Je me réveillais en sursaut, les larmes aux yeux, la douleur irradiant dans ma main droite blessée ce jour-là. Je regardais autour de moi et reconnaissais les meubles de l'hôtel de Melbourne dans lequel je séjournais depuis que je m'étais mis en tête de retrouver Jay.

La Libye était le plus mauvais souvenir qui restait encré dans ma tête, j'y avais perdu la quasi-totalité de mon unité et surtout, j'y avais perdu Jay. Il était devenu mon frère d'arme, celui sans qui rien ne fonctionnait correctement. On couvrait nos arrières, on fonctionnait bien comme binôme. Nos supérieurs l'avaient rapidement compris. Entre nous il n'y avait aucune ambiguïté, il était comme un membre de ma famille, un frère que je n'avais pas eu. Au-delà de la douleur qu'émanait de ma blessure, celle d'avoir perdu Jay avait été la plus insurmontable. On avait finalement appris qu'il était en vie, aux mains de l'ennemi. J'avais failli. Dur était l'attente de le voir libérer, dur était l'attente de ne pas savoir surtout. L'hôpital avait été ma nouvelle demeure pour un bon mois, le temps de subir une intervention chirurgicale sur ma main. J'avais reçu une balle. Sans parler des troubles post traumatiques et des diverses petites blessures qui parcouraient mon corps meurtri. J'avais été rapatriée à Sydney et une fois auprès de mon oncle et de ma petite soeur, je n'avais plus eu de nouvelles concernant mon meilleur ami. J'avais fait des demandes à plusieurs reprises, mais l'armée n'avait jamais donnée suites.

La vie à Sydney avait été compliquée. Ma petite soeur m'en voulait, elle n'avait pas apprécié que je m'engage dans l'armée, que je l'abandonne et que je risque ma vie comme l'avait fait notre père. Il était mort dans l'exercice de ses fonctions et bien que mon oncle me répètes sans cesse qu'elle se calmerait, j'avais peu espoir de nous voir uni à nouveau. Mon oncle était le médiateur entre nous, il avait pris la relève à mon départ. Vivre entre les murs de mon ancienne maison, avec une petite soeur qui me haïssait, était bien trop compliqué. La tension s'installait petit à petit, à mesure que mes terreurs nocturnes troublaient leurs nuits. Mon oncle, toujours aussi présent, me réconfortait à mon réveil. Je m'accrochais à l'idée que Jay était en vie, à l'idée que j'irais mieux bientôt, que ma main serait guérit et que je serais capable de retourner au combat. Pourtant, on m'expliquait que je ne serais plus en mesure de tenir une arme et donc que je n'étais plus apte au combat. Quand toute votre vie tournait autour de l'armée, que votre père vous avait élevé pour cela, tout s'effondrait autour de vous. Ma vie était fichue, j'avais à peine vingt-six ans et je ne savais pas quoi faire de ma vie.

J'avais fini par apprendre que mon meilleur ami avait été libéré, Epps m'avait écrit pour me le dire. Une nouvelle fois, mon monde s'écroulait. Pourquoi n'avait-il pas chercher à me retrouver ou au moins à me contacter ? Epps ne pouvait rien me dire de plus. Vexée par cet abandon, blessée par cette vie que je subissais et que je n'aimais pas, je prenais la décision de partir de Sydney. Tout quitter sans me retourner. Il fallait que je retrouve Jay, il fallait que je lui cris ma douleur, que je me venge. Il m'avait abandonné, du moins c'est le sentiment que j'éprouvais. Je ne voulais pas ouvrir les yeux, me rendre compte de la réalité qui était bien trop douloureuse. Jay allait payer pour mes amis et ma soeur, pour ces personnes qui m'avaient laissé de côté à mon retour parce que j'étais bien trop abimée pour revenir dans leurs vies si parfaites et rangées. Je décidais de me rendre à Melbourne, je savais qu'il était originaire de là-bas, on en avait bien assez discuté comme ça. Le retrouver n'allait pas être simple, Melbourne était une grande ville. C'était sans compter sur l'aide d'une ancienne conquête. Will. Un homme que j'avais connu pendant mes perms à Sydney, un homme qui était devenu policier.