Comme deux gouttes d'eau

Tu ne sais pas vraiment d'où te viens cet attachement pour la plage. Tu sais juste qu'avec les années, venir ici est devenue une habitude, tu venais ici quand la pression d'être une Dawson était trop forte pour tes épaules de petite fille ou quand tu te disputais avec Gaby. Puis tu avais grandi et tes problèmes aussi, alors tu avais continués à venir ici. A t'asseoir sur les rochers en regardant l'océan, en cherchant une réponse dans le choc des vagues contre les rochers. Etrangement, tu trouvais cela apaisant. Et puis, tu avais découvert ta grossesse et tu étais revenue ici avant de faire une pause, comme si durant deux ans ta vie avait un sens avec la naissance de Kiara. Comme si tu n'avais plus besoin de réfléchir tant que ce petit bout de vous était là. Jusqu'à il y a quelques mois où ta vie est devenue un véritable foutoir. Le retour de Jay, la vérité qui éclate, Marcus qui te tourne le dos puis tes parents et enfin l'accident d'Alexis, ta vie n'avait plus de sens et comme si cela n'était pas suffisant, il avait fallu que ta mère biologique, absente de ta vie durant vingt ans apparaisse. Tu n'étais pas prête pour la rencontrer, tu n'en avais pas le courage et tu ignores si tu l'aurais eu dans l'autre circonstance. Tu lui en voulais, tu avais passés ta vie à lui en vouloir de la manière dont elle s'était débarassée de toi même si au fond, tu supposais que c'était pour ton bien. Tu aurais pu mourir devant cette caserne. En devenant mère, tu avais compris le lien si particulier entre une mère et son enfant et cela avait semé encore plus de doutes dans ton esprit. Oui, tu aurais voulu aller la voir pour lui poser les questions qui t'envahissent l'esprit depuis toujours et après ? S'attacher à une femme qui va mourir ? Harcelé quelqu'un sur son lit de mort ? Cela ne te ressemblait pas et pour l'autre option, tu n'étais simplement pas prête, enfin c'est ce que tu te dis pour le moment ..

Comme deux gouttes d'eau

T'as décidé que tu avais besoin d'air. T'étais a cette fête mondaine au bras de Connor, ce mec que t'as rencontré dans une soirée et de qui tu n'es pas capable de te débarrasser depuis, mais bon... il est le seul qui ne te veut pas simplement pour ton c*l. Tu trouves ça difficile. Tu t'étais toujours promise de ne pas être comme ta mère. Cette femme qui t'avais toujours négligé, abandonné sous plusieurs facettes et qui n'avait jamais vraiment cru en toi. Bref, t'avais marché le long de l'eau, ta robe blanche volant au vent et tes souliers à talons haut vertigineux à la main, perdue dans tes pensées. Tu soufflais doucement en lançant ta tête par derrière, entendant toujours la musique au loin. Puis, tu as vu cette fille, seule. Peut-être était-elle a la même fête et en avait-elle marre elle aussi? Tu t'approches et fait comme si ton hypothèse était la bonne, parce que clairement... personne ne se promène le soir sur la baie, bien sûr, Clara, bien sûr. « Toi aussi t'en avait marre des gros lourdeaux de cette fête?» dis-tu doucement à cette jolie blonde qui semble sursauté. « J'suis désolée» dis-tu lorsqu'elle te regarde de la tête au pieds. «J'Voulais pas t'effrayer...ni... te déranger!» ajoutes-tu, avec un faible sourire en coin. Tu n'étais pas forcément facile d'approche, mais tu n'étais pas contre les nouvelles rencontres et puis, si ça pouvait t'éloigner de Connor quelques temps encore, ça te plaisait bien.

Comme deux gouttes d'eau

Tu avais été sortie de tes pensées de manière un peu brutale. Dans un sursaut, puis dans un léger rire, tu ne t'attendais pas à ce que quelqu'un se balade sur la baie à cette heure, encore moins à ce que cette personne vienne te parler. Il est rare de croiser des gens seules par ici, comme si c'était le coin des groupes et des amoureux mais en soirée, c'est calme, c'est vide et c'est ce que tu aimes. « Avant même d'y aller, oui. » En réalité, tu ne voulais pas y aller. Tu connaissais ses soirées depuis toujours, il fallait saluer les bonnes personnes, sourire bêtement et prétendre que sa vie est merveilleuse à des gens qui ne vous connaissent pas. A des gens qui se moquent pas mal de votre vie tant que votre portefeuille est garni. Le tien ne l'est pas, enfin pas vraiment mais tu es une Dawson, c'est un nom qui en dit long, c'est un nom puissant qu'on connait en ville alors chaque soirée, chaque fête, votre mère est de la partie. Et a chaque fois, elle insiste pour qu'au moins l'un d'entre vous y participe comme si vous étiez encore des enfants. Habituellement, c'est Holly qui se fait une joie de pavané entre les diamants mais pas ce soir, ce soir, c'est toi. Et franchement, tu as bien envie de ne pas y aller. « Tu ne me déranges pas, au contraire, si tu peux me sortir de mes pensées, ça m'arrange. » Tu lui souriais avant de porter ton regard sur elle, elle te semblait familière et pourtant tu avais eu besoin de plusieurs secondes pour enfin savoir qui elle était. « Tu es Clara, non ? »

Comme deux gouttes d'eau

Tu t'approches de cette jeune blonde assise sur le bord de l'eau qui semblait aussi intéressée que toi a faire la fête a ce genre de soirée: c'est-à-dire complètement blasée.Tu savais que ce n'était pas forcément la joie pour toutes. Toi, t'étais au bras de Connor qui ne cesse de te suivre partout comme un petit chien depuis des mois. Ça ne te déplait pas, il est sympa et plutôt beau gosse, mais si tu avais le choix, tu penserais tes blessures bien profondes avant de t'engager dans quoi que ce soit, mais Connor étant lui, il ne comprend pas ce besoin de t'aimer avant de pouvoir aimer quelqu'un d'autre. «Tu m'étonnes... c'est barbant!» dis-tu en souriant doucement. Tu regardes au loin, soupirant intérieurement. Dire que tu avais toujours voulu appartenir à ce monde avant que ta mère parte pour son long voyage. Maintenant, tu regrettais de ne pas avoir pu lui dire ta façon de pensée avant qu'Elle ne te quitte lâchement, comme la majorité de ce q'elle avait pu faire dans ta vie. La jeune blonde te ramena rapidement à tes esprits en te disant que tu ferais mieux de la sortir de ses pensées. Tu hausses les épaules, toujours un sourire au coin de tes lèvres en coeur : « On est deux, dans ce cas...» c'est alors qu'elle semblait te replacer. Tu fronces les sourcils durant quelques secondes. Comment pouvait-elle... ah oui, c'est vrai... t'es connue. Tu l'oublies toujours, quand t'es a Berkeley. « Euh, oui... c'est ça, c'est moi...» dis-tu, un peu confuse. T'hésite un peu et fini par dire : « Je suis désolée, j'ai un peu de difficulté avec les visages...et les prénoms!» désolée de ce que tu venais de lui dire, t'ajoute,en voulant détendre l'atmosphère « Une vraie Alzheimer. Va falloir que tu m'aide un peu... »

Comme deux gouttes d'eau

« Qui t'obliges à y aller ? » Tu ne savais rien de sa vie, elle n'était qu'une belle inconnue qui semblait aussi peu motivé que toi par tout cela, par tout ce que cette soirée représente. Pour toi, c'est une illusion, tout doit sembler parfait alors qu'au fond, tout le monde à des secrets, aucune famille n'est parfaite. La tienne la première malgré ta mère qui tente de sauver les apparences sur sa fille maman célibataire, son fils infidèle et amnésique et le dernier dans un pays étranger ou pas, personne n'a de ses nouvelles depuis des semaines. Belle famille unie, non ? Quoiqu'il en soit, tu n'étais pas fermé à l'idée de rencontrer une nouvelle personne. A l'idée de faire autre chose que de broyer du noir en râlant sur ta vie comme un vieux grincheux. Mais plus tu l'as regardais et plus tu avais le sentiment de la connaitre. Ou plutôt de l'avoir connu. Différente, plus jeune. D'ailleurs, à sa remarque tu réalisais que tu étais à peine une adolescente à l'époque alors il n'était pas surprenant que ton visage ne lui soit pas familier. Surtout que vous ne vous étiez pas vu si souvent que cela, Alexis n'a jamais vraiment ramener de copine à la demeure. Probablement pour éviter que votre mère ne les fasses fuir. « Il faut dire que les années sont passés aussi. » Tu lui souriais avant de reprendre, espérant qu'elle se souvienne de toi. Ou au moins de ton frère, après tout, ça te semblait fort entre eux même si tu n'as jamais su vraiment pourquoi ça s'était terminé. Alexis et toi aviez beau être très proche, parler de vos histoires de couples n'étaient pas vraiment votre truc. Déjà parce que les sentiments et les Dawsons ne font pas bon ménage mais aussi parce que tu n'as pas envie de trop en savoir sur ce qu'il se passe dans le lit de ton frère et tu supposes que c'est la même chose pour lui. « Zola, la petite soeur d'Alexis, Dawson.»

Comme deux gouttes d'eau

Les mots de la belle blonde devant toi te laisse un peu étonnée. C'est vrai, dans le fond, pourquoi t'obliger a faire partie de cette vie mondaine, soudainement tu réalise que trop souvent tu t'es obligé a faire des choses pour ta carrière qui ne t'intéressait pas du tout. Prendre un verre avec tel ou tel photographe qui t'obligeait a être un peu trop amicale ou encore a prendre une pose un peu trop subjective. Tu avais beaucoup de travail devant toi quant à cette future introspection mais tu baissa les yeux doucement. «Le boulot, en quelque sortes.» dis-tu dans un premier temps. Tu soupire intérieurement et pose tes yeux sur la mer, calme a cette heure-ci puis regarde a nouveau la jolie blonde devant assise par terre. « Et... le mec que je fréquente dans un deuxième lieu. Il adore montré sa potiche a son bras» dis-tu, sarcastique. Tu étais loin d'être une potiche stupide, mais souvent c'est ce que tu ressentais quand tu étais a son bras et qu'il te présentait comme la reine de beauté que tu étais.

Ton corps tout entier se crispe lorsque tu entends son prénom. Zola. Zola Dawson. Il n'y avait pas des milliers de Zola. Ton coeur battait dans tes tempes. Ton sang ne faisait qu'un tour. Était-ce la Zola de la lettre de ta mère? C'est sans doute la même. Ton coeur manque un battement et tu manques t'évanouir. Ton visage devient livide et tu te laisse choir près d'elle. « Zola.» dis-tu, d'une voix faible et seulement pour toi. « Je...» tu en perds tes mots. Toi qui est pourtant si sûr de toi dans ce genre de situation là. Tu éclaircis ta voix. « Je... j'ai une question un peu bizarre... j'espère ne pas te faire fuir...» dis-tu simplement en guise d'introduction. Tu n'attends pas qu'elle te donne le ok pour ta question. Tu déballes :« As-tu retrouvé ta mère biologique dans les dernières semaines...genre, à sa mort.» Tu avais espéré si souvent retrouvé ce petit bébé que tu avais déposée a la caserne. Ton coeur battait a la chamade.

Comme deux gouttes d'eau

« L'égalité des sexes dans notre monde est magnifique. » Tu utilisais l'ironie même si c'était la stricte vérité. Personne ne pouvait nier la beauté de la blonde à tes côtés mais de là, à limiter son rôle à de la figuration, cela te semblait un peu léger. Mais c'était le jeu des soirées mondaines, regarder de vieux couples qui tentent de rester jeunes affronter les couples divorcés qui explosent leurs nouveaux compagnons ou encore les non-mariés avec des escortes. Est-ce que c'était ce qu'elle était devenue aujourd'hui ? Une escorte ? Tu n'en savais rien, tu ne l'as connaissais pas assez pour le savoir même si tu devinais dans ses mots qu'elle était plutôt maligne.

Soudain l'ambiance t'avais paru bien plus lourde à l'annonce de ton prénom. Ou alors c'était celui de ton frère ou encore votre nom ? Tu ne savais pas vraiment, tu sais juste que la réputation des Dawson n'est plus à faire, encore moins avec votre dernier scandale. Tu es bien loin d'avoir en tête le côté bien plus personnel de tout cela, bien loin de faire le lien avec la Clara de la lettre et celle en face de toi. Bien loin de voir l'évidence d'une ressemblance jusqu'à vos longs cheveux dorés. Est-ce tu es étrange quand elle se laisse tomber à côté de toi ? Probablement, tu n'as jamais eu le talent de ta mère adoptive pour cacher tes émotions, enfin pas celle que tu ne comprends pas en tout cas. « Tout vas bien ? » Tu t'inquiètes pour elle, son teint est plus livide qu'à son arrivée et elle semble avoir du mal à trouver les bons mots. Et puis, soyons sincère, le peu de mots qu'elle utilise ne te rassures pas vraiment. Elle te parle d'une question et tu hoches la tête innocemment, sans trop y réfléchir. « Alexis t'a parlé de mon adoption ? » Ce n'était pas un secret d'état mais cela remontait à plus de vingt ans et ta famille n'en parlait jamais. C'était un sujet tabou, comme si tes parents adoptifs refusaient de te voir comme quelqu'un d'autres que comme leur fille, c'était d'ailleurs la base de t'a si mauvaise entente avec Holly. Tout se mélange dans ton esprit, tout s'embrouille, tu ne comprends pas. Tu n'as parlé de la lettre à personne, enfin si à ton frère mais depuis il avait perdu la mémoire et tu n'avais pas voulu lui ajouter ce courrier que tu voulais oublier. Enfin, que tu pensais que le temps allait te faire oublier. Alors comment pouvait-elle savoir ? « Ton prénom, c'est quoi déjà ? »

Comme deux gouttes d'eau

à ses paroles tu ne peux t'empêcher d'acquieser de la tête. Même a l'aube d'une nouvelle décénie, l'égalité des sexes étaient loin d'être gagné et ce n'était pas parce que vous ne vous efforciez pas d'en faire votre cheval de bataille, vous, les femmes. Tu soupire intérieurement. Dans tous les cas, votre petite conversation te faisait te remettre beaucoup en question. Tu savais que tu valait mieux, mais est-ce que ton coeur meurtrie finirait par guérir et permettre a quelqu'un d'entré dans ta vie sans te voiler la face? Tu en doutais fort bien. Votre petit arrangement te convenait, du moins, pour le moment. ''Ouais... disons simplement que pour le moment, cette relation me convient. J'te dis pas que j'en suis fière, seulement qu'au moins, je ne suis pas seule au monde...'' tu laisse planer le doute. T'aimes pas te montrer vulnérable et pourtant, avec Zola tout te semblait fluide. Pour la première fois de ta vie t'avais l'impression de parler sans te faire juger.

Et puis c'est au moment ou la petite blonde dévoila son identité, que le sol se déroba sous tes pieds. C'était elle. C'était Zola. Ce petit bébé que t'avais lâchement abandonnée des années auparavant. Elle te demande si tu vas bien, mais t'arrive a peine a respiré. Ton coeur bat rapidement, des sueurs froides te coulent dans le dos. Zola. Ta soeur. Les secondes passent et tu ne parviens pas a reprendre tes esprits. Tu l'entends au loin te demander si Alexis t'avais parler de son adoption. Tu hoche la tête négativement. Non et si tu avais su. Si tu avais su! Qu'est-ce que tu aurais pu faire de plus? T'aurait-elle accepté dans sa vie? Et sa famille? Qu'est-ce qu'ils auraient dit? Tu trembles comme une feuille au vent. Et elle te pose la question fatidique. Celle que tu ne peux plus éviter. Tu aurais cru que ça tarderait. Décidément ta mère n'avait pas lésiné sur les surprises. ''Clara...Clara Stewart'' laisse tu tomber du bout des lèvres, le regard perdu dans l'eau, attendant qu'elle réplique, qu'elle t'engueule, qu'elle se sauve en courant.

Comme deux gouttes d'eau

« Si cela te convient, c'est le plus important. » Tu ne jugeais pas, tu avais juste le sentiment qu'elle ne disait pas tout mais en même temps, elle te connait depuis quelques minutes à peine, elle ne va te confier sa vie comme tu ne parleras pas des détails de la tienne. Surtout que côté coeur, tu es probablement l'une des pires conseillères qu'on peut trouver. Déjà parce que tu n'es pas en couple actuellement mais aussi parce que tu ne sais pas comment avoir un couple qui fonctionne. Évidemment, tu as eu quelques aventures mais jamais rien de bien important. Le seul homme important dans ta vie n'a été à toi qu'une nuit et même si de cette nuit, tu as eu Kiara, cela ne reste qu'une aventure d'un soir.

Puis les choses avaient changés entre vous, de manière assez brutale quand tu lui avais dit ton prénom. Tu avais vu son teint devenir plus blafard, ses mots qui s'emmêlaient et qui semait des doutes en toi. Elle savait des choses que personne ne savait. Elle parlait d'une lettre que tu n'avais confié à personne, de lignes que tu voulais oublier. Ecrire par une femme aujourd'hui morte dont la dépouille t'avait été remise malgré toi. Et puis, alors que tu l'as regardais, les lignes se reformaient dans ton esprit, pas toutes, tu ne l'as connaissais pas par coeur mais les grandes lignes t'avaient assez perturbé pour que tu t'en souviennes. Pour que tu te souviennes d'une ligne en particulier. Celle qui disait qu'elle regrettait de ne pas vous avoir vu grandir, Clara et toi. Clara, son prénom, elle te le confirme rapidement, malgré une voix fragile, tu le comprends clairement et ça résonne en toi. Comme une cloche qu'on vient de sonner, ton esprit vient de l'être. Assise, tu ne dis rien. Tu ne sais pas qui dire durant plusieurs secondes ? Ou minutes ? Tu l'ignores, ça te parait si long et si court à la fois. Tu n'avais pas prévu cela. Tu n'avais pas vu venir ce moment où tu croiserais celle qui partage ton sang. Un silence s'installe et tu as perdu la notion du temps alors tu ne saurais pas dire combien de temps s'est écoulé entre son prénom et tes mots. « Je suis désolé .. Pour ta mère. »