time to tell the truth

Assise sur un banc, tu observais Kiara qui jouait sur l'un des jeux à bascule du parc. Vous aviez l'habitude de venir ici quand tu finissais tôt le travail. Tu allais la chercher plus tôt à la crèche, vous veniez jouer un moment ici, prendre le goûter avant de rejoindre la maison. Evidemment, tu penses à Marcus qui vous accompagne parfois, tu penses aussi à votre fidèle soirée pizza, votre tradition qui n'en était plus une depuis quelque temps. Et dont tu ignorais si c'était un arrêt définitif ou juste passager. Depuis que tu l'avais vu monter dans ce bus, il t'évitait comme tu n'aurais jamais pu le deviner. Tu savais qu'il allait bien parce que si il t'en voulait, il n'en voulait pas à Kiara qui s'amusait à l'appeler parfois. Mais tout avait changé. Tu regardais le parc en te disant qu'avant, tu n'étais pas vraiment le genre de femme qui vivait à l'extérieur. Pas du genre à lire un livre sur l'un des bancs du parc, tu étais plutôt un petit ras de bibliothèque. Mais en devenant maman, tu avais pris goût à être en extérieur et puis, il te suffisait de voir le sourire de ta fille quand vous arrivez ici pour que tu saches que tu reviendras. Tu l'observais de loin en lui souriant, l'une comme l'autre, vous vous surveillez toujours du coin de l'oeil. Mais tu mentirais en disant que ton esprit était totalement avec vous. Au contraire, tu te perdais une nouvelle fois dans tes pensées qui malgré tes efforts étaient bien plus forte que toi. Ta vie partait en vrille, ta famille partait en vrille, tes amours étaient encore moins clairs, seul tes amis étaient toujours aussi fidèle pour t'aider à comprendre. Enfin, ils faisaient comme ils pouvaient parce que tu savais que personne ne pourrait mettre ton esprit au clair à ta place. Face à ta vie, il n'y avait qu'elle, elle est la seule belle chose de ta vie, la seule pour laquelle tu n'as aucun regret. Tu vois son sourire, sa joie de vivre et durant quelques instants, tu as le sentiment de ne pas être un monstre. Alors que ton esprit était ailleurs, la réalité venait de te rattraper, tu n'avais pas eu le sentiment de la perdre de vue longtemps et pourtant, elle avait eu le temps de s'éloigner de quelques mètres pour aller sur le chemin et parler à un homme. Naturellement, tu avais sentie la panique t'envahir avant de le reconnaitre. Tu savais que c'était lui, tu n'avais aucun doute mais ta panique n'avait pas disparu pour autant, elle s'était transformée. Volontairement, tu n'étais pas intervenu tout de suite, tu avais attendu qu'il est terminé et que Kiara te montre avec son petit doigt. Probablement en lui disant que tu étais sa maman, tu avais répondu avec un signe la main et un sourire un peu gêné, tout en marchant vers eux. « Salut .. » Tu étais un peu gêné, tu ne savais pas vraiment ce que ta fille lui avait dit, les enfants peuvent être timide face à tes inconnus mais ta fille avait toujours été entouré et bavarde. Elle te montrait son lacet dont elle semblait fière avant de rejoindre sa balançoire.

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Tu n'aimais pas ce malaise que tu sentais entre vous pourtant tu l'avais déjà ressenti. C'était ce fameux matin juste avant votre promesse, juste avant votre séparation qui s'était avéré être beaucoup plus longue que ce que tu aurais pu imaginer. La dernière fois que tu l'avais vu, tu avais clairement pris la fuite à la première occasion, sans rien dire, sans rien faire. Tu t'étais contenté de t'enfuir en espérant trouver des réponses avec le temps. Sauf que le temps était passée et que tu n'étais pas encore sûr d'avoir compris tout ce qui s'était passé entre vous depuis son réveil. Mais il était là, en face de toi, avec ta fille, tu n'avais pas le choix. Tu devais affronter tes sentiments perturbés et sourire comme si rien n'était. Espérant qu'il ne lise plus en toi comme dans un livre ouvert. Quand tu les avais rejoints, Kiara t'avait montré avec fierté son lacet avant de fuir à la balançoire. C'était tellement simple à son âge de changer de sujet, de ne pas trop réfléchir. Une fois la demoiselle enfuit, tu l'as regardais de lui sans savoir ce que tu devais faire. Comment tu devais le saluer ou quoi lui dire ? Lui reparler de ce baiser ? Garder le silence ? « En quelque sorte, mais je suis payé uniquement en bisous d'amour » Tu riais légèrement tout en souriant à ta tête blonde qui vous faisait coucou de loin. Même si les bisous n'avaient aucune valeur financière, ils avaient le pouvoir de te faire sourire, de te redonner espoir et souvent c'était bien plus important. Enfin dans ton regard, parce que tu es une Dawson et donc une privilégiée tu le sais. « C'est ma fille, Kiara » Tu le regardais, il l'ignorait mais cette simple phrase que tu disais depuis trois ans sans te poser de question était compliqué à dire devant lui. « Tu n'as pas à te justifier, le parc est à tout le monde » Et tu étais presque sûr qu'il n'aurait jamais parié sur le fait que tu pouvais être ici. Tu n'aimais pas le malaise que tu sentais entre vous, ce silence qui allait s'installer avant que ce soit lui qui prenne la fuite. Finalement, fuir c'était peut-être votre truc. « Je .. Je suis désolé pour la dernière fois. » Désolé d'avoir fuis, désolé d'avoir prolongé ce baiser qui arrivait au pire moment de votre vie. Ce baiser doux qui aurait peut-être dû vous éclaircir la situation mais qui n'avait fait que la compliqué.

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Sur le coup, tu n'avais pas compris le quiproquo que tu venais de créer dans l'esprit de Jay. Dans ton esprit, le fait que vous soyez uniquement toutes les deux étaient une telle évidence mais c'était parce que tu avais tes souvenirs, parce que tu détenais la vérité. Ta révélation l'avait perturbé et tu avais hésité à poser ta main sur son bras comme pour le rassurer, un vieux réflexe que tu avais retenu. Tu avais l'impression que ce geste aurait été déplacé même si il était totalement innocent. Ce que tu venais de lui dire était un choc pour lui, tu le savais et tu savais aussi que bien pire l'attendait. Tu aurais voulu garder ton secret plus longtemps, lui laisser le temps de comprendre sa vie, de savoir où il en était avant de lâcher la bombe mais tu voyais le temps se réduire autour de toi. Marcus avait compris la vérité et tu savais qu'il risquait de lui dire alors qu'il ne fallait pas. Cet aveu c'était à toi de le faire et tu ne savais pas comment t'y prendre. « Je dois te rappeler que c'est moi qui suis venu te voir, Jay, tu ne m'avais rien demandé. Tu ne dois t'excuser pour rien, j'aurais dû te laisser tranquille. » Et tu le savais au fond, c'était cela le véritable geste déplacé, c'était ta présence à ses côtés. Tu n'avais aucunement le droit d'être dans cette chambre ou d'aller le voir. Même si tu regrettais vos choix d'adolescent, c'était une autre histoire. Mais sur le moment, tu avais suivi ton instinct, tu avais tenté de changer les choses mais comme toujours ce n'était pas le bon moment et c'était maladroit. Tu lui souriais comprenant le quiproquo par la même occasion, un air surpris avait pris place sur ton visage. « Oh, non .. Il n'y a que Kiara et moi » Il te parlait de ta fille et tu l'as regardais, elle te ressemblait beaucoup c'était vrai. Enfin physiquement, avec elle tu n'étais plus l'unique blonde de la famille Dawson. Elle vous faisait signe et tu lui répondais instinctivement. Être maman, c'était une habitude pour toi alors que te voir dans ce rôle devait lui paraitre étrange, tu en avais conscience. Tu redoutais la fameuse question sur son père, mais tu ne pouvais pas lui dire la vérité maintenant, c'était bien trop tôt. Le pauvre était déjà assez perturbé par la situation sans que tu compliques tout.

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« Non, enfin je me dis que les choses auraient été plus simple pour toi si, si je n'étais pas revenu. Je n'ai fait que compliqué les choses avec ma présence. Je le sais aujourd'hui. » C'était ta manière de justifier ton absence depuis ce fameux jour, même si il n'était pas bête et qu'il allait comprendre que ce n'était pas l'unique vérité. Il fallait aussi avouer que cela aurait été plus simple pour vous deux, tu aurais pu essayer de mettre de l'ordre dans ta tête. Le revoir après tant d'années même dans le coma t'avait chamboulé puis il s'était réveillé, tu l'avais retrouvés comme dans tes souvenirs et tu t'étais laissé emporté dans par la vague. Tu étais revenu le soir et puis il y avait eu ce baiser qui n'avait fait que compliqué tes pensées. Ajouté à cela la dispute avec Marcus qui ne te parlait plus, le retour dans ta vie d'une soeur biologique assez étrange dont tu ne sais rien. Oui, ta vie était un sacré bazar et pourtant, au fond de toi, tu referais exactement la même chose. Enfin a quelques détails près puisque vous auriez dû parler à Marcus il y a bien longtemps. « Merci, les débuts n'ont pas été les plus simple mais je crois qu'on est heureuse ensemble » Tu souriais en regardant Kiara au loin, elle était la plus belle chose que tu avais faite dans ta vie. Elle était ta fierté et en ce moment, l'unique rayon de soleil de ta vie, la seule chose simple et fluide. « Peut-être bien, mais je ne crois pas que tu sois prêt » Tu lui souriais avec ton air joueuse. Même si tu savais que tout cela n'était pas un jeu, la situation n'avait rien de drôle et pourtant la comparaison avec un jeu était possible. Un jeu de hasard, tu allais devoir lui dire et attendre de voir si c'était une bonne ou une mauvaise nouvelle. Evidemment, tu n'aurais pas la réponse tout de suite parce que tu imaginais la bombe que cela allait représenter. Parce que tu ne savais pas comment t'y prendre avec douceur. Alors tu essayais de désamorcer la bombe lentement. La vérité c'était que tu aurais pu lui dire à ce moment précis parce que malgré ton angoisse, une partie de toi te disais que c'était le bon moment et pourtant. « L'Irlande ? » C'était loin, loin de toi, loin de vous mais tu ne lui montrais pas le pincement que tu ressentais. Après tout, tu avais su te taire quand il était parti à l'armée et au fond, c'était la même chose aujourd'hui. « Comment ils se sont retrouvés là-bas ? » Tu lui souriais, cachant ce que tu ressentais vraiment. Tu savais que son départ n'était pas pour tout de suite, enfin tu l'espérais. Tu n'avais pas fini tes années de médecine et tu étais peut-être un peu stupide de penser que ça allait le retenir mais tu te disais que tu avais plusieurs semaines avant son départ. C'était comme cela que tu te rassurais, enfin en quelque sorte. « Et tu sais déjà quand tu dois les rejoindre ? »

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Tu lui souriais, sans trop savoir si il t'en voulait ou pas de ta présence à l'hôpital. Il n'entrait pas dans les détails du sujet et tu comptais bien faire de même. A quoi bon vouloir en savoir plus sur un sujet qui peux te briser le coeur ? Tu n'avais franchement pas besoin de plus de complications dans ta vie. « Tu connais mes frères, je n'ai jamais été vraiment seule au fond. » Tu avais conscience de la chance que tu avais eu avec tes proches. Quand tu leur avais bien la nouvelle, tu aurais vraiment pu te retrouver seule face à tes choix. C'était ce que ton père voulait mais comme toujours, Alexis et Marcus étaient là pour toi. Ils n'avaient jamais posé la moindre question sur le père de ce bébé, s'amusant juste à préciser qu'il ne te croyait pas quand tu parlais d'un inconnu, d'un coup d'un soir et tu les comprenais. Ce n'était pas ton genre, bien au contraire, tu étais la petite Zola bien trop sage parfois de cette famille. Ils auraient pu t'en vouloir pour tes silences mais tu sais encore mieux aujourd'hui que la vérité t'aurait fait perdre Marcus. Mais tu étais chanceuse de ne pas avoir été seule, tu le savais. « Donc je confirme, je vais me taire pour le moment » L'Irlande était une surprise pour toi et tu ne savais pas si c'était une bonne nouvelle ou pas. Tu savais que tu aurais pu choisir de faire le même choix qu'il y a quelques années, si il quittait la ville, tu pouvais garder le silence sur ton secret. Mais tu n'en pouvais plus de ses secrets qui te rongeaient de l'intérieur. Et plus encore aujourd'hui, que tout cela n'était plus ton secret. Tu l'avais partagé avec tes frères et tu ne pouvais pas leur demander de mentir. Surtout à Marcus. Alors tu osais, tu osais lui demander quand il comptait partir et sans t'en rendre compte, sa réponse t'avait fait sourire. Au moins, tu avais un peu de temps ? Ou peut-être pas ? « Les Davies et leur goût pour l'aventure » Tu connaissais assez peu ses frères en réalité, seulement de vu et par chance, ton visage ne les avaient pas marqué non plus. Parce que la fille enceinte au lycée, ça marque. « Et ça avance, tu réussis à retrouver quelques souvenirs ? » Tu avançais à taton sur ce sujet avec une voix plus douce qu'à ton habitude, le sujet étant bien plus sensible.

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Tu le remerciais sans trop savoir pourquoi parce que devenir mère t'avait paru bien plus facile que tu l'avais imaginé. Tu regardais Kiara jouer au loin, tu pensais à votre vie et ton rôle dans sa vie. Tu n'aurais jamais imaginé en être là aujourd'hui, tu te voyais être une brillante étudiante, peut-être rencontrer l'homme ta vie durant tes études et suivre un chemin plus traditionnel avant de fonder ta propre famille et pourtant, au fond, celle que tu étais aujourd'hui te ressemblait bien plus. Tu n'avais jamais été une femme sûre de toi et pleine de confiance, tu avançais dans la vie lentement, prudemment et c'était ce que tu devais faire en tant que mère. T'assurer que le monde ne serait pas trop dangereux pour elle. De loin, tu l'entendais rire en se balançant. La situation pourrait être parfaite à cet instant avec des choix différents. Jay te parlait de ses envies de voyages, de changer d'air. Il avait toujours été un aventurier, le contraire de toi sur ce point. C'était l'une des choses que tu aimais en lui. « Tu auras toujours une place ici, Melbourne c'est ta maison » Est-ce que tu le rassurais ? Ou est-ce que tu te rassurais sur l'éventualité qu'il ne reviendrai jamais. Bonne question. Quoiqu'il en soit, tes paroles étaient sincères. Melbourne avait beau être une grande ville, c'était la vôtre. Vous y aviez un endroit pour chaque moment de vos vies, les meilleurs comme les pires. Mais tu savais aussi que si cela te rassurait, ça pouvait également ressemblé à une prison dorée pour beaucoup de personnes. Et tu supposes qu'en amoureux de l'aventure, c'était le cas pour Jay. « Tu rigoles ? C'est un début, ça ne peut être que positif ! » Tu aimais voir la vie du bon côté, surtout quand tu sentais que pour lui cela ne semblait être qu'un détail incomplet. Pour toi, c'était un premier pas vers la "guérison", la preuve que ce n'était qu'une question de temps. Même si cela voulait dire qu'il y avait peut-être une femme dans l'équation. Après tout, tu n'en savais rien. Tu avais remis ton regard sur ta fille à ses derniers mots, peut-être par malaise. Tu ignorais si tu pouvais comprendre ce choix, si tu voulais le comprendre alors tu avais décidés de changer de sujet. « Un milkshake de Joe ? Parce que tu pourras faire le tour du monde, tu ne trouveras jamais mieux » Tu riais légèrement, tu n'en savais clairement rien mais cet endroit était toute ta jeunesse, toute ta vie. C'était dans tes yeux, bien plus qu'un simple diner. Et oui, tu commençais à avoir légèrement faim, l'heure du goûter approchait.

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« Que tu as réussi » Tu lui souriais avant de reprendre très vite ton explication, consciente que ce que tu venais de dire n'était pas très clair. « L'armée c'était ton rêve, tu voulais sauver le monde et il faut croire que c'était quelque chose qui te convenait et puis, ce que tu es en train de dire c'est que tu finissais toujours par revenir même si c'était assez peu souvent. » Tu lui faisais un clin d'oeil. En réalité, tu ignorais tout de la vie d'un militaire. Tu ignorais le nombre de permissions qu'on leur accorde et surtout ce que Jay en faisait. Peut-être que dix fois sur trois ans c'était beaucoup ou alors ce n'était rien. Tu l'ignores. Peut-être qu'il revenait en ville uniquement parce que c'était ce que sa mère lui demandait. Parce qu'elle avait besoin de lui. Mais quelque chose te disait que tu le connais suffisamment pour savoir que Melbourne n'est pas juste une ville parmi tant d'autre. Même si tu ne pouvais pas te retenir de penser dans un coin de ton esprit que peut-être il avait une vie ailleurs, une femme inquiète de ne pas avoir de ses nouvelles. Tu n'en savais rien et c'était le genre de pensées que tu voulais chasser de ton esprit. Si c'était le cas, tu savais que ses souvenirs reviendraient bientôt. Si la guerre commençait à revenir dans sa tête alors le bonheur devrait probablement faire la même chose. La romantique que tu es est incapable de croire qu'on peut oublier l'amour. Tu hochais la tête, trois ans ce n'était pas rien, tu en avais conscience. Tu étais bien placé pour savoir ce que trois petites années avaient fait dans ta vie. Quand on y pense, trois ans, c'est tellement rien dans une vie et pourtant, ses trois ou quatre dernières années avaient été les plus intenses de ta jeune vie. Tu sentais dans sa voix qu'il était perdu, tu trouvais cela parfaitement compréhensible mais également un peu triste et dans ce genre de situation, tu ne connaissais qu'une solution. Tu étais même surprise que l'idée vienne de toi et non de Kiara qui avait le pouvoir de sentir l'heure du goûter arriver. Tu riais légèrement à sa réponse. « Tu ne peux pas, tu n'as jamais pu dire non à ça ! Tu me donnes une seconde ? Je n'ai pas besoin de plus pour la convaincre de tout lâcher pour un milkshake. » Tu lui souriais avant de rejoindre Kiara sur son jeu pour lui parler du goûter. Les chiens ne faisaient pas des chats, en quelques minutes seulement, elle était prête à engloutir son poids en nourriture. Le diner n'était pas très loin du parc mais marcher ainsi tout les trois, c'était vraiment étrange. Tu étais presque gênée par la situation alors pour éviter qu'un blanc ne vienne te perturber encore plus, tu avais posé la première question qui t'avait traversé l'esprit. « Au fait, comment va ta soeur ? »

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En grandissant, tu avais vu tes rêves de petite fille changer petit à petit pour se plier au caprice du destin. Et étrangement ta vie te convenait même si elle était assez éloigné de tes rêves d'enfance. Même si Jay avait tout oublié de ses dernières années, cela te semblait important qu'il n'oublie pas que malgré tout, il avait réussi à conquérir l'un de ses rêves, à le réaliser et ce n'était pas rien. Les rêves avaient une importance capitale dans une vie, comme une ancre qui nous permet de tenir le cap face à n'importe quel obstacle. Le retour à la réalité qu'il venait d'énoncer t'avait fait grimacer, tu savais que tout ne s'était pas déroulé comme prévu mais pour un militaire blessé, il s'en sortait plutôt bien au fond. Beaucoup perdaient la vie ou un membre alors qu'avec un peu de chance, il suffirait qu'il patiente un peu pour qu'il se retrouve. La situation et la discussion devenant moins légère, tu décidais de récupérer cette légèreté en utilisant non pas tes charmes mais un mot magique, même deux mots magiques : milkshake et Joe. « Jay Davis sur les réseaux sociaux ? » Tu le regardais surprise et amusé à la fois, tu savais que ce n'était pas son truc. D'ailleurs, tu avais des comptes mais au fond, ce n'était pas forcément le tien non plus, mais tu dois avouer que ça t'amusait de poster des trucs, souvent des dossiers sur tes meilleurs amis c'est vrai. Tu trouvais la situation amusante mais au fond, tu savais que ce n'était pas si drôle. Ce qu'il était en train de vivre était difficile et il semblerait que ses piliers ne soient plus en ville. Tu n'imaginerais pas vivre un telle épreuve sans tes frères même si en ce moment, c'était compliqué pour eux. Vous arrivez au dinner et comme toujours, tu salues le vieux Joe, Kiara fait la même chose. Elle vient ici depuis toujours, c'était un peu comme une autre maison finalement. Joe semblait surpris de vous voir et ils avaient naturellement demandé si les autres allaient arriver. Tu lui avais répondu que non avec un peu de peine dans la voix. Non, Marcus ne viendrait pas. Tu ignorais même où il se trouve, si il était rentré en ville ou non. Il t'avait demandé du temps et tu lui en laissais, attendant avec impatience son retour, son sourire. Quant au reste de leurs amis, tu n'avais pas vraiment de contact et pour les tiens, tu doutais de les voir libre à cette heure.

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Votre arrivée au dinner te rappelait que ce que vous étiez en train de faire était mal. Dans chaque parole de Joe, tu avais l'impression d'entendre que tu trahissais Marcus même si le vieil homme était bien loin de le dire et bien loin de connaitre votre histoire, ton histoire. Ce n'était qu'un vieux monsieur qui avait son petit commerce et ses habitués. Tu venais ici depuis des années et il avait raison, tu étais rarement seule. Mais tu ne pouvais lui dire qu'il ne reviendrait peut-être jamais. Tu ne pouvais pas dire à haute voix que tu avais brisée le coeur de ton frère. En regardait Jay s'éloigner avec Kiara, tu avais souris alors qu'au fond, ton coeur saignait. Parce que tu sais que tu devrais lui, tu sais qu'il a le droit de savoir qu'à cause de toi, en plus de sa famille, son meilleur ami n'était pas là. Même si tu n'étais pas l'unique coupable de cette fameuse nuit, c'était par ta faute qu'il était monté dans ce bus. Parce que tu n'avais pas su le retenir malgré la sincérité de tes mots. Tu lui avais ouvert ton coeur sur tes pensées, sur tes secrets mais c'était trop tard et une partie de toi avait peur que ce ne soit trop et que tu l'ai perdu à jamais. Tu devrais parler à Jay, tu le sais, tu devrais lui dire mais tu avais peur. Peur que lui aussi te tourne le dos. Échangeant quelques mots avec Joe, tu avais fini par rejoindre la table où ta fille riait. « J'ai raté quelque chose ? » Tu voyais dans le regard de Kiara qu'elle avait cet air secret et tu savais que cela pouvait dire des milliers de choses. Cette demoiselle était au moins autant bavarde que toi, mais tu espérais qu'elle n'est rien dit de compromettant à Jay. Il ne manquerait plus que ta fille soit plus courageuse que toi. « Je voulais commander mais je ne savais pas si tu avais le même appétit que nous et l'envie d'accompagner ton mikshake avec l'une des pâtisseries de Joe ? » Kiara ne mangeait jamais tout, mais elle avait bien les yeux plus gros que le ventre et malgré l'idée de partager que tu essayais de lui apprendre, elle était plus dans l'idée d'en garder pour le petit déjeuner. C'était à peine quelques secondes après ta question que Joe était arrivé, vous demandant si vous aviez fait votre choix. Kiara était déjà en mode "anille" pour être certaine que son milkshake arrive et tu regardais Jay pour savoir si il avait fait son choix.

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Tu avais eu une impression étrange en les rejoignant à table, un sentiment de complicité qui te paraissait stupide. Enfin qui te faisait te sentir stupide parce que dans ton esprit c'était impossible. Kiara était une petite fille adorable et tu ne douterais jamais de Jay et de sa manière de faire avec les enfants mais ils sont encore deux inconnus au fond. Alors tu ne pouvais pas t'empêcher de te dire que c'était parce que tu savais la vérité que tu voyais ce lien entre eux, que tout semblait si évident et si simple entre eux. Persuadé que c'était tes yeux qui te jouaient des tours, c'était bien plus simple que t'avouer que tu te compliquais peut-être la vie pour rien. Tu les regardais chacun leur tours en souriant, espérant que l'un des deux craqueraient mais rien du tout. Alors tu avais fait mine de les croire, même si tu n'étais pas totalement convaincu. Tu regardais Kiara qui se contentait de sourire à Jay, fière comme un paon de savoir quelque chose que tu ignores. Alors tu avais finis par t’asseoir, oubliant ta curiosité pour laisser place à un autre de tes défauts, la nourriture. Joe vous avait rejoint rapidement pour prendre vos commandes, tu avais pu lui indiquer ton milkshake au chocolat bien sûr et celui de Kiara, à la vanille ainsi que de vos muffins avant que Jay ne passe sa commande à son tour. Le vieux Joe était alors reparti derrière son comptoir. Quelques minutes vous aviez vos goûters et tu dois avouer que tout s'était très bien passé, durant ce moment, tu avais presque oubliés la réalité. Oublier Marcus que tu avais fait disparaître, oublier tes mensonges et tout ce qui te perturbe en ce moment. Puis Kiara t'avait demandé si elle pouvait aller danser, c'était un peu plus loin, tu savais qu'elle ne se contenterait pas de danser dans l'allée, elle allait aller se coller devant le vieux jukebox et sans trop savoir pourquoi, tu t'étais dit que c'était le moment ou jamais. Naturellement, tu avais baissé le regard et posé ta main sur celle de Jay. « Il faut que je te parle d'un truc » Le temps de reprendre ton souffle et de te lancer, tu relevais les yeux vers lui. « C'est important et je sais que ce n'est pas le bon moment mais je ne crois pas qu'il existe de bon moment ou plutôt, je crois que je l'ai raté. »

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Durant toutes ses années, tu avais menti. Menti à tellement de gens, menti sur tellement de sujets pour cacher la vérité parce que dans les yeux de l'adolescente que tu étais la vérité était pire que tout. Pas parce que tu avais couchés avec le garçon que tu aimais mais parce que c'était lui. Parce qu'il était le meilleur ami de ton frère. Et parce que le destin avait décidé de te donner une difficulté supplémentaire avec ta grossesse et toi, tu n'avais fait que mentir encore plus. Laissant les gens te ranger dans la case de la fille facile que tu n'étais pas. D'ailleurs, plus le temps passait et plus tu ouvrais les yeux sur la réalité. Tu avais compris que Tom savait dès tes premiers mois de grossesse et ta récente conversation avec BB t'avait indiqué qu'elle avait également compris depuis longtemps. En ce moment, la réalité t'échappait, la vérité te rattrapait et tu ne pouvais pas laisser quelqu'un d'autre dire la vérité à Jay. Même si il n'était pas prêt, même si il allait t'en vouloir pour ton silence. Tu avais laissé échapper un sourire à sa remarque. « Je ne sais pas si je dois juste le dire ou chercher les bons mots pour faire une belle histoire ..» C'était la vérité, tu ne savais pas comment t'y prendre. Tu ne savais pas si tu devais raconter l'histoire en partant de ce fameux matin ou si tu devais lui annoncer aussi vite qu'on arrache un pansement.« Je ne t'ai pas tout dit sur nous. Enfin si, en quelque sorte, je t'ai dit ce que tu avais oublié, cette promesse de silence et plus rien. Ce que je ne t'ai pas dit, je n'ai pas disparu de ta vie uniquement à cause de cet horrible mensonge. » Tu devinais qu'il voulait que tu parles bien plus vite mais tu en étais incapable, tu avais besoin de reprendre ton souffle, d'essuyer la larme qui s'échappait de tes yeux.

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Tu savais que lui dire la vérité allait être compliqué. Durant longtemps, tu pensais même que tu en étais incapable mais plus tu regardais Kiara et plus tu te disais que ton secret était égoïste. En dehors de toutes tes peurs, en dehors de tes mensonges qui s’effritent, il y avait eux. Ta fille grandissait et elle avait le droit d'avoir un père, surtout que tu connaissais Jay et que tu savais qu'il serait parfait dans ce rôle. Tu espérais juste qu'il soit heureux d'apprendre la nouvelle, même si tu étais consciente que tu venais de lui jeter une bombe en plein visage. Même si tu étais consciente qu'il allait lui aussi t'éviter durant plusieurs semaines suite à cela. Au moins, tout serait dit. Tu serais seule, oui, mais pas elle. La décision fait mal, la décision fait peur mais en devenant mère, tu t'étais juré de faire au mieux pour elle. Et c'était le mieux. « Si, je te dois des explications, parce qu'au fond, on sait tout les deux que ce n'était juste une soirée trop arrosée .. Et puis, tu as le droit de savoir, même si cela m'a demandé du temps pour le dire. » Un dernier sourire gêné même si tu essayais de cacher ta gêne. Puis instinctivement, tu avais fuis son regard pour le reste de tes explications. Parce que tu as peur de ce que tu vas lire dans ses yeux, peur de voir de la déception. Peur de comprendre sa colère, parce que tu sais très bien comment tu aurais réagi à sa place et tu sais très bien que même si tu essayes de lui faire comprendre en douceur, tout ne sera pas simple. « Quelques semaines après ton départ, ma vie a pris un tournant que je n'aurais jamais imaginé. » Tu ignorais si il avait entendu parler de toi, sans que ton nom soit dit. La fille de terminale enceinte, ça avait fait le tour mais il y a avait tellement de filles bien plus facile que toi. Plus la conversation avançais, plus tu sentais le stress t'envahir, tu manquais d'air, tu manquais de courage mais pourtant, il le fallait. « Je suis tombée enceinte, Jay. »