Son réveil sonna. Il était cinq heures du matin. Dans une heure il devait être au boulot. Le médecin avait pris l’habitude très tôt de ces horaires atypiques, à vrai dire c’était aussi ce qui lui plaisait dans ce travail. Il aimait pouvoir commencer très tôt ou très tard, avoir des gardes ou être appelé en plein milieu de la nuit quand il y avait un afflux massif aux urgences. Ce n’était pas la vie que tout le monde voulait mener, mais Matthew n’était pas tout le monde. Il adorait ça. Ne pas toujours savoir à quelle heure il commençait, à quel endroit il allait devoir se rendre. Etre simplement médecin ne lui aurait jamais permis de s’épanouir. Aller tous les jours aux bureaux, observer toujours la même chose, faire trois ou quatre vaccins, très peu pour lui. Il avait besoin d’action dans sa vie. Cela lui rappelait sa vie en Afrique quand il se contentait de dormir quand il en avait le temps.
Une heure plus tard, il passait les portes du Royal Melbourne Hospital où il travaille depuis presque dix ans à présent. Le brun se dirige vers les vestiaires, enfile sa blouse et part aux urgences. La nuit semble avoir été calme si bien qu’il se contente de vérifier les rendez-vous qu’il a. Quelques rendez-vous de contrôle et deux ou trois patients à surveiller mais rien de grave. Enfin sauf si un problème se présente dans la journée, ce qui n’était pas si rare dans l’une des plus grandes villes d’Australie.
Le soleil se leva en même temps que l’effervescence de de la ville. Melbourne lui plaisait et jamais Matt ne se saurait vus vivre ailleurs. L’Europe c’était un rêve de gosse mais pas celui d’une vie. Pour une matinée, les urgences étaient plutôt calmes, rien que ne nécessitait son aide pour le moment si bien qu’il se dirigea vers les consultations. Quelques patients devaient venir pour des contrôles. Il avait beau être médecin urgentiste, certains patients avaient toute son attention.
Cela ne faisait pas exception pour la jeune femme qui venait d’entrer dans la salle d’attente. Le médecin l’avait rencontré quelques mois plus tôt avec des blessures qui n’étaient que trop familières pour lui. Ce n’était pas la première cependant et ce ne fut pas la dernière. Mais la rouquine n’acceptait que lui comme médecin et même s’il voulait l’aider, il devait faire attention au secret médical ce qui lui laissait peu de manœuvre pour l’aider, à son plus grand désespoir.
- « Mademoiselle Dixon. » appela-t-il dans la salle d’attente, souriant à la jeune femme.
Il la fit entrer dans la salle d’examen, s’asseyant à son bureau pour ouvrir le dossier informatique de la jeune femme avant de la regarder.
- « Comment allez-vous depuis la dernière fois ? » demanda-t-il.
Matin difficile. Tu as du mal à te dire que tu es brouillée avec Thomas. Il est ton meilleur ami, ton ami de toujours. Et pourtant, c’est bien le cas. Tout ça parce qu’il te juge sur ta relation. Mais ce n’est pas la faute de ton petit-ami, c’est la tienne. C’est toi qui n’es pas celle que tu devrais être pour lui. Toi qui n’es pas à la hauteur tout simplement. Et c’est bien pour ça qu’il est obligé d’aller voir ailleurs … Et même si ça te blesse au plus profond de toi-même, tu sais que tu es l’unique fautive dans cette histoire. Soupirant lourdement, tu n’oses pas bouger. Tu as encore mal au bras. Tu n’as pas regardé, mais tu es certaine que ta peau est ornée des marques d’hier soir, lorsque Kelian a serré ton bras avec force. Tu avais cassé l’assiette après tout … Et même si ce n’était pas réellement ta faute, vu que tu avais trébuché dans le tapis, le résultat en était le même. L’assiette s’était brisée en plusieurs morceaux. Tournant la tête vers ton petit ami, tu souris doucement. Il est tellement beau … Te retournant pour avoir accès à la table de chevet, tu attrapes ton téléphone. Il va être temps pour toi de rentrer. Te redressant sans bruit, sachant qu’il n’aime pas être réveillé. Posant pieds au sol, tu attrapes tes vêtements encore une fois dans un silence maximal, avant de te diriger vers le salon. T’habillant dans la pièce, tu mets ensuite le café en route avant de dresser une belle table. Tu espères sincèrement que ça lui fera plaisir lorsqu’il se lèvera. Mettant ton manteau sur le dos, tu grimaces lorsque tu dois bouger ton bras. Sortant, tu prends la direction de chez toi. Tu espères d’un côté que Thomas ne sera pas là, même si votre relation te manque énormément. Mais après quelques pas, tu fais finalement demi-tour. Tu as rendez-vous avec le docteur Abrams, ce qui tombe bien vu ta douleur au bras. Passant les portes, tu attends patiemment. Tu ne sais pas quel mensonge tu vas pouvoir inventer, bien que tu es rendez-vous. Parce qu’il va bien falloir que tu donnes une excuse pour ta présence dans le bâtiment. Heureusement pour toi, une voix se fait entendre. Tournant la tête, un soupir de soulagement t’échappe. Heureusement, il est là ! T’avançant à sa rencontre, tu lui rends son sourire. « Docteur Abrams. » Entrant dans la salle d’examen, tu prends place dans un des deux sièges présents devant le bureau. Lui laissant le temps de chercher ton dossier dans son ordinateur, tu en profites pour poser ton sac sur le sol et enlever ta veste, grimaçant une nouvelle fois. Tu sais que tu n’as rien de casser, mais ça n’empêche pas que tu as mal. Lui souriant, tu hausses les épaules. « Ça va. Enfin je pense que tout s’est bien remis. J’ai juste un peu mal au bras depuis hier soir, mais ce n’est sûrement rien de grave. » Tu essayes de minimiser les choses, comme d’habitude. Tant qu’il ne te demande pas ce qui s’est passé, même s’il est déjà au courant, toi, ça te convient. Relevant de nouveau les yeux vers lui, tu lui souris. « Je peux … malgré tout vous montrer où ça me fait mal, histoire que vous puissiez confirmer que ce n’est rien de grave ? »
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