Une fois qu'elle avait enfilé son jean, Emiliana attrapa son téléphone pour regarder les messages. Ça faisait un moment maintenant qu'ils ne communiquaient plus, que ses appels et ses sms restaient sans réponse. La brune ne comprenait pas, ils s'entendaient bien pourtant non ? Rien n'avait présagé qu'il couperait les ponts comme ça, du jour au lendemain, sans raison. La jeune femme soupira doucement et glissa son téléphone dans la poche arrière de son jean. Il ne voulait plus lui parler, c'était un fait. Mais il devait lui donner une explication. Elle avait pris du temps pour lui, pour l'écouter pleurer sur son sort et sur le comportement de sa future ex-femme. Si Emiliana ne l'avait pas secoué un peu, il n'aurait même pas pris la peine de demander le divorce. La brune se mordit doucement la lèvre. Elle attrapa son paquet de clopes, son briquet et ce qu'il lui restait d'argent liquide puis quitta la villa familiale sans rien dire.

Elle devait en avoir le cœur net et comptait bien le mettre devant le fait accomplit. Et l'homme qu'elle allait voir, avait une place particulière dans sa vie. Edward l'avait accueilli généreusement un soir de pluie torrentielle. Aussitôt, ils avaient accroché. Liana en était certaine sinon pourquoi il aurait accepté de passer toutes ces soirées avec elle ? À discuter de la vie, à parler de ses soucis, à se confier. Et depuis plusieurs jours, plus rien. Le silence radio. La jeune femme n'avait pas eu le temps de passer à la librairie pour le voir à cause de ses cours. Peut être qu'il lui était arrivé quelque chose et elle n'en saurait jamais rien. La jeune femme soupira à nouveau, marchant de manière déterminée vers la librairie d'Eddie. Évidemment, quand elle arriva sur place, elle était fermée. Malgré tout, Emiliana tenta de frapper, d'appeler et d'essayer de voir si elle ne l’apercevait pas dans le fond de la boutique. Mais rien du tout. Il était peut être mort et elle ne le saurait jamais. Emiliana resta un moment contre la vitrine de la boutique, réfléchissant à ce qu'il pouvait bien se passer. Il s'était remis avec son ex-femme et elle refusait de le laisser partir ? Ce qui serait compréhensible. Avoir un mari comme lui était une aubaine et Liana ne le laisserait pas s'échapper non plus. Vu comme leur couple avait foutu le camp, elle serait bien étonnée de le voir retourner vers elle. Peut être qu'elle était trop jeune pour qu'il continue à la considérer comme une amie ou un membre de son entourage. Elle, elle s'en foutait pas mal de cette différence d'âge.

La brune finit par s'éloigner de la boutique, glissant une main dans ses cheveux. Il se faisait tard et elle ne savait plus où le chercher. Aussi, elle préféra se plonger dans une marche tranquille, prenant du temps pour elle, pour réfléchir à tout ça. Son père lui avait coupé les vivres, la seule personne avec qui elle aimait passer du temps ne lui parlait plus. Faisant une moue boudeuse, la demoiselle finit par se plonger si profondément dans ses pensées qu'elle ne remarqua que plus tard qu'elle était devant un bar de la station balnéaire. Elle haussa les sourcils puis les épaules avant d'entrer. Et là, ce fut comme un choc pour elle. Comme si le destin avait voulu qu'elle vienne précisément ici. Elle fronça les sourcils, observant l'homme qui semblait vouloir faire comme si elle n'existait pas. Le sang de Liana ne fit qu'un tour, ses poings se serrèrent. Elle était à la fois soulagée de le voir en forme mais très en colère de son silence. Elle s'approcha de lui et le poussa sans retenue.

« Salaud ! Moi je m'inquiète et toi tu picoles comme le dernier des connards ! Pourquoi tu me réponds plus ? C'est trop dur pour toi de dire les choses en face ? »

Un peu plus et elle finirait par lui coller une gifle. Elle était loin de la gentille petite Liana qu'il avait connu. Celle qui se montrait souriante et affectueuse quand il en avait besoin. Aujourd'hui, elle était la tigresse enragée déterminée à lui arracher les yeux pour lui enfoncer au fond de la gorge pour qu'il puisse voir ses griffes lui lacérer la gorge.