Edwin est né au matin du treize novembre, alors que le soleil se levait à peine, les rayons berçant de sa lumière la petite chambre de la clinique médicale dans laquelle le jeune homme est né, y poussant ses premiers cris.

La famille Dursley était une famille modeste. Les parents d'Edwin formaient un couple soudé, malgré tous les obstacles de la vie quotidienne. Edwin fut une bénédiction. Car cela faisait des années que le couple essayait d'avoir un enfant. La mère d'Edwin avait fait une précédente fausse couche, avant la naissance de leur seul enfant. Ils n'avaient pas beaucoup de moyens et travaillaient d'arrache-pied pour parvenir à une vie convenable. Après trois années de mariage, ils évoquèrent l'idée d'avoir un enfant, de fonder une vraie famille. Le couple rêvait d'avoir un enfant, de l'élever et de le voir grandir. Leur espoir ternissait, jusqu'à ce que l'épouse ne tombe de nouveau enceinte. Soudainement, tout leur réussissait et Edwin fut leur plus grande réussite. Sa venue les comblant de bonheur. Edwin donnait sens à leur vie, à leurs engagements.

La naissance d'Edwin apporta une étincelle dans le cœur et dans la vie de ses parents, comme si sa naissance avait donné un nouveau sens à leurs vies. Sa mère était secrétaire dans un cabinet de dentiste. Son père était un ouvrier. Edwin voyait moins son père qui travaillait beaucoup, alors que sa mère était au contraire plus présente, pour s'occuper de lui. C'est sa mère qui lui transmis ses passions et lui inculqua les valeurs qu'il portait, comme le respect, l'altruisme, l'humilité. Edwin se souvenait qu'elle lui lisait des histoires le soir pour l'endormir. Edwin en grandissant, s'intéressait à de nombreuses choses et lisait beaucoup de livres, autant des livres d'histoires que de récits fantastiques. Edwin découvrit Harry Potter, se plongeant dans cet univers qui devenait un échappatoire pour le jeune garçon, mal dans sa peau...

Edwin était un garçon de nature solitaire, réservé, renfermé sur lui-même, très timide. Quand il entra à l'école, il eut beaucoup de mal à aller vers les autres et s'intégrer était une tâche complexe, ayant des difficultés pour s'ouvrir. Souvent, il restait en retrait, en marge des groupes, seul dans son coin. Il n'était pas le garçon populaire que tout le monde appréciait, non, c'était totalement le contraire. Il était régulièrement malmené par des garçons de sa classe ou des enfants plus grands, subissant moqueries, humiliations, et parfois des violences. Il se sentait différent, souffrant de cette différence. Il n'avait rien fait de mal et avait encore moins d'estime pour lui-même. Mais même en grandissant, Edwin se retrouvait être celui qu'on rabaisse, qu'on humilie. Il devenait habitué aux moqueries et aux humiliations, se retrouvant parfois la tête immergé dans les toilettes, ou enfermé dans un casier. Mais il ne disait rien, rien à ses parents. Il se détestait et souffrait de périodes dépressives, songeant que le suicide serait la seule réponse à ce qu'il endurait, pleurant dans son oreiller pour étouffer les bruits, se demandant ce qu'il avait fait pour mériter ça. Il en venait à penser que c'était la seule solution, que tout serait mieux ainsi et que de toute façon personne ne le pleurerait, mais il était trop lâche. Longtemps il avait tenu cette lame de rasoir contre sa peau pâle de son poignet, son regard vide perdu dans le miroir. Il se sentait comme rassuré de savoir qu’une alternative, qu’un moyen d’extérioriser existait, mais il n’a jamais osé appuyer. Il n'avait jamais réussi à faire ce qu'il avait pensé faire durant ses périodes d'insomnie. Trop faible, trop lâche.

Et un jour, la vie de la famille bascula. C'était le jour de son seizième anniversaire. Sa mère fut frappée de plein fouet, atteinte d’un cancer. Edwin la voyait s'éteindre jour après jour sans pouvoir rien y faire, totalement impuissant. Tout s‘est écroulé, son monde se fissura, brisant encore plus le jeune homme. Alors chaque année, le jour de son anniversaire, Edwin se rendait au cimetière, déposant un bouquet sur sa pierre tombale. Heureusement qu'il n'avait pas d'amis pour fêter son anniversaire, car le jeune homme n'avait pas l'esprit à ça quand le jour approchait.

Edwin, à la différence des autres adolescents de son âge n'avait jamais eu de relations amoureuses. Il n’était pas attirant, aucune fille ne craquait sur lui et c’est tardivement qu’il comprit qu’il ressentait du désir pour les hommes, désir qu’il refoula, ayant honte de ce qu’il pouvait ressentir, de peur d’être jugé. Il n’en parla à personne. Personne ne devait savoir qu'il était bisexuel.

Et un jour, au moment où il s'y attendait le moins, Edwin tomba amoureux. D'un garçon un peu plus âgé que lui. Pour la première fois de sa vie, Edwin se sentait heureux. Le jeune homme lui donnait le sourire, illuminant son visage autrefois sombre. Son regard pétillant quand il était vide avant cette rencontre. Son cœur battait quand il était là, quand il posait ses lèvres contre les siennes et qu'il caressait sa peau. Edwin s'était découvert avec lui, apprenant à aimer, découvrant le sentiment amoureux. Ce fut la meilleure partie de sa vie. L'insouciance. Le désir. L'envie. La liberté.

Mais tout s'arrêtait. A peine le bonheur frappait-il à sa porte qu'on le lui arrachait. Edwin songeait qu'il ne méritait pas d'être heureux. Certaines personnes avaient le droit au bonheur. Et d'autres, non. Il faisait partie de cette seconde catégorie. Son petit ami dévoilait ses excès. Un excès de colère alors qu'il s'en prenait verbalement à Edwin. Impuissant. Il se défendait vainement. Il n'aurait jamais fait une chose pareille. Edwin n'était pas avec lui pour son argent. Il ignorait qu'il faisait partie d'une riche famille quand ils ont commencés à sortir ensemble. Des preuves montés de toute pièces qui avaient bien failli causer la mort d'un innocent. Son petit ami lui avait jeter des lettres au visages. Ses 'preuves'. Edwin le suppliait de le croire lui. Mais il préféra le détruire. Il n'y avait nul autre mot. Nulle autre expression. Il l'avait détruit psychologiquement, le rabaissant plus bas que terre, plus bas qu'il ne s'était jamais senti, l'abandonnant après lui avoir annoncé qu'il l'avait même trompé. C'est comme si Edwin avait été brisé en milles morceaux et qu'on avait brûlé ses morceaux pour en écraser les cendres. Son monde s'arrêta. Sa vie n'avait plus aucun sens. Il n'avait plus rien. Plus rien en quoi croire. Edwin tenta de se suicider, songeant qu'il était au pied du mur. Mais il échoua. Comme tout le reste. Comme tout ce qu'il avait entreprit.

Quand il se réveilla dans une chambre d’hôpital, Edwin eu une lueur d'espoir. Son petit ami serait là. Il s'en voudrait. Il s'excuserait. Comme dans les films. Mais il était seul. Et cet instant résumait sa situation. Personne ne s'intéressait à lui. Il n'avait personne. Errant comme une âme damnée. Jusqu'à ce qu'on ne lui tende la main, que quelqu'un semblait s'intéresser un tant soit peu à lui. Alors il accepta cette main tendue, abandonnant tout...