Ma mère m'a souvent dit que sa vie aurait pu être un conte de fée. Qu'elle avait de grandes ambitions, mais que j'étais venue gâchée ça. Vous vous dites, comment c'est possible qu'une mère dise ce genre de chose à sa fille? Et bien tout d'abord elle n'était définitivement pas prête à avoir un bébé. Du haut de ses dix-huit ans, elle était l'un des espoirs des jeunes patineuse artistique de New York. Elle se destinait à une grande carrière. Lorsqu'elle a su qu'elle était enceinte, elle a tout fait pour faire avorter la situation. Allant jusqu'à se jeter dans les escaliers et se casser une jambe. Et pourtant, rien. J'étais bien accrochée. Au bout des quatre premiers mois, son corps commençait à changer et bien vite son petit ami secret de l'époque réalisa qu'elle était enceinte. Secret, vous dites? Ben oui, mademoiselle était en couple avec l'entraineur que ses parents payaient une fortune sans en avoir réellement les moyens. Lorsque ses parents découvrit le pot-aux-roses, ils la jeterent dehors. Ils n'avaient pas les moyens d'assumer ses conneries avec leurs quatre autres gamins. Elle s'arrangea comme elle le pouvait, trouver du boulot enceinte ce n'était pas l'idéal. Les mois passèrent et elle accoucha. Si au départ elle voulait me donner, lorsqu'elle vit mes petits yeux bleus rieurs, elle ne put le faire. Malgré toute la haine qu'elle éprouvait à mon égard, tout son coeur lui disait que j'étais sans doute la meilleure chose qui pouvait lui arriver.

Après quelques mois à s'occuper de moi en essayant tant bien que mal à joindre les deux bouts, elle décida de partir vers San Francisco croyant pouvoir démarrer une carrière d'actrice, c'est ce que son ami lui avait fait miroité. À la place, elle se retrouva serveuse dans un bar pas très recommandable. C'est à ce moment qu'elle commença a boire pour oublier. Pour oublier, elle oubliait. Elle m'oubliait chez la gardienne, a l'épicerie du coin... et plus tard à l'école. Pauvre elle, j'avais une boussole à la place du cerveau je retrouvais TOUJOURS ma route. À l'école on me demandait souvent pourquoi ma mère ne venait pas me chercher, moi même je ne savais pas trop, a cette époque. J'inventais qu'elle était en congrès à quelque part autour du monde, et pourtant... elle était sûrement la tête dans les nuages chez son dealer ou au bar trop défoncé pour réaliser qu'elle se faisait agressé par les vieux pervers. C'est d'ailleurs à cette époque que je l'ai entendu hurlé dans la salle de bain. Un cri qui ne s'oublie pas. Un cri qui vous glace le sang. Un cri, suivit d'un tonnere de juron. Des éclats de miroir qui volent en éclats. Je m'étais réfugier dans le garde-robe de ma chambre, là ou elle me demandait toujours d'aller lorsque certaines personnes non recommandables se présentait à la porte de notre appart' miteux remplie de moisissures. Je n'ai pas trop compris, j'ai compris seulement lorsque j'ai vu son ventre s'arrondir au fil des mois qui s'écoulait. trop lâches pour prendre les dispositions nécessaires, elle choisi encore une fois de garder ce bébé. Pendant les mois de sa grossesse, Maman revint un peu plus normale. Elle lâcha l'alcool et la drogue. J'avais un semblant de vie normale. J'espérais que ce serait ainsi après la naissance du bébé. Hélas, elle mit au monde une magnifique petite fille et ... l'horreur continua de plus belle. Maman ne se levait pas la nuit, elle pleurait sans arrêt nous criant sa rage au visage. Comment ça se pouvait qu'à huit ans, je puisse m'occuper d'un bébé alors qu'elle non?

Et puis, y a eu ce matin là ou j'ai décidé d'emmitoufler le bébé dans sa couverture et d'aller le déposer devant la caserne de pompier. Si moi je n'avais pas eu cette chance, elle, elle l'aurait. Je déposai un dernier baiser maternel du haut de mes huit ans contre le front du petit poupon et je couru aussi vite que je pus pour me réfugier dans les buissons jusqu'à ce que je vois quelqu'un qui s'approcha d'elle. Lorsque je revins à la maison, ma mère se demandait ou j'étais, sans faire attention a son enfant manquant. A partir de ce jour, on ne reparla plus jamais du bébé. Oh, bien sur, je m'en suis voulu longtemps, particulièrement adolescente. Je me demandais ou était ce petit bébé qui avait sans doute la joie d'avoir une famille aimante pendant que ma mère était défoncée et inapte à s'occuper de moi correctement. Entre deux cours, je bossais comme serveuse dans un petit resto prétextant auprès de mes copines que j'aimais être indépendante, ouais... tu parles.

C'est lorsque le lycée termina que j'ai pris un petit boulot de secrétaire dans une agence de mannequinat. Mon rôle consistait à prendre les rendez-vous pour les photoshoot des filles et de remplir les demandes d'adhésion. Ce n'est que lorsque le grand boss de la boîte me vit qu'il comprit que ma place n'était pas derrière un ordinateur à remplir les fiches de ses filles, mais bien sur les podiums à défiler pour les plus grands. C'est à ce moment que ma vie changea du tout au tout. J'ai eu quelques contrats ici et là pour des cosmétiques ainsi que pour des marques d'adolescente. Puis, c'est également a cet époque que j'ai fais la connaissance d'Alexis Dawson. Celui que je croyais être l'homme de ma vie. Ça été le réel coup de foudre. Entre nous, rien ne clochait, toujours au diapason. Cependant, bien rapidement ses parents voulurent nous séparer. Pas question que leur fils soit avec une bonne à rien comme moi. Nous avions décidés de nous enfuir dans le plus grand des secrets, pourtant...quelqu'un avait bien découvert notre plan et le signala à ses parents qui prétextèrent une urgence. Je l'ai attendu durant des heures à la gare et je n'ai plus jamais eu aucun signe de vie. C'est d'ailleurs à ce moment que j'ai obtenu un gros contrat pour Dior. Je suis partie en Europe ou je me suis refais une vie. J'envoyais un peu d'argent à ma mère qu'elle puisse subvenir à ses besoins... puis un bon jour elle m'en demanda plus. C'est à ce moment que j'ai réalisé qu'elle utilisait cette argent là pour la drogue.

J'ai coupé les ponts avec elle il y a très exactement deux ans et demi, le jour de son anniversaire. J'imagine qu'elle m'en voulait affreusement mais préférait ne pas rien dire ou faire pour me contacter. Du moins, jusqu'à sa mort. Ma tante avec qui ma mère avait renouée dernièrement, semblerait-il, m'a rejointe par courriel et m'a dit que ma mère était décédée d'une cirrhose du foie, rien de bien étonnant. Si au départ je ne voulais pas venir, j'ai fini par cédé et arriver deux mois trop tard. On me dit que tout ce qu'elle avait laissé à mon intention était une lettre ou elle m'expliqua avoir retrouver Zola, le bébé que j'avais donné aux pompiers. J'ai fondu en larmes, espérant retrouver ma soeur. Me voilà bien déterminée à rencontrer cette petite devenue femme, la peur au ventre qu'elle ne veuille pas de moi.