« Salut Ed, c'était pour te dire que j'avais débarqué à Melbourne. Je suis dans un motel le temps de pouvoir me louer un truc sympa. J'espère que tu vas bien. Raven. » Le sms était envoyé et je jetais mon portable sur mon lit. Ça faisait déjà quelques jours que j'étais arrivée, mais j'avais déjà eu des petits ennuis à cause d'un feu rouge grillé. Heureusement, le flic avait été sympa avec moi et j'avais pu repartir. Je me dirigeais vers la salle d'eau pour prendre une douche, ce n'est qu'en sortant que j'avais vu le sms d'Edward. « Viens crécher chez moi, tu seras mieux qu'à l'hôtel. Centre, n° 5417. » J'avais hésité pendant quelques instants, mais l'idée de le revoir me plaisait bien, alors j'emballais mes affaires dans mon sac à dos, merci l'armée, et je lui répondais que je ne tarderais pas. Je quittais donc l'hôtel, payais la note et montais dans ma voiture pour prendre la route, mettant l'adresse sur mon téléphone. Je n'étais pas trop loin et je ne mettrais donc pas trop de temps à arriver chez lui.
Edward était un militaire américain que j'avais connu en Libye. L'armée américaine et Australienne avait partagé un camp d'entrainement pendant plusieurs mois. On combattait le même ennemi après tout. On avait rapidement sympathisé et il était devenu une figure paternel sans le savoir. On avait vécut l'attaque terroriste ensemble, on s'était retrouvé dans le même hôpital en Lybie, le temps qu'ils puissent nous rapatrier dans nos pays respectifs. Edward avait été plongé dans un coma artificiel pour se remettre de ses blessures tandis que moi je subissais une petite opération sur ma main. Revenue à Sydney, j'avais passé quelques mois à l'hôpital pour soigner les autres blessures et pour le suivi psychologique. En sortant de l'hôpital, j'avais récupéré mes effets personnels qui attendaient sagement dans la maison de mon enfance. Uma n'avait pas été tendre avec moi, mon oncle lui ne se positionnait pas, préférant rester silencieux face à la situation. J'avais écrit à Edward pour savoir comment se passait sa vie maintenant qu'il était de retour auprès de sa famille. Un jour il m'avait annoncé qu'il venait s'installer sur Melbourne. C'était une bonne nouvelle et j'avais hâte de pouvoir lui rendre visite. J'avais continué dans l'armée, mais je bossais dans un bureau et je n'étais pas heureuse, mais je ne pouvais pas faire autrement.
Il y a une semaine environ j'avais décidé de tout quitter pour me rendre à Melbourne, pour y retrouver Jay, mon frère d'arme et meilleur ami. Je n'avais pas écrit à Edward tout de suite, préférant me débrouiller seule. Pourtant, je me sentais seule ici, je ne connaissais personne et je ne connaissais pas non plus la ville. J'avais trouvé un allié inattendu, un policier qui m'avait arrêté pour avoir grillé un feu rouge. On s'était retrouvé le soir dans un bar par le plus grand des hasards et je ne sais pas trop comment la situation avait dégénérée, mais on s'était retrouvé dans ma chambre d'hôtel. Ma vie était un chaos inimaginable et je me sentais perdue, une main amicale était ce dont j'avais besoin et c'est ce qui m'avait poussé à écrire à Edward.
Je débarquais enfin devant chez lui et je me garais. Je restais un petit temps dans la voiture, hésitante. Je finissais par couper le moteur et j'attrapais mon paquetage avant de sortir et d'aller sonner chez Edward.
- Salut ! » lâchais-je timidement alors qu'il venait d'ouvrir la porte.
« Salut Ed, c'était pour te dire que j'avais débarqué à Melbourne. Je suis dans un motel le temps de pouvoir me louer un truc sympa. J'espère que tu vas bien. Raven. » Assis dans mon canapé, à moitié endormi, j’avais ouvert un œil en entendant vibrer mon téléphone. Wynonna. Un sourire s’était tout de suite dessinée sur mes lèvres. Notre rencontre atypique entre deux assauts et trois tirs de mitraillettes, avait donné lieu à une belle amitié. Nous avions vécu beaucoup de choses qui nous avaient liés. En relisant le message, je me mettais à froncer les sourcils, impossible qu’elle dorme à l’hôtel. Ayant un appartement plutôt spacieux et une chambre vide, je lui proposais instantanément de finir habiter ici le temps qu’elle se retourne. Je ne recevais que très peu de monde, mes enfants ne dormaient jamais là parce que leur mère était légèrement psychorigide, alors la chambre ne manquerait à personne. Puis un peu de compagnie ne pouvait que me faire du bien.
Cela faisait un moment d’ailleurs que je n’avais pas vu Nonna, depuis l’accident que j’avais subi à vrai dire. Il fallait avouer que j’en avais voulu à la terre entière pendant un moment et je m’étais un peu renfermé. Mais Nonna m’avait toujours écris, soucieuse de mes nouvelles. Nous avions gardé contact, l’une des rares personnes de l’armée a qui je parlais encore. Quitter l’armée avait été une telle épreuve pour moi que j’avais préféré coupé tout lien avec ce milieu là. Ce qui expliquait mon nouveau travail, qui n’avait rien à voir avec l’ancien.
Les minutes défilaient et je devais m'activer. En regardant autour de moi, je pouvais aisément voir le bordel de mon appartement. Purée, j'étais vraiment incorrigible des fois. Je levais mes fesses du canapé et m'activais alors. Je faisais la vaisselle que j'avais laissé ce matin dans l'évier, puis je rangeais la cuisine, le salon. Je faisais de la place dans la salle de bain, avant d'aller sortir des draps propres et de faire le lit pour Wynonna. Je lui avais proposé de l'héberger et je voulais qu'elle se sente chez elle. Je ne voulais pas qu'elle se sente mal à l'aise ou intrusive. Non, je voulais qu'elle se sente bien, qu'elle aille bien. Wynonna était un petit bout de femme adorable, mais avec un caractère à tout épreuve, la guerre ça vous endurcit. Eddie s'était tout de suite pris d'affection pour elle, en tout bien tout honneur bien entendu. Sa force et son courage avaient toujours surpris l'ancien militaire.
Je terminais de ranger encore un peu quand j'entendis du bruit derrière la porte. Je me hâtais alors, ne voulant pas te faire attendre. J'abaissais la poignée de la porte, avant de l'ouvrir avec un peu d'élan. Elle n'avait pas changé, même pas une ride contrairement à moi et à ma barbe qui me changeait selon les gens qui m'avaient connu sans. Je lui adressais un sourire et me poussais pour qu'elle puisse entrer.
- Salut toi ! Je t'en pris entre, et fais comme chez toi surtout » disais-je avant de refermer la porte après que tu sois entrée. J'invitais Nonna à me suivre pour faire le tour de l'appartement, il n'était pas immense mais au moins elle saurait déjà où se trouvait chaque pièce. D'abord la cuisine ouverte sur la pièce de vie, la baie vitrée donnant sur la terrasse, sympa l'été. Puis un petit couloir, une première porte, ma chambre à moi, face à elle, la salle de bain. Puis une seconde porte, à côté de la salle de bain, sa chambre et au fond les toilettes, important tout de même. Je la laissais prendre ses marques, ouvrant la porte de sa chambre pour qu'elle puisse s'installer et poser ses affaires. Je retournais dans la cuisine sortant deux verres.
- Qu'est-ce que je peux t'offrir à boire dis moi ? On a des choses à se raconter depuis le temps! »
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