Je me nomme Adrian Callaghan et voici mon histoire...

L’Australie. Certains d’entre vous connaissent ce pays pour l’impressionnant dédale végétatif, ses vagues déferlantes, sa faune particulière. Moi je connais ce pays pour une tout autre raison...

C’est ici sur ce sol riche en histoire, dont la végétation parfois luxuriante ou aride, a parfois attiré bien des producteurs que je suis né d’un père anglais et d’une mère française. La rencontre de la langue de Molière et celle de Shakespeare, quel oxymore lorsque l’on connaît l’histoire qui lie ces deux pays !

Les premières années de ma prime jeunesse demeurent rythmées par l’alternance de ces deux langues. L’un me parlant français en me contant les contes de Charles Perrault, de la Comtesse de Ségur ou même le Roman de Renart. L’autre m’évoquant Orgueils et Préjugés de Jane Austen, le portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde ou encore Olive Twist de Charles Dickens. Les années qui suivirent furent un peu moins studieuses. La raison ? Je courrais partout ! Absolument partout ! Je me souviens qu’une fois la nourrice qui me gardait avait dû me courir après à travers tout l’appartement pour que je daigne venir prendre mon bain.

Puis il y a eu ce matin d’automne où je fus réveillé par la voix grave de mon paternel. Cet homme exigeant et terriblement ambitieux auquel j’étais confronté quotidiennement m’entraînait loin de Morphée. Il tenait en sa main une lettre dont le tampon m’était familier une rose rouge agrémentée d’une fleur aux pétales opalescente puis une gravure. Instinctivement un large sourire s’éprit de mon visage juvénile. En quelques secondes le cours de mon existence fut bousculé par une série de péripéties. Le regard lourd et inquiet de ma mère me bouleversa un court instant, avant que je ne disparaisse de son champ de vision. Elle qui rêvait que j’intègre un tout autre établissement…

Quelques jours plus tard, je me retrouvais assis face à une Directrice au regard froid et autoritaire. Un vieil automatisme me poussa à déglutir pendant que mon paternel apposait sa main réconfortante contre mon épaule gauche. Malgré l’excellente réputation dont pouvait jouir l’établissement, quelque chose me manquait : ma famille. Rentré tous les week-ends ou une fois toutes les deux semaines demeurait extrêmement pénible. Moi qui avais l’habitude de discuter longuement avec ma mère. Un jour je lui demandais des conseils pour comprendre la gent féminine, un autre son point de vue littéraire sur certaines œuvres.
Fort heureusement l’année suivante, et après maintes supplications de ma part, j’intégrais le Auburn High Scholl. Adieu internat et soirée de débauche. Malgré mon retour à la maison, il m’est arrivé plusieurs fois de faire le mur afin de retrouver mes amis ou des filles.

Les années qui suivirent devinrent pour moi une période très personnelle. Après l’obtention de mon A Levels, et d’une bourse d’études, je quittais le cocon familial afin d’emménager au plus près de mon Université : Auburn High Scholl. Lorsque mes parents me demandèrent le cursus qui serait susceptible de m’intéresser, j’ai répondu sans hésiter : la médecine. Pourquoi cette discipline ? Parce que je suis né avec les histoires, les romans, les aventures de cape et d’épée ! J’aimais m’imaginer être le héros de l’histoire, celui qui sauve des vies. Et puis il y a eu ce triste soir où mon père se fit renverser par un motard. Quelques minutes après… Il s’est éteint à tout jamais.

Cet évènement me marqua si promptement qu’une fois l’obtention de mon diplôme, je quittais ma terre natale afin de trouver refuge dans mes études. Loin de mes vieux souvenirs, loin de mes démons vengeurs.

« […] et au premier battement de ses paupières, je l’ai connue. C’était elle, l’inattendue et l’attendue […] » Albert Cohen

Au cours de l’une de mes gardes soir un petit garçon de dix ans arriva aux urgences. Malheureusement et avec toute la bonne volonté du monde, l’accident de voiture fut fatal. Cet échec… Me fit presque perdre pied s’il n’y avait pas eu Maëly. Elle avait répondu à l’une de mes annonces, elle recherchait un toit et… Son histoire me toucha. Entre petits boulots d’appoints et une famille absente… Etrangement je me retrouvais en elle. Je revoyais l’Adrian d’il y a quelques années. Sans réellement réfléchir aux conséquences elle a emménagé chez moi.

C’est ainsi que tout commença…

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